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Un bout de chemin… avec les gens du voyage

Publié le 30 janvier 2010 par Fbaillot

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Je me rends compte, avec un peu de honte, que je ne vous ai pas beaucoup parlé depuis bientôt deux ans des “gens du voyage”.

On estime que cette communauté disparate représente 5000 personnes (800 caravanes) qui circulent autour de la métropole lilloise, avec toutes sortes d’a priori contre eux. C’est une communauté très contrastée, dont les besoins et les aspirations sont très variés. Certains sont riches, d’autres pas du tout. Certains d’entre eux sont en voie de sédentarisation, d’autres sont attachés à poursuivre leur vie nomade, d’autres sont … entre les deux ! A Templemars, je m’efforce d’entretenir des relations amicales avec plusieurs familles qui sont attachées à préserver ce mode de vie tellement loin des habitudes des “gadjés”.

Je suis membre au titre de la communauté urbaine du Syndicat mixte des gens du voyage, qui gère les aires d’accueil dont s’équipe progressivement notre métropole. Je suis très admiratif du travail effectué par cette structure qui doit souvent marcher à contre-courant des idées reçues pour persuader les élus et les populations de la nécessité d’accepter ces aires d’accueil, qui permettent de scolariser les enfants, de garantir les minimums sanitaires d’une société civilisée, et aussi de mieux comprendre les motivations de cette population majoritairement pacifique et travailleuse.

Lors de la dernière réunion de ce syndicat, nous avons pu écouter avec intérêt et attention le témoignage d’un responsable d’une entreprise d’insertion à qui on a demandé de monter une équipe avec des jeunes issus de ces aires d’accueil, chargée de l’entretien de ces mêmes aires. Ce vétéran de l’insertion et des “galères” de la mise au travail de populations qui en sont particulièrement éloignées n’a pas caché que son  premier sentiment en découvrant la tâche à laquelle il s’attelait n’était pas franchement l’enthousiasme…

Pourtant, avec le recul, il juge aujourd’hui cette expérience avec beaucoup de passion. C’est même de son point de vue, l’un des chantiers d’insertion les plus réussis qu’il ait eu à connaître !

Il raconte par exemple qu’au départ on lui avait fait de nombreuses recommandations sur les risques de vols dans ce type de chantier. Il ne déplore à ce jour aucun vol, ce qui n’est jamais le cas des nombreux chantiers qu’il ait eu à suivre, et la motivation et le désir de bien faire des personnes qu’il a employées sont largement au-dessus de la moyenne.

Au fil des réunions, des visites d’installations que j’ai pu faire depuis quelques mois, j’ai moi-même revu quelques idées reçues dont j’étais imprégné. Je ne suis pas devenu angéliste pour autant. J’ai découvert qu’en ce domaine comme dans d’autres la réalité est pleine de nuances, de contradictions qui ne permettent pas les jugements à l’emporte-pièces. Et j’ai surtout compris qu’en y prenant le temps, on pouvait engager le dialogue avec ces proscrits de notre société fière de ses certitudes, et qu’on pouvait ensemble progresser, se connaître, se découvrir, faire un bout de chemin ensemble.


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