Magazine Journal intime

tentative d'alcoolisme - épisode 4

Publié le 04 février 2010 par Didier T.
J’avais tellement mal que le mal lui-même m’empêchait d’avoir mal. Autrement dit, seul ce qui peut tuer pouvait me soulager. Mais plus je me soulageais, plus je me tuais. A full circle, en anglais dans le texte. Un cercle vicieux, pernicieux, dont personne ne peut sortir quand le piège se referme. La douleur est un enfant. Elle se conçoit sans rien dire, elle naît, elle est infime, petite et puis grandit. Et une fois adulte, une seule réflexion : je ne l’ai pas vue grandir.
J’avais mal au bras, mais surtout dans le dos, de ces endroits mous qui ne correspondent pas à une douleur musculaire ou articulaire, de ces endroits mous, disais-je, que l’on ne commande pas, qui doivent ressembler peu ou prou à cette langue de porc ou ce cœur de bœuf, cette cervelle d’agneau sous cellophane, regardés béatement l’autre jour au supermarché, incapable d’imaginer ces organes morts, même passés à la poêle, entrer dans ma bouche. Des nerfs, de la chair et du sang. Beurk !
J’avais mal au point d’attendre de rentrer chez moi pour prendre ma dose d’alcool, de shit, de n’importe quoi pour que mon cerveau s’annihile, me transmette un plaisir suffisant pour ne plus subir la douleur. C’est cela avoir mal, c’est penser soi-même à des réponses malsaines qui empêchent de penser au scanner, à la chimio, aux rayons, à toutes ces choses brûlantes qui vous accompagnent benoîtement vers la boite, croyant être sauvé.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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