Magazine Humeur

"Au Déliant" de Henry Bauchau

Publié le 23 janvier 2010 par Perceval

Seigneur, Seigneur Dieu,
au-delà de tous les noms

Délivre-nous
ainsi que l’a souhaité Maître Eckhart

Délivre-nous
non de l’amour
mais de l’image de Toi

Comme tu as délivré mes oreilles
du bruit du monde   En me rendant presque sourd

Comme tu m’as libéré du délire
de puissance et de possession    En me rendant presque aveugle

Séparé, enfermé en moi-même,
ne m’emprisonne pas avec Toi


Accorde-moi la liberté
Où parfois, en m’éveillant, je te sens si proche

Il y a la tempête solaire de l’illumination,
il y a la prière, la pauvreté des cœurs
et la miséricorde

Quand le Seigneur passe devant
Élie dans les livres des Rois

Il y a le bruissement d’un silence ténu

Je n’ai pas été, je ne suis pas prêt pour ces grands accomplissements

Je suis devant Toi avec mon fagot d’écriture
et je n’ai manqué ni d’effort ni de joie

Accorde-moi, comme aux Rois mages,
de suivre l’étoile du brûlant, brûlant amour

Que je connaisse enfin la libre efflorescence qui est, qui est là, qui est Toi,

Ô silencieux, souterrain, souverain Seigneur des eaux, des plantes, des vivants

Et de la nourriture de tous.


 

- publié le 17/12/2009

Poème inédit d’Henry Bauchau, offert pour publication dans ' La Vie. '
 '(La mise ne page, les sauts de ligne, les caractères gras ... sont de moi ...)


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