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saints Pères du Sinaï et de Raïthou

Publié le 27 janvier 2010 par Moinillon

Un beau cadeau du Père Nicolas à l'occasion de la fête, aujourd'hui, des saints moines martyrs du Sinaï et de Raïthou.
Les deux récits sont extraits de la première traduction française faite et préfacée par le Hiéromoine Nicolas de l'Evergetinos, une anthologie de textes spirituels destinés à la formation de moines et de laïcs pieux composée par le moine Paul, higoumène et fondateur (1050) du monastère de la Mère de Dieu Bienfaitrice (Evergetis), près de Constantinople. Cette traduction est parue récemment en quatre volumes reliés sous le titre de Paroles et exemples des Pères. Les exemplaires sont disponibles. Les personnes désireuses d'approfondir leur vie spirituelle et d'aider ce monastère de tradition athonite (c'est un métochion de Simonos Petra) peuvent les commander (28 € le volume) à l'adresse suivante : Monastère Saint-Antoine-le-Grand, Editions du Monastère, Font de Laval, 26190 Saint-Laurent-en-Royans. France.

Everg. Tome 1, 12, [1]
Dans le récit de la mort des saints pères du Sinaï et de Raïthou.

saints Pères du Sinaï et de RaïthouLa mère d’un jeune moine (que la rumeur disait célèbre en tous lieux pour la noblesse de son caractère) apprit que celui-ci avait courageusement résisté aux barbares et, après avoir subi d’innombrables blessures, avait été égorgé à l’intérieur même de la cellule où il avait vécu en ascète. Il ne s’en était pas enfui quand il l’aurait pu et il avait refusé de déposer l’habit monastique lorsque les barbares le lui enjoignirent avec la promesse de ne pas le tuer s’il se soumettait. Leur ayant ainsi résisté de façon virile, il avait subi courageusement la mort.
A cette nouvelle, cette mère montra par sa conduite qu’elle était de la même race que lui, une mère véritablement digne de son fils : elle revêtit aussitôt des vêtements resplendissants et changea tout son aspect extérieur en plus radieux puis, élevant les mains vers le ciel, elle s’adressa à voix haute au Christ-Sauveur : “Je t’avais remis, Maître, mon enfant et il m’est conservé maintenant et pour les siècles. Je t’ai confié cet adolescent et j’ai pu constater le soin que tu as pris de lui, et il m’est conservé, en vérité, sain, sauf et invulnérable. Ce n’est pas le fait qu’il soit mort ni la manière dont il a perdu la vie qui comptent pour moi. Ce que je considère, c’est qu’il a échappé à l’expérience du péché. S’il a pu remettre son esprit immaculé entre Tes mains, ce n’est pas parce que son corps fut meurtri de toutes parts ni parce qu’il a supporté une fin amère, mais parce que son âme était alors pure et sans tâche.
Pour moi, je compte ses blessures comme des récompenses, et j’estime que ses plaies sont des couronnes. Je voudrais, mon enfant, que ton corps ait davantage pâti pour que tes récompenses soient plus nombreuses. En cela tu m’as rétribuée de t’avoir porté en mon sein. En cela tu as satisfait aux douleurs de l’enfantement, en cela tu m’as offert la compensation de t’avoir allaité. Quoi donc ? Ne me prendras-tu pas comme partenaire dans tes combats ? Quant à moi je m’établis comme celle qui partage ta lutte.
Tu as lutté ? Et moi je me réjouis de la lutte. Tu t’es tenu face à la barbarie avec un ferme courage ? Moi, je résiste aux lois impérieuses de la nature. Tu as, aux yeux de tous, méprisé la mort ? Moi, je dépasse mon instinct maternel. Tu as supporté sans plainte la douleur de l’immolation ? Moi, je supporte la torture de mes entrailles déchirées. Nos tourments sont égaux, et les miens ne sont pas moindres. Tu as vaincu, toi, par l’amertume de la douleur ? Moi, j’ai l’avantage à cause de la longueur du temps. En effet, bien que tu aies souffert grandement, la mort n’en est pas moins venue rapidement et une fois pour toutes. Mais moi, je traîne ma souffrance à longueur de temps et je la supporte en la modérant, considérant avec sagesse que tu jouis assurément auprès de Dieu de la vie parfaite et que, dans peu de temps, j’en suis persuadée, je bénéficierai là-haut du soin qu’on prend des Anciens lorsqu’en moi sera brisé ce vase d’argile, quelle qu’en soit la manière, et que je m’en irai vers le Siècle à venir.
Bienheureuse suis-je, entre toutes les mères pour avoir présenté à Dieu un tel combattant : bienheureuse, encore une fois, car j’ai l’assurance en vérité de pouvoir me glorifier à l’avenir, car c’est à cause du Christ que tu as été délié et tu demeureras avec lui éternellement, jouissant de délices qui n’ont pas de fin.”

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