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Trois cadeaux – Triptyque du désert (troisième partie)

Publié le 05 janvier 2010 par Yelyam

Le dernier ami

Au matin du quatrième jour, nous décidâmes de partir. Un goût amer dans la bouche : après les beautés et l’immensité désertiques, nous nous réveillâmes avec la certitude que certains hommes seraient toujours en quête d’un désir facile.

Nous avions le sentiment d’avoir fait le tour des lieux et des comédies humaines. Il nous semblait regrettable de quitter cet endroit sur une note négative, mais qu’y pouvions-nous ? Rien, absolument rien….

Nous voilà toutes deux à la table du petit déjeuner. Un peu en retrait, un peu distraites, un peu rêveuses.

C’est à ce moment-là de nos pensées, que nos voisins de table et de tente décidèrent, pour la première fois de notre séjour, de nous parler. Un jeune couple enthousiaste dont les enfants nous semblèrent plein de vie et ravis. Nous les regardions avec envie…

Nous échangeâmes quelques mots sur nos expériences, sans trop en dire, par pudeur, peut-être…ou par peur du ridicule. La discussion n’alla pas plus loin : nous leur annonçâmes que nous partions dans l’heure… à quoi bon tenter de garder un contact dont nous savions dès le départ qu’il se perdra dès la grand route atteinte ?

Nous retournâmes à notre tente, afin de rassembler nos effets. Ce faisant, nous entendîmes la petite famille s’agiter et partir pour une nouvelle journée d’aventure dans le désert. Bye bye….

Quand nous sortîmes, nos sacs sur le dos, le bivouac était calme.

A nos pieds … une petite surprise : nos voisins nous avaient laissé un cadeau : un livre.

Le dernier ami de Tahar Ben Jelloun.

Nous leur avions parlé une dizaine de minutes.

La lecture du livre nous aura pris à chacune quelques heures.

Mais le souvenir du cadeau restera impérissable dans nos mémoires….

A ces étrangers qui croisèrent notre route : merci.

Le morceau de musique

Sac sur le dos, papiers en poche, cadeau rangé, nous voilà prêtes à quitter les lieux. Il nous fallait encore saluer cette dame  avec qui nous avions passé quelques moments agréables à bavarder les jours précédents. Nous nous dirigeâmes vers elle, à l’ombre des palmiers, autour d’un thé.

Nous prîmes quelques instants à savourer le moment. Un moment de silence, de fraîcheur et de douceur.

Avant de lui dire au revoir, elle tint à nous faire écouter un morceau de musique.

Aujourd’hui, ma mémoire me fait défaut pour retrouver le nom du chanteur ou de la chanson. Seul le souvenir de ce moment reste vivant et vivifiant. Un petit cadeau de la vie en ce matin de printemps… un morceau enivrant aux vertus apaisantes et purifiantes.

Aux musiciens qui sans se lasser, composent et à la dame du désert qui  prit le temps de partager ce moment : Merci…

Le meilleur ami de l’homme

Plus rien ne nous retient à présent. Nous prenons la route, à pied, sans nous retourner. Nous avons passé trois nuits dans ce désert, trois nuits qui nous marquèrent à jamais. En nous, la certitude d’avoir échappé au pire, mais également la certitude que tel est le destin de la femme : se battre jour après jour afin de ne pas être une victime et nous avons le sentiment d’en sortir grandies.

En nous, également, cette contradiction et cette connaissance que les plus beaux endroits peuvent être le théâtre des plus bas instincts. Mais nous voilà la tête haute, fières et heureuses, et riches de cadeaux offerts par ceux que nous croisâmes au matin.

Et voilà que déjà nous suit notre troisième cadeau… le dernier cadeau de cette journée qui fut la dernière au désert avant de rejoindre d’autres lieux, d’autres villes, d’autres cieux, d’autres mers.

Ce cadeau se présenta à nous sous la forme du meilleur ami de l’homme : un chien. Un chien du désert, libre de circuler comme il l’entend, où il le veut, avant de rentrer chez son maître. Il nous suivit tout au long de notre trajet, jusqu’à la grand route. Arrivés là, le voilà qui s’installe près de nous. Il l’a décidé : il ne nous lâchera pas avant que nous soyons en sûreté dans un véhicule qui nous amènera loin d’ici.

Un peu plus d’une heure plus tard… nous voilà prêtes à être embarquées… ce n’est pas sans un pincement au coeur que nous firent nos au revoir à ce nouvel ami.

Au chien errent du désert, qui choisit son compagnon en fonction de ses envies : Merci…

Et à la vie qui donne, qui prend, mais qui fait des cadeaux à ceux prêts à les recevoir : Merci …..

Trois cadeaux – Triptyque du désert (troisième partie)


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