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Carole Darricarrère/Ulysse (Joyce remixed)

Publié le 25 février 2010 par Angèle Paoli
Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
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ULYSSE (JOYCE REMIXED)

Bloom ballon ballant de la tête, ostensoir de ces choses minuscules, gerbes dérivations, feux brefs, abstractions spectrales, ses galaxies, rangées de ruches reine de lui-même, pensionnaire ébahi du monde déballant ses sonnets, fièvres, poches pleines, de Poucets, cailloux, cadavres, savons, de rognons, d’engeances, avatars, permanentes malles à colombes, mouchoirs, lapins, ruses, seins, soucis, ballon vague s’évadant sur le dos de quelque longue vague ravie, pauvre proie d’un rêve que rien n’assouvit.

1 - pauvre proie d-un r-ve
Ph., G.AdC


Triple lecture de « l’inéluctable modalité du visible », digeste assimilation spéculative d’une représentation roide, amidon de mes abîmes, soupe de cela, théâtre intime de malfaçons sonnantes, moins vraies que nature, chacun son midi, pas de porte, son inviolable altérité territoriale, réel fantôme de lui-même par affabulations successives, maître du vivant plus fervent que la simple assertion qui tapisse avoisinant les corps. Ce bleu que je sécrète à compte d’auteur sera toujours plus bleu que celui-ci qui s’expose contournable en vérité, ce bleu de messe que je ressuscite, ma note mellifère contre un bleu patriote siliconé à la pensée unique, calqué, pixelisé, botoxé, speedé, clôné, ma saveur contre la sienne, sillage ensablé dans la quantité du monde, tout ce qui parfume en douce mes allées contre les vôtres, une ride, un brin de poésie.

Ma musique contre les installations sonores, prêt-à-performer mondial, échafaudages secs étalonnant tout ce qu’ils touchent : le réel, ment, nouvel opium, ma réalité détrône la tienne. Ma mienne musique. Mon remix. Mes longues déclamations sensorielles décernées à l’ange derrière le masque. Sampling de mon petit oiseau siffloteur à l’abri dans ta cage. Je relis la phrase à l’envers, et je l’éternue. Molly aime. Mes stridulations solitaires, un Picasso plus réel que le réel lui-même. Dali ne condense pas la réalité. Ma claire vision. Une lecture dans les plis. Un visage peut en cacher un autre. Lumière aurorale entre les baleines de ton corset. Ce qui luit dessous le tain. Image inversée à un cri du couteau carnivore.

Je fends le monde sur l’aile d’un oiseau voisin et le lointain me sera proche. Discernante musique, élue des sphères, et qui ne fait plus de phrases. Ma main désormais obsolète. Deux petits maçons de concert, parfois non, se repliant deux l’un contre l’autre, ailes chastes, détestant désormais les œuvres, pardonnées, bonnes dès que réunies. L’invisible règne alors sur la chair, les marées loin rougissent en quête des terres, les voiles claquent dès qu’un coin se rebiffe. Le temps est ce qui jaunit. Petit dieu aux mains percées, écume aux lèvres, tout son corps tient sur le cul de ses pieds, tandis que sur le toit du monde, ses yeux vapeur écoutent ce qui se départ. Sa vie en titre, n’est qu’un de ces extraits. La flamme consume ce que le ver ne rongera pas.

2 - H-ros tout de m-me
Ph., G.AdC


Vincent a trouvé refuge dans la contemplation orphique des fleurs. La nuit dans mon jardin, les cornes de brume de ces animaux vagues tracent sur la mer brune d'indigents sillons, et voguent à qui vaque. Ils ont rasé deux plants jumeaux de tournesol, ivres bus de l’ordre de ce jaune poulain caracolant sur une monture de nuit. Leurs petites lèvres baisant les armures, fruits saignés, mollusques ceignant la fierté de nos jardins, avec quelle inusable lenteur la lune montre du doigt le bouclier d’airain. Les dents de la nuit. L’éclat pâle de ce ruissellement obscur. Ainsi apprit-il à écrire en lisant alentour, ce dont le tableau fit bon usage. Le bourdon organique par-dessus toute antienne, sa loi. Une lecture se doit d'être au moins ce corps-à-corps.

Très tôt R. se mit à fuir les poètes, détestant la poésie vénérer le Poème. K. contemporain de la légende entre vivant dans la doublure. Molly aimerait. Héros tout de même s'en souvenir pourquoi pas ? Le doigt du maître n'est jamais très loin de la lune.

Carole Darricarrère
D.R. Texte inédit de Carole Darricarrère, remix février 2010
pour Terres de femmes



CAROLE DARRICARRÈRE

CAROLE DARRICARRERE


Voir aussi :

- (sur Terres de femmes) Carole Darricarrère/Élévation du feu ;
- (sur Terres de femmes) Les doubles jeux du (Je) (note de lecture sur le recueil Le (Je) de Léna) ;
- (sur Terres de femmes) Carole Darricarrère/Face à face avec mes mains ;
- (sur Terres de femmes) Carole Darricarrère/Imagine qu'un matin... (notice bio-bibliographique) ;
- (sur Terres de femmes) Carole Darricarrère/Je coupais souvent à travers champs ;
- (sur Terres de femmes) Carole Darricarrère/Nous vécûmes ;
- (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes) le Portrait de Carole Darricarrère (+ un extrait du recueil Demain l’apparence occultera l’apparition) ;
- (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Carole Darricarrère.


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