Magazine Humeur

Le problème mondial de l'avortement : un complot contre la vie (5)

Publié le 25 février 2010 par Hermas

"Nous sommes en réalité face à ce qui est objectivement un 'complot contre la vie',

dans lequel on voit aussi impliquées des Institutions internationales".

Jean-Paul II

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Le démographe Karl Zinsmeister a prouvé en 1994, dans deux articles publiés par le magazine américain The National Interest et la Population Research Institute Review, que le problème de la population n'existait pas en tant que tel, mais comme une conséquence d'une distribution injuste des richesses. La Division de la Population des Nations-Unies, organisme statistique sans rôle décisionnel et de ce chef, jusqu’à ce jour, soustrait à l’infiltration stratégique des pays riches, affirmait lui-même en 1994, dans son rapport intitulé “World Population Prospects”, que le fameux “danger démographique” diminuait de plus en plus et que malgré les affirmations pessimistes plus ou moins intéressées, la croissance démographique de la planète se stabilisait. En 1960, l'estimation de la population mondiale pour l’année 2000 était de près de 10.000 millions. A quelques mois du nouveau millénaire, ce chiffre doit être sensiblement revu à la baisse. La cause, bien sûr, ne doit pas en être attribuée à l’activité antinataliste de la FPNU, mais à la logique démographique elle-même, selon laquelle le nombre d’enfants par couple diminue à mesure que le niveau de vie augmente.

D'autre part, il ne faut pas exagérer la triste situation économique du monde. Il y a seulement trente ans, 80 % de la population des pays en voie de développement vivaient sous le seuil de 2.000 calories par habitant et, dans ces pays, 2 % seulement dépassaient les 2.700 calories. Aujourd’hui, la population en voie de développement qui n’atteint pas le seuil minimum est inférieure à 8,5 %, et celle qui dépasse les 2.700 calories est supérieure à 15 %. Alors que la population mondiale a doublé, l'apport calorique moyen par habitant dans le monde est passé  de 1 .950 à 2.475. Actuellement, par exemple, il y a 60 % de céréales disponibles de plus, par personne, qu’en 1960. La FAO, en 1994, a établi que depuis 1950 à cette date, la production mondiale de céréales avait été multipliée par trois, tandis que la population avait seulement doublé. En 1996, au Sommet Mondial sur l’Alimentation, cet organisme international a révélé que depuis 1970, dans les 55 pays les plus pauvres de la terre, l’espérance de vie avait sensiblement augmenté. En Tanzanie, par exemple, elle est passée de 41 à 52 ans ; en Ethiopie, de 37 à 47 ans ; au Soudan, de 40 à 53 ans.

Le catastrophisme, en toute hypothèse, n’est pas d’aujourd’hui. Déjà au 2ème siècle après Jésus-Christ, Tertullien se plaignait de ce que le monde ne pourrait pas supporter une charge démographique supplémentaire. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. La réalité historique a démontré que la capacité de la technique permet de développer la communauté humaine jusqu’à des limites insoupçonnées. Roger Revelle, qui fut directeur du Harvard Center for Population Studies, est allé jusqu’à affirmer que les capacités technologiques actuelles, bien appliquées, permettraient d’alimenter 40.000 millions de personnes dans le monde. On peut en donner un bon exemple avec ce que l’on a appelé la “révolution verte”, menée par le docteur M.S. Swaminathan, en Inde, à partir d’un riz de laboratoire, l’IR 36, capable d’un accroissement rapide et d’une forte résistance aux maladies, ce qui a permis à ce pays, entre 1967 et 1987, de multiplier sa production céréalière par habitant alors que sa population avait augmenté de 100 millions, et même d’accumuler un stock de 50 millions de tonnes jusqu’à devenir, depuis 1980, un  pays exportateur. Par ailleurs, la superficie cultivée est susceptible d’augmenter. En Chine, par exemple, où la politique antinataliste a été pratiquée sous la forme la plus brutale, pour conduire néanmoins à un échec évident, la superficie appropriée pour les cultures sèches et non utilisée est de 2.500 millions d'hectares, c'est-à-dire trois fois plus importante que celle qui est exploitée. Il en est de même du problème de la désertification. La FAO a fréquemment mis en garde contre le peu de fiabilité des mécanismes utilisés pour évaluer l’irrécupérabilité des terres. Bien des exemples démentent ces classifications. Il en est ainsi du programme agricole qui a fait recouvrer sa fertilité à certaines zones du Kenya et qui a démontré qu’une terre classée comme non récupérable peut cesser d’être telle si l’on y applique une politique incitative et des techniques adéquates. On pourrait citer aussi l’exemple israëlien.

Quoi qu’il en soit, le problème n’est pas démographique. C’est un problème de partage. Alors que les pays pauvres deviennent moins pauvres, les pays riches deviennent plus riches, les différences entre les deux étant renforcées. En 1800, le PNB par habitant était de 200 dollars parmi les pays du Nord, et de 206 dans le Sud. En 1900, il est passé à 528 dans le Nord, et à 179 dans le Sud. En 1987, l’écart est scandaleux : le Nord jouit d’un PNB moyen par habitant de 14.430 dollars par habitant, le Sud de 700 dollars. Il n’est pas douteux qu’entretemps le Sud se soit objectivement amélioré. Mais la pauvreté est devenue d’autant plus évidente et d’autant plus injuste qu’elle s’oppose au luxe. Il suffit de souligner que les Etats-Unis, à eux seuls, pourraient nourrir totalement les 6.000 millions de personnes qui vivent aujourd’hui sur la terre [un enfant américain consomme annuellement ce que consomment 422 éthiopiens]. 10 % seulement des stocks du monde développé suffiraient à mettre fin aux problèmes de malnutrition dans le Tiers-Monde. Chaque occidental consomme, et en conséquence pollue, quatre fois plus qu’un habitant de ces régions. De manière significative, la richesse de 225 personnes dans le monde équivaut à celle de la moitié de l’humanité et les trois personnes les plus riches du monde [notamment Bill Gates] dépassent à elles seules le budget des 48 pays les plus pauvres, ainsi que le rapportait en septembre 1988 le Directeur régional du Programme des Nations-Unies pour le développement en Amérique latine et aux Caraïbes, Alfonso Zumbado, dans son rapport annuel sur le développement humain. Alors que 20 % de la population de la planète vivent encore en-dessous de ce qui est considéré comme le seuil de la pauvreté, les pays riches dépensent chaque année pour les soins et l'entretien de leurs animaux domestiques un montant de 17.000 millions de dollars, plus 12.000 autres pour les parfums et les cosmétiques. Bien entendu, ces chiffres ne prennent leur véritable dimension que si l’on sait qu'il suffirait de 13,000 millions de dollars pour assurer à tous les êtres humains un accès minimum aux services de santé. En bref, il suffit de connaître que 40 % de l’humanité doit se débrouiller avec seulement 3,3 % des ressources de la planète, tandis que 20 % de l’humanité en consomment 82,7 % et, ce qui plus scandaleux encore, produisent simultanément 80 % de la pollution. À cet égard, il est bien étrange que ce soient précisément les pays industrialisés – c'est-à-dire ceux qui polluent le plus – qui brandissent le mouvement de l’écologie comme un dogme éthique de la globalisation mondialiste, en faisant obligation aux pays du Tiers-Monde de conserver vierges leurs forêts et leurs jungles [les “poumons de la planète”], alors que cela leur impose, à moyen terme, une stagnation économique.

Il est curieux – et même cynique – quand on y pense, comme cela s'est récemment produit au Sommet de Kyoto, que ce que l’on appelle le “premier monde” ne soit pas disposé à réduire sa course à l’opulence même devant la probabilité sérieuse de porter atteinte à la biosphère. Bien évidemment, il est plus facile de demander au mendiant de vider la poubelle globale pendant que nous la remplissons ; en somme, de lui demander de rester pauvre afin que nous autres puissions continuer d’être riches. Nous ne pouvons pas échapper à cette responsabilité. Nous devons être conscients de ce qu’une partie de notre richesse – je ne m’aventurerais pas à dire qu’elle est petite – est factice, soustraite à l’effort universel de l’humanité grâce à une position privilégiée sur la grille de départ, position qui n’a pas toujours été honnêtement conquise [à suivre].

Miguel Argaya Roca


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