Magazine Journal intime

Remise en question

Publié le 19 janvier 2010 par Cameron

Je n’écris plus. Ecrire ne me rend pas heureuse, c’est un fait, et pourtant, ne pas écrire est une frustration étouffante, paralysante. Je sais ce que tu dirais : je ne crois pas au bonheur. Je crois aux joies, profondes, de l’existence, mais pas au bonheur. Pourquoi suis-je surprise alors de l’insatisfaction que génèrent mes propres choix ? Et d’ailleurs, pourquoi dois-je m’obstiner à faire comme si ces choix n’étaient pas imposés par les circonstances ?

J’ai comme perdu le sens des mots, ou plutôt le désir, le courage de mettre des mots sur l’instant. Je n’affronte pas l’événement, mon énergie reste tout entière canalisée sur la réaction à fournir, et je ne m’arrête plus, je ne pense plus, je n’écris plus. Je ne veux pas donner de la réalité à ce qui se passe. J’essaye d’être inatteignable, fermée à tout, mais c’est aussi verrouiller en moi l’impulsion première qui me fait d’ordinaire rechercher le vrai à la surface des choses. Et le vrai ne peut venir que de la lente élaboration du langage appliqué aux choses. En réalité, je me perds moi-même.

C’est une fuite périodique, oui, c’est toujours une retraite qui ne veut pas dire son nom. La peur. L’angoisse d’être happée par les mots. Mais alors, ce sont les événements qui se rendent maîtres de ma vie, et je n’y trouve qu’insatisfaction et déception. Je manque de prise sur le réel. De quelque côté que je me tourne, il s’agit toujours d’un envahissement, par le poids des choses ou la totalité du langage, l’un excluant inexorablement l’autre. J’aimerai traverser une frontière, comme s’il s’agissait de se trouver la patrie idéale, l’endroit où vivre n’est pas un constant déchirement. Mais je sais déjà ce qui y résidera : moi-même, toujours écartelée. Je n’écris plus, et j’ai l’impression que j’étouffe mon propre enfant. Alors je sabre, à vif, dans tout ce qui envahit ma vie, sans souci des dégâts causés, sans souci aucun des sentiments. Que tout pourrisse autour de moi, finalement, peu m’importe. Rien n’a de sens, rien n’est réel, si je ne parviens pas à le dire. Rien.


Retour à La Une de Logo Paperblog