Magazine Humeur

Sniffez ma neige

Publié le 17 novembre 2009 par Csp
"Monsieur Thierry M.,
Je me décide à m'écrire, parce qu'en tant qu'homme gauche et chômiste fumeur autant que chomeur fumiste, il finit par me venir une poignante perplexité me concernant. Je m'explique.
En tant qu'homme et citoyen qui aime les répétitions de style un peu lourdes (comme "en tant que", par exemple), qui expliquent d'ailleurs ma place comme Incontesté Blogueur Le Plus Moqué de la Gauchosphère, je ne me suis jamais privé de bien me foutre de ma propre gueule, il me faut l'avouer. Légère schizophrénie aidant, je n'avance pas masqué et cherche d'abord à mettre les choses au clair d'entrée de jeu. Ca ne m'est pas facile : j'ai depuis longtemps déserté les plaines souriantes de la pensée limpide pour les sables arides des déserts de la pensée CSPienne.
Ma vision du monde m'a toujours permis cette désinvolture avec l'orthographe, la grammaire, le style ou même une relecture la plus basique, qui m'autorise à me poser comme Penseur quasi-bourdieusin, et qui a d'ailleurs la fatuité de croire que ses petits étrons mal branlés seront lu par un type comme Rioufol qui a d'autres chats à fouetter que se pencher sur mon anecdotique cas. D'autant que lui, finalement, il est journaliste reconnu et que moi, petite crotte sèche perdue dans un appart neurasthénisant, je suis chroniqueur alcoophile dans un bar pétassogène de Toulouse.
Sniffez ma neige
Cependant, la lecture assidue - j'ai bien dit lecture, pas relecture : ça, c'est pour les tapettes comme Butch - de ma prose finit par m'auto-étreindre d'une forme entêtante d'angoisse : pour ne rien me cacher, je suis inquiet : je crains de faire un geste aussi fatal qu'irréparable. Me jeter d'une de ces fenêtres un peu sale de cette barre décrépie d'une cité tristounette d'un Toulouse ennuyeux, par exemple.
Eh oui : chacun de mes billet - sans s parce que sans relecture, la fête est plus folle - n'exprime qu'ô rage et désespoir, que vieillesse ennemie, que n'ai-je donc tant vécu que pour cette infâmie et que tout ça :
On est envahis (avec le "s" perdu tout à l'heure, et ainsi, le compte est bon) de libérôs, le totalitarisme de sarkô est à nos portes, c'est foutu, c'est mort, il ne reste qu'une poignée d'esprits lucides cernés par des libérobobos malfaisants.
Et encore, je ne vous parle pas unitééééé, sinon Butch va à nouveau émettre des gaz à effet de serre les narines.
Il est vrai qu'au début, c'était très amusant à lire. Très distrayant, si vous voulez. Ne le prenez pas en mauvaise part, mais ces hululements hallucinés à répétition ayant pour but de dénoncer le fascisme des autres sans voir le nazisme rouge chez moi fut, pour quiconque dispose de trois neurones en état de marche, follement rafraîchissants, à commencer par d'infâmes spoofistes qui ont maintenant la pénible tâche de relever un niveau si bas que c'en est héroïque (ici : applaudissements de Butch - c'est toujours ça de pris, et pendant ce temps, il ne louffe pas).
Mais il me semble donc que ces derniers temps, avec cette farce de la pureté du "N"PA qui ne devrait pas s'acoquiner avec Méluche et le Frondegoche mais qu'on va encore se prendre une bonne fessée, peut-être même par le PS, il me semble disais-je que cette affaire soit la goutte qui fait déborder le fragile vase d'une santé mentale quelque peu surmenée...
Force de la métaphore, puissance de la périphrase, je me laisse ici - ainsi qu'au lecteur - le soin d'imaginer un vase rempli de santé mentale.
Là, maintenant, je voudrais me poser une question un peu indiscrète, monsieur Thierry M. : ai-je une compagne ? Je veux dire, en dehors de ce rebondissant mais creux Butch dont l'appétit sexuel est en berne actuellement et qui ne fait rien qu'à s'épancher les tripes sur mon sofa ? Ai-je réussi, comme tout bon macho qui se la pète, à pécho de la meuf en lisant mécaniquement un texte poussif dans une ambiance molasse d'un bar enfumé des milieux interlopes de Toulouse ? Car pour un être un peu fruste comme moi, la présence d'une être aimant peut être un grands secours, et peut même contribuer à une petite amélioration de mon état. Mais je m'égare. Pour attraper de la gourgandine, il faudrait que je fasse amende honorable, et surtout, que je renouvelle le décor intérieur et extérieur d'une vie passablement pourrie.
Et quand je parle décor, je me comprends. Regardez plutôt :
Sniffez ma neige
Ca déchire, hein ?
N'est-ce pas touchant de m'imaginer, arpentant de mon crâne chauve ces ruelles miteuses pour revenir chez moi, une petite caisse de 8.6 sous le bras, aux côtés d'une radasse moustachue qui aura bien voulu me raccompagner (moyennant finance, hein, faut pas déconner) ? Franchement, quand on voit ces photos, on ne peut que se dire : que ça me colle au paletot, cette médiocrité ! Je vaux pas un rond à l'écrit, pas un rond à l'oral, et pas un rond en vrai.
Vie de merde.
Monsieur Thierry, n'hésite plus ! Le bonheur est dans le pré ! Contacte au plus vite n'importe quel vénézuélien pro-chaviste et allons le retrouver : j'aurai le bonheur, moi et moi (et peut-être Butch, aussi), de prendre des douches minutées dans un paradis communiste, un de plus !
Bien à vous,
l'Autre Thierry M."

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine