Magazine Journal intime

Serenity shopping

Publié le 24 novembre 2009 par Lafeepapillon

Souffrir dans une boutique, ça vous est déjà arrivé ?
Le regard sans indulgence de la vendeuse, le miroir qui ne pardonne ni la fatigue ni les petites imperfections.
Dieu, lui même, qui vous annonce au micro que le magasin ferme ses portes et que vous n’êtes plus la bienvenue.
Dans ces moments, je suis le petit poussin éjecté de son nid, des morceaux de coquille sur la tête.

Depuis quelque temps, je suis passé de l’autre coté du comptoir. Je ne subis plus le jugement de la cabine, je suis celle qui vous invite à essayer une taille au dessus. Je n’implore plus le vigile pour rentrer “juste pour 5 minutes”, je ferme et j’ouvre la boutique.
Je prépare les articles pour vous, habille clientes et portants, plie et replie.

Je fais partie des professionnelles de la vente.

Mais on ne se refait pas : mon cœur se pince quand mes chouchous sont achetés, je regarde toujours les vêtements avec la même tendresse et ce sont les étiquettes qui me rappellent à la réalité.

La réalité, c’est que je vends en un jour quatre fois mon salaire mensuel.
La réalité, c’est continuer à accueillir, conseiller et comprendre malgré la fatigue.

La réalité, c’est de me dire que mes clientes sont traitées comme j’aurais aimé l’être. Etre écoutée totalement, pendant le temps qu’il faut. Etre le centre de toute l’attention. Me re-découvrir au détour d’un essayage. Esquisser un sourire en réalisant que mes hanches ne sont plus si larges dans cette jupe. Et que ce pull me donne maintien et assurance.

La réalité c’est que j’aime être à l’ origine de ces moments de répit pour mes clientes. De confiance aussi.
Même si, une fois l’article trouvé, je redeviendrai simple vendeuse intérimaire. Celle qu’on appelle à peine.

La réalité, en somme.

Mais on ne se refait pas : je regarde toujours les vitrines en évitant les étiquettes et il m’arrive de me demander ce que je me conseillerai.


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