Magazine Journal intime

Je ne suis pas une femme comme les autres

Publié le 17 février 2010 par Anaïs Valente

Après un week-end, les conversations de bureau sont toujours passionnantes :

- comment ça va ?

- comme un lundi

- vivement vendredi

- oh bé oui

- passé un bon week-end

- oui et toi ?

- oui

Je résiste chaque fois à la tentation de dire « ça va pas du tout, passé un horrible week-end » pour tester les réactions.  Je parie que dans 99 % des cas, l'interlocuteur n'écoute pas la réponse, et ne réalise donc pas que, exceptionnellement, je ne réponds pas ce qu'il attend comme réponse.

Mais là n'est pas le sujet du billet, contrairement à ce que vous pourriez imaginer.

Le sujet, c'est que je ne suis pas une femme comme les autres, comme le dit si bien mon titre.

Ainsi, lundi, j'arrive au boulot.

Dialogue habituel.

- comment ça va ?

- comme un lundi

- vivement vendredi

- oh bé oui

- passé un bon week-end

Et là, je change un peu le dialogue, pour lancer une réplique d'une originalité folle (asseyez-vous, le choc peut être violent) :

- rho oui, trop court

Et la réponse surgit immédiatement :

- rho oui, à peine commencé qu'il est terminé, et on réalise qu'on a passé tout le week-end à frotter et nettoyer

Et là, mon cerveau est d'un coup tout tourneboulé, car il m'est impossible de répondre un truc classique comme « oh bé oui, à qui le dis-tu ».

Passque moi, j'ai pas passé mon week-end à nettoyer.  Ni frotter. Ni aspirer.  Ni rien de ce que font les femmes comme les autres.

Moi j'ai passé mon week-end :

A aller manger un bout dans un super petit resto namurois, Hémisphère Sud que ça s'appelle, un endroit que j'ai fréquenté durant toute mon adolescence, quand ça s'appelait encore Le Beffroi.  La déco a changé, grise et rose (quoique rose, c'était les cœurs, donc ça ne durera pas).  Les plats ont changé, maintenant ce sont des tapas (de mon jeune temps, je mangeais soit des fondus au parmesan, soit des cuisses de grenouille à l'ail).  Je vous conseille les tapas de pâtes, super jolis et bons.  Et puis la tortilla est géniale, de même que les ravioles au chèvre.  Un peu moins aimé la paëlla, trop sèche à mon goût, mais c'était peut-être un jour comme ça...  Vraiment, à tester, chouette endroit à Namur.

A aller dépenser mon argent en bijoux (parfois ce sont les fringues, parfois les chaussures, parfois ceci, parfois cela... c'est variable, of course, mais cette fois c'était les bijoux).

A aller prendre un verre sur une terrasse (chauffée) namuroise, avec les tas de degrés dont le Dieu Climat nous a gratifiés.  Morceau de bonheur, malgré la fumée de cigarette.

A bloguer.

A visiter le Bois du Cazier et à réaliser combien les conditions de travail était abominables, combien il faut toujours des drames dramatiquement dramatiques pour que les choses changent, et encore.

A écrire une nouvelle pleine de sang, de boyaux, de rate et de cerveau.

A manger du boudin (rien à voir avec l'activité qui précède).

A squatter mes toilettes (peut-être à voir avec l'activité qui précède).

A me la péter dans un endroit d'un snobisme fou (détails suivront).

A regarder la TV.

A prendre le train.

A manger des tapas (purée, je l'ai déjà dit, atteinte cérébrale indubitable).

A regarder des séries télé sur le PC.

A visiter le musée de la photographie de Charleroi et à m'extasier devant une photo de cochon et une de vache.  Rien à faire, les zanimos sont mes zamis.

A répéter un nouveau morceau au piano.  Mieux : à trouver les accords qui siéent à la musique.  Et j'ai réussi.  Bon, y'avait que deux accords, mais quand même, chuis fière comme un truand.

A bouquiner un thriller avec un tueur en série vilain pas beau qui fait super peur.

A faire du choco et du cake, ces trucs dont je vous ai donné la recette.

A lire mes mots clés.  A y réagir.

A faire la grasse matinée.

A ne rien faire.

A faire ce que j'aime.

Donc pas nettoyer, pas frotter, pas balayer, pas aspirer.

Rien de tout cela.

Non, vraiment, je ne suis pas une femme comme les autres.

Illu de Domie, qui révèle bien mon ressenti...

libre



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