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Aidant naturel ou plutôt obligé...

Publié le 13 janvier 2010 par Suzywong
Aidant naturel ou plutôt obligé...
Déshabiller son parent, le laver, le nourrir à la cuillère, le coucher et le rhabiller, est-ce normal ? Non. Cependant, peut-être est-ce quand même plus naturel que de devenir l’aidant naturel de son conjoint. Après tout, combien de fois notre père ou notre mère nous a dévêtus, savonnés, alimentés et alités quand nous étions des marmots ? Le hic, c’est que les enfants des parents indisposés sont pris par mil engagements que la vie trentenaire et quarantenaire exige. Moi, tant que je n’étais pas déménagée pour la métropole, soit les premiers six mois de papa tout perdu et très incapable de vivre seul, je participais aux soins. En fait, je m’occupais des repas, du ménage, de la planification financière, de l’aide qu’on pouvait obtenir et de l’ambiance dans la chaumière. Ainsi, quand j’étais encore à Québec, ma mère avait du soutien quatre jours et deux nuits par semaine, ce qui lui permettait de sortir de la maison et de se reposer un brin. Depuis que je suis partie, il n’y a que le CLSC pour lui accorder trois heures de répit par semaine. Évidemment, j’y retourne régulièrement et j’essaie de compenser mon absence par des petites épiceries et un peu de gardiennage.
On a beau le faire par amour, c’est tout un don de soi que de devenir aidant naturel. C’est même une vocation. Ma mère, depuis maintenant plus de deux ans, est la nurse, la préposée, la maman de mon papa. Toutefois, depuis la fin de l’été dernier, il y a enfin des préposés qui viennent le toiletter chaque jour. Selon moi, ce n’est pas grand-chose. Pour ma mère, ça semble être autant qu’un gros lot de la 6/49. D’ailleurs, un peu avant Noël, elle a su par le travailleur social joint au dossier du pater qu’elle allait avoir droit à une semaine complète de repos d’ici peu. Je sais ce qu’elle fera. Tout d’abord, elle dormira. Ensuite, je lui ferai parvenir des billets d’autocar pour qu’elle vienne me voir et je pourrai enfin la gâter comme elle le mérite. Depuis deux ans, depuis qu’elle a dû quitter son emploi pour devenir aidante naturelle voire obligée, la seule entrée d’argent est celle de la maigre pension de retraite de mon père. Ainsi, en plus d’être enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la maison à s’occuper de son homme qui n’en est plus un, elle est devenue pauvre. Par chance, un de mes frères, nouvellement, a racheté la maison familiale et garde maman et papa avec lui…
Qui aide les aidants naturels ? Les personnes malades qui vivent encore à la maison reçoivent des soins des CLSC, mais les experts estiment que les aidants naturels effectuent 80 % des soins. Qui leur offre du soutien émotif ? La famille, les amis, mais je doute que cela soit suffisant. NE PAS OUBLIER : L’alité est une victime. L’aidant naturel est la deuxième victime.
Crédit d’impôt, une vraie farce...

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