Magazine Journal intime

Faire naître l'émotion

Publié le 16 janvier 2010 par Claudel
Je sais, je suis supposée de pas avoir le temps, mais tant pis, c’est samedi, et dans ma tête, le samedi, on peut faire ce qu’on aime et pas nécessairement ce qu’on doit. Isabelle de La plume volage a éveillé le problème de l’émotion dans son blogue. (On est rendu comme dans certains téléromans : on s’autosuffit entre nous pour alimenter nos blogues!)
Pour tout auteur qui se respecte, l’émotion est un des points cruciaux de son écriture. En tout cas, après l’histoire à trouver, pour moi, c’est essentiel. Je me fis toujours sur le fait que si moi, je suis émue en écrivant, le lecteur le sera en lisant. De moins en moins certaine de cette assertion. Alors, quoique persuadée que je ne trouverai pas de réponses en une heure et surtout pas en furetant dans quelques sites Internet, j’ai quand même fouillé un peu la question. Il me faudrait probablement un petit cours 101, de niveau universitaire.
J’ai trouvé que « personnage ému = lecteur ému ». Oui, ça se tient, mais encore?
J’ai bien aimé « la mécanique de l’émotion » où il est question surtout de l’image et de la musique qui l'accompagne, la soutient pour créer, ensemble, l’émotion. J’y ai lu :
Les Grands Sentiments ne supportent pas les grands mots et ils surviennent plus sûrement par le biais d'un détail plein de signification plutôt que par la description de l'émotion. "Il ne faut pas décrire la bien-aimée perdue", dit De Coninck, "il faut décrire cette cigarette qu'elle a laissée dans le cendrier, avec la marque de son rouge à lèvres." Une trace de chagrin suscite plus d'émotion que la description du chagrin.
J’aurais voulu un exemple parce qu’une cigarette et du rouge à lèvres, ça ne m’émeut pas beaucoup! Je voyais Gabin dans un Maigret. Par contre, j’ai trouvé dans ce texte matière à réflexion, à discussion : écrire à chaud ou attendre d’avoir un certain recul?
Il y a bien ce livre : Rédiger pour être lu, mais il s’adresse surtout aux rédacteurs « commerciaux ». Quand même, quelques trucs valables : des mots simples, des phrases courtes. Il est vrai que le texte de Philippe Claudel, la petite fille de M. Linh touche beaucoup plus que les longues phrases de Marcel Proust, mais peut-être n’est-ce qu’une question d’époque.
Une autre blogueuse en parle également. Attribuant aux émotions la notion d’énergie ce qui les rend un peu froides et abstraites. Et qui me fait conclure, pour aujourd’hui en tout cas, que l’émotion, sans personnages et sans histoire ne serait qu’un journal intime. Et comme j’ai plus de difficulté à inventer une histoire qu’à faire naître de l’émotion — enfin, j’espère —, je vous laisse alimenter la discussion.

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