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Prince charmant

Publié le 17 août 2007 par Frédéric Joli

Fernand, à mon bras, m’entretient de ses dernières conquêtes ; celle de l’espace notamment tant il l’encombre. Nous allons sur le marchoir (nous ne trottons jamais) dans la nonchalance du balancier sommaire de ses glands de mocassins.

- Patron, j’peux vous demander un truc ?

- Vi, mon bon.

- Vous croyez que j’embrasse bien ?

- Diable, Fernand tu t’égares. Comment veux-tu que je le sache ?

- Ben chais pô.

- Embrasse donc la première venue et je te dirai.

- Chouette, patron.

Et nous voilà furetant, rue des Fleurettes, où guillerète la coquette. Fernand se fait la bouche en un exercice d’affermissement de lèvres, disons le tout net, pénible à regarder. Une jeune femme que silhouette le soleil affaissé s’apprête à nous croiser. Fernand s’enfle le plastron, s’ahurit de courage, entreprend.

- Mademoiselle, puis-je vous embrasser ?

- Ho, mais vous êtes monsieur Mondain, celui du blog ?

- Vouich, fuschiasse-t-il tout chose.

- Evidemment, que vous le pouvez, joyeuse-t-elle.

Fernand se lance, l’enlace, l’embrasse, un truc à faire pâlir la pelle du 18 juin. Et là… Chpouf, la belle s’effondre, s’embouse, se ramasse en gluant crapaud. Mon bon panique, court en tout sens, embrasse à qui vieux vieux, encrapote la rue ; toute à l’heure si gaie de gracieuses passantes, de celles qui font rêver l’ami Olivier . Bref, ça coasse et batrace de partout. Mon bon s’en revient me grouiner sur l’épaule.

- Patron, patron, faites quelque chose, vite !

- Mon pauvre Fernand.

Je passe la soirée à embrasser les crapauds, à en faire des filles, toutes pâlottes, toutes emplies d’effrayeur. Nous irons tout à l’heure nous taper des cuisses de grenouilles, j’y tiens, et c’est Fernand qui paiera.


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