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tentative d'alcolisme, épisode 7 (plagiat)

Publié le 21 février 2010 par Didier T.
tentative d'alcolisme, épisode 7 (plagiat)
"Mon père était heureux.
Je ne l'en croyais pas capable.
(..) Je ne lui connaissais pas d'amis.
Nous vivions reclus sur notre lopin de terre, pareils à des spectres livrés à eux mêmes, dans le silence sidéral de ceux qui n'ont pas grand chose à se dire; ma mère à l'ombre de son taudis, ployée sur son chaudron, remuant machinalement un bouillon à base de tubercules aux saveurs discutables; Zahra, ma cadette de trois ans, oubliée au fond d'une encoignure, si discrète que souvent on ne s'apercevait pas de sa présence; et moi, garçonnet malingre et solitaire, à peine éclos que déjà fané, portant mes dix ans comme autant de fardeaux.
Ce n'était pas une vie, on existait, c'est tout.
Le fait de se réveiller le matin relevait du miracle, et la nuit, lorsqu'on s'apprêtait à dormir, on se demandait s'il n'était pas plus raisonnable de fermer les yeux pour de bon, convaincus d'avoir fait le tour des choses et qu'elles ne valaient pas la peine que l'on s'attardât dessus."

Il s'agit là des premières pages de "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina Khadra, dont le fatalisme oriental malgré sa puissante empathie pour ses personnages, relègue nos tentatives épistolaires à décrire l'indiscible fin dans l'alcool à un exercice de style très bourgeois et peu crédible, surtout quand il est à répétition et quasiment sur commande .(salut Zal et Uusulu..)
Dans ce genre de description, on oublie toujours les effets dévastateurs pour ceux qui portent, malgré eux, leur regard sur nos déchéances.
Je relaisserai donc la plume à Yasmina Khadra, enfant de dix ans vivant chez son oncle et séparé du père qu'il vénérait :
"Sur le boulevard où Lucette et moi aimions lècher les vitrines, il y avait un bar. Je ne me souviens plus de l'enseigne accrochée à son fronton, mais je me souviens des ivrognes qui le fréquentaient; des gens bruyants et irascibles que souvent la police assagissait à coups de matraque. A l'instant où j'arrivais à sa hauteur, une violente dispute éclata. Aux jurons succéda un fracas de tables et de chaises et je vis un gros bonhomme en rogne saisir un mendiant par le cou et le fond de la culotte et le catapulter par-dessus le perron. Le pauvre bougre atterrit à mes pieds dans le bruit d'une botte de foin. Il était ivre mort.
- Ne t'avise pas de traîner dans les parages, le pouilleux ! lui intima le barman debout sur les marches. C'est pas un endroit pour toi.
Le baran retourna dans l'établisement et revint avec une savate.
- Et rerends ta babouche, Joha de mes deux, tu courras beaucoup mieux et plus vite à ta perte.
Le mendiant rentra le cou quand la savate lui talocha la tête. Comme il me barait le cemin, étendu de tout son long sur le trottoir, et ne sachant pas s'il fallait le contourner ou traverser la chaussée, je restai cloué sur place.
Le mendiant renifla le parterre, la joue écrasée au sol, le turban sr la nuque. Il me tournait le dos. Ses mains fiévreuses tentaient de s'arc-bouter contre quelque chose, mais il était trop bourré pour se trouvre des marques. Après plusieurs trébuchements, il parvint à se mettre sur son séant, chercha à tatons sa savate, l'enfila, puis il ramassa son turban et l'enroula grossièrement autour de son crâne.
Il ne sentait pas bon; je crois qu'il avait uriné sur lui.
Vacillant sur son postérieur, une main contre le sol pour éviter de s'affaisser, il chercha de l'autre sa canne, l'aperçut à proximité d'un caniveau et se traîna à plat ventre pour l'atteindre. Soudain, il se rendit compte de ma présence et se figea. En relevant la tête sur moi son visage se désintégra.
C'était mon père !
Mon père.... qui était capable de soulever des montagnes, de mettre à genoux les incertitudes, de tordre le cou au destin !... Il était là, à mes pieds, sur le trottoir, empêtré dans ses guêtres malodorantes, le visage tuméfié, les commisures des lèvres dégoulinantes de bave, le bleu des yeux aussi tragique que les bleus sur sa figure !...Une épave...une loque....une tragédie !
Inutile d'insister sur l'absolue nécessité d'avoir cet auteur dans votre bibliothèque.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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