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La débâcle liturgique et ses accessoires (7) : Les ornements ou vêtements liturgiques (b)

Publié le 26 novembre 2009 par Hermas
  1. L’aube

L'aube, du latin alba signifiant vêtement blanc, est un vêtement liturgique utilisé par les anglicans et les catholiques

L'aube est une tunique longue allant jusqu'aux pieds et de couleur blanche, à manches étroites, serrée à la taille par un cordon. Elle est portée par tous les clercs, de l'évêque à l'acolyte comme habit liturgique. L'aube est ainsi nommée à cause de sa couleur et trouve son origine dans la tunica talaris des Romains, tunique à longs pans, tombant jusqu'aux chevilles et fixée à la taille par un cordon.

Ceux qui ont reçu «les Ordres Mineurs» - acolytes, lecteurs (et anciennement portiers et exorcistes) – pour le service à l’autel, et s’ils n’ont pas «reçu» la soutane, la portent seule, serrée à la taille par un cordon, ou, s’ils ont reçu « la soutane, ils portent alors au choeur un surplis sur la soutane, ce qui est aussi l’habit requis pour l’assistance des clercs à une cérémonie liturgique.

Les ministres ordonnés - diacre, prêtre, évêque - avec l'étole, sous la dalmatique, la chape ou la chasuble. Le Cérémonial des Évêques (Cæremoniale Episcoporum) de 1984 précise que «le vêtement sacré pour tous les ministres quel que soit leur grade commun est l'aube, serrée autour des reins par le cordon. Si l'on doit revêtir la chasuble ou la dalmatique, l’aube est d’obligation.

L’aube peut être simple, ou ornée de broderies, dans le bas, ou encore aux bras; les broderies peuvent partir de la taille.

On comprend aisément que la présence de broderies ait entraîné immédiatement sa suppression, car, les prêtres, célébrant sans soutane, on voyait leurs pantalons, par transparence. Et même si l’aube ne portait aucune broderie, elle était «gênante», car elle était normalement plissée, et il fallait la remettre dans ses plis. Et puis, s’il n’y a pas de soutane, ni même de clergyman, l’amict lui-même ne servait plus, et le haut de l’aube montrait le polo, le pull-over etc. Ce qui était loin d’être non seulement beau, mais DIGNE, bien sûr!

Enfin, un «prétexte» encore: les aubes à dentelles, que l’on trouvait dans toutes les paroisses, faites par le travail de femmes dévouées au service de l’autel, et qui travaillaient pour la Gloire de Dieu, ces aubes donnaient un sens de richesse qui, pour les prêtres n’allait pas avec l’esprit de pauvreté, de dénuement.

Pour remédier à ces signes de richesse, étant donné que Jésus lui-même avait montré l’exemple en naissant dans la pauvreté d’une étable, on acheta alors des aubes nouvelles, simples, modernes, sans plis (ce qui évitait des travaux de repassage), amples (je les appelle des aubes «Prénatal»), n’ayant plus besoin de cordon, avec un col montant, comme pour un pull-over, et qui se fermaient au cou par une fermeture-éclair. Or, ces aubes simples, «pauvres», coûtent très cher. On en est arrivé à ce paradoxe: se défaire de ce qui existe, parce que cela fait trop riche, pour dépenser des sommes folles «pour faire pauvre». Et cela vaut aussi pour les chasubles, nous le verrons.

Et quoi que l’on en dise, ces aubes ne sont pas du tout la «coule» monastique qui a une autre origine, et est pourvue d’un capuchon (cuccula» en latin, d’où le nom de coule), et qui était d'une part à l'origine de la chasuble liturgique et d'autre part à l'origine du vêtement de chœur des moines, qui n'est autre qu'une ample chasuble dont les pans cousus ont formé les manches, ce qui ne nécessitait pas d’amict, ni de cordon.

Après la disparition de la soutane, c’est la disparition de l’amict, de l’aube habituelle et du cordon… en attendant la suite…

On est loin de ce que rappelait ci-dessus Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI à propos des vêtements liturgiques, qui montrent que, en les revêtant, nous revêtons le Christ. C’est vraiment la «déclergification», la «désacerdotalisation» du prêtre qui devient ce que l’on a voulu qu’il devînt: un homme comme les autres

L’aube, en effet n’est pas un simple vêtement que l’on porte ainsi, pour célébrer la Sainte Messe, mais un vêtement de fête, celui de l’enfant prodigue de retour, la robe nuptiale qui a été lavée dans le Sang de l’Agneau, comme le rappelle la prière suivante que l’on récitait en la revêtant (qui le sait encore, qui la connaît?)

« Deálba me, Dómine, et munda cor meum; ut, in Sánguine Agni dealbátus, gáudiis pérfruar sempitérnis.

«Revêtez-moi, Seigneur d’un blanc éclatant, et guérissez mon cœur, afin que, purifié dans le Sang de l’Agneau, je puisse jouir des joies éternelles»

Et, à propos de l’aube (de l’étole), le Saint-Père reprenait cette prière dans l’Homélie de la Messe Chrismale en expliquant toute sa riche signification spirituelle, au moment où nous apprêtons à célébrer la Messe «Mysterium Fidei, le Mystère de Son Sacrifice:

«Les textes de la prière qui interprètent l'aube et l'étole vont tous deux dans la même direction. Ils évoquent le vêtement de fête que le maître donne au fils prodigue revenu à la maison, sale et en haillons. Lorsque nous nous approchons de la liturgie pour agir en la personne du Christ, nous nous apercevons tous combien nous sommes loin de Lui; combien il existe de saleté dans notre vie. Lui seul peut nous donner le vêtement de fête, nous rendre digne de présider à sa table, d'être à son service. Ainsi, les prières rappellent également les paroles de l'Apocalypse selon lequel les vêtements des 144.000 élus, non par leurs mérites, étaient dignes de Dieu. L'Apocalypse commente qu'ils avaient lavé leurs vêtements dans le sang de l'Agneau et que, de cette façon, ils étaient devenus blancs comme la lumière (cf. Ap 7, 14). Dès l'enfance, je me suis demandé: mais lorsqu'on lave une chose dans le sang, elle ne devient certainement pas blanche! La réponse est: le "sang de l'Agneau" est l'Amour du Christ crucifié. C'est cet amour qui rend propres nos vêtements sales; qui rend vrai notre esprit obscurci et l'illumine; qui, malgré toutes nos ténèbres, nous transforme en "lumière du Seigneur". En revêtant l'aube, nous devrions nous rappeler: Il a souffert pour moi aussi. Ce n'est que parce que son amour est plus grand que tous mes péchés, que je peux le représenter et être témoin de sa lumière.


«Mais avec le vêtement de lumière que le Seigneur nous a donné lors du Baptême et, de manière nouvelle, lors de l'Ordination sacerdotale, nous pouvons aussi penser au vêtement nuptial, dont Il nous parle dans la parabole du banquet de Dieu […]. Chez Matthieu, le roi vient dans la salle remplie de monde pour voir ses hôtes. Et voilà qu'au sein de cette multitude, il trouve aussi un hôte sans habit nuptial, que l'on jette ensuite dehors dans les ténèbres. Alors Grégoire se demande: "Mais quelle espèce d'habit lui manquait-il? Tous ceux qui sont réunis dans l'Eglise ont reçu l'habit nouveau du baptême et de la foi; autrement ils ne seraient pas dans l'Eglise. Que manque-t-il donc encore? Quel habit nuptial doit encore être ajouté?". Le Pape répond: "Le vêtement de l'amour. Et, malheureusement, parmi ses hôtes auxquels il avait donné l'habit nouveau, le vêtement blanc de la renaissance, le roi en trouve certains qui ne portent pas le vêtement de couleur pourpre du double amour envers Dieu et envers le prochain. "Dans quelle condition voulons-nous nous approcher de la fête du ciel, si nous ne portons pas l'habit nuptial - c'est-à-dire l'amour, qui seul peut nous rendre beaux?", demande le Pape. Sans l'amour, une personne est obscure intérieurement. Les ténèbres extérieures, dont parle l'Evangile, ne sont que le reflet de la cécité intérieure du cœur (cf. Saint Grégoire Hom. 38, 8-13).

«A présent, alors que nous nous apprêtons à célébrer la Messe, nous devrions nous demander si nous portons cet habit de l'amour. Demandons au Seigneur d'éloigner toute hostilité en nous, de nous ôter tout sens d'autosuffisance et de nous revêtir véritablement du vêtement de l'amour, afin que nous soyons des personnes lumineuses et qui n'appartiennent pas aux ténèbres».

Combien de prêtres pensent-ils à ce qu’ils font en revêtant l’aube? C’est devenu un geste banal, d’un vêtement que l’on met et que l’on ôte machinalement, un vêtement de travail. Un geste banal. On est en pleine «désacralisation». Quel gâchis![à suivre]

Mgr J. MASSON


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