Magazine Journal intime

Le mythe de la famille « petite maison dans la prairie »

Publié le 05 janvier 2010 par Anaïs Valente

Quand on est célibataire sans mari sans enfant sans chien sans canari, on a tendance à avoir deux visions de la vie :

- parfois, souvent d'ailleurs, on bénit le ciel de toutes ces grasses matinées, ces soirées DVD, ces après-midi à hurler des comédies musicales, ces soirées entre filles, ces soirées avec un homme de passage (si, ça m'arrive, la dernière fois c'était... oups, y'a si longtemps déjà ?), cette vaisselle qui s'empile sans que personne n'ait à redire et ce silence, rha, ce silence absolu, pas d'enfants qui hurle, bave, vomit, râle, pleure ou fait ses devoirs et demande de l'aide (les tables de multiplication, pas mon fort), pas de mari qui a faim ou soif et attend que service soit fait sur la table basse, tandis que ses pieds sont bien au chaud dans des charentaises,

- mais parfois, lorsque la neige tombe et que le paysage est grandiose, comme c'est arrivé récemment (et encore hier d'ailleurs, cette neige, ces arbres, ce soleil, ce ciel, rhaaaaaaaaa) on se met à sombrer dans le mythe de la famille « petite maison dans la prairie ».

Vous connaissez ?

Moi, ce mythe m'a sauté au visage le dimanche 20 décembre.  La neige envahissait tout, couvrant même mon châssis au-delà du verre, c'est dire.  C'était beau à regarder, chaudement lovée dans mon canapé.  Magnifique.

Soudain, un appel téléphonique.

En provenance d'une famille « petite maison dans la prairie » : Monsieur Mari, Madame Epouse, plein de petits nenfants, un chien, un canari.

Tout en discutant, je me mets à extrapoler.  J'imagine les enfants, emmitouflés dans de jolis anoraks, bonnets colorés ou cache-oreilles sur la tête, écharpes au vent, œil brillant des joies à venir.  Ils courent dans la neige, s'y roulent gaiement.  Ils fabriquent un bonhomme de neige, lui plante une carotte en guise de nez, quelques boutons pour l'habiller, un vieux chapeau pour fignoler.  Ils font la ronde autour en chantant quelques trucs de Noël, c'est de circonstance.  Ils sortent ensuite leur vieille luge en bois, que papa entretient depuis des années, et glissent durant des heures.  Le chien les accompagne en jappant.  Papa et maman les couvent du regard, derrière la vitre, près du feu de bois. 

Vous sentez la glissade lente mais certaine vers le mythe « petite maison dans la prairie » ?  Pour peu, je verrais les enfants courir sur la fameuse musique du générique, le plus petit trébucherait et nous ririons tous.

Bon.

En pensant à tout ça, encore occupée à ma conversation téléphonique, j'ai la larme à l'œil.  Moi aussi je veux une famille « petite maison dans la prairie ».  Là, de suite.  Avec le mari, les enfants, le chien et le canari, et la luge et les bonhommes de neige.  Na.

Alors, pour avoir confirmation de ce moment de grâce familiale, je demande : « et les nenfants, ils sont dehors à faire des bonhommes / luger / tomber dans la neige ? »

Réponse : « Nan, ils aiment pas la neige, ils tremblent illico, râlent, boudent, se mettent dans un coin à greloter et rentrent en pleurant. »

Oh, mon mythe s'effondre comme un château de carte sous une bourrasque de neige (je sais, on fait pas des châteaux de cartes dans la neige, mais si j'ai envie, moi, hein, keski m'en empêche ?).

J'insiste « t'es sûre ?  moi je pense qu'ils rêvent de sortir jouer ».  Elle les interroge, vu que j'insiste lourdement : réponse « nan, on sort pas trop froid ».

Nullement découragée, j'insiste encore « il est où ton tendre époux ? »

Réponse : « il travaille ».

Et moi de l'imaginer coupant du bois pour la soirée qui s'annonce (je le jure, j'ai immédiatement pensé ça, faut que j'arrête le lait de soja chocolaté dès le matin, ça ne me vaut rien).  Et donc je dis « ah, il coupe du bois ».

A la réponse qui a suivi, j'ai compris que tout cela n'était vraiment qu'un mythe : « non, il travaille, il bosse quoi, TRA-VAIL-LER ».  Et j'ajoute, toujours sous l'emprise du lait de soja « ah, il coupe pas du bois alors ? ».  Au moins, ça l'a bien fait rire.  Et de là est née cette idée de mythe.  Un mythe.  Uniquement un mythe (ça vaut toujours mieux qu'une mite, hein, ah ah ah).

Mais un joli mythe, non, que celui de la famille « petite maison dans la prairie » ?


Petite maison dans la prairie US - Generique
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