Magazine Journal intime

Cette chambre vide

Publié le 29 octobre 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor, cartons.jpg

Ma chambre est vide. Mes murs sont vides. Mes étagères sont vides. Il n'y a plus rien.
Juste le papier peint, celui que j'avais choisi à quatorze ans, quand nous avions fait refaire ma chambre, et mon bureau, cadeau de Noël de l'année 1996. Quand ma mère est rentrée du travail, hier soir ,  elle a observé les murs : "Alors c'est déjà fini...". A elle aussi, cela lui fait tout drôle...

J'ai fait mes cartons tout l'après-midi. Trié ce qui devait l'être. Me suis séparé de babioles que je conservais religieusement depuis l'âge de sept ou huit ans. Sans regret. Comme si je savais que c'était vraiment le moment. Comme si cela allait de paire avec le vide de ma chambre.  Ce matin, je me suis réveillée dans cette chambre, vide. Et ce matin, j'aurai les clés de mon appartement. Ce matin, ma mère m'a glissé à l'oreille, comme ça : "j'espère que tu viendras nous voir régulièrement...". Ce matin, ma soeur m'a dit : "j'espère que tu m'inviteras à prendre le thé de temps en temps...". 

Ce matin, je me suis dit que le vrai départ, c'était maintenant. Pour moi mais pas seulement. Pour mes parents, qui vont devoir se faire à cette chambre vide. Qui vont devoir se faire à ne plus m'entendre me plaindre, qui vont devoir se faire à ne plus supporter mes chants incessants. M'est avis que ça va leur manquer... Que même mes défauts, mes conneries, mes râleries, mes coups de gueule vont leur manquer. A ma soeur, qui va devoir accepter la solitude, l'absence. Elle est la seule fille de la maison, maintenant. Et moi... Moi, fidèle à mon habitude, je suis un peu nostalgique. Je me revois noircir les pages de mes journaux intimes dans mon adolescence torturée, je me revois pleurer toutes les larmes de mon corps sur mon lit, je me revois installer ma première chaîne hi-fi, rester des heures à admirer les posters de ma chambre, à rêver de Jacques Brel, à danser au son du "Twist and shout" des Beatles. Et oui, ça me fait tout drôle, à moi aussi. Parce que parfois, on a une conscience aigue de la vie qui passe. Des époques qui se terminent. Et de celles qui commencent.

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