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Les prêtres et le diable... Témoignage d'un exorciste

Publié le 01 mars 2010 par Hermas

En cette année sacerdotale consacrée au saint Curé d'Ars, il est peut-être un peu dérangeant de rappeler que la vie du saint prêtre fut aussi marqué par un redoutable combat contre celui qu'il appelait "le Grappin", et qui n'est autre que le Démon. Celui-ci s'est d'autant plus acharné sur l'humble curé qu'il y voyait davantage un modèle de prêtre. On lui prête d'ailleurs d'avoir dit que s'il ne se trouvait que cinq prêtres comme lui, c'en serait fini de son royaume.

Comment s'étonner, sur fond de crise de l'Eglise et des vocations, que le Diable soit si présent auprès des prêtres ? Si présent, apparemment, au point de convaincre un grand nombre d'entre eux... de son inexistence.

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Le journal italien IL FOGLIO a récemment interrogé le P. Gabriele AMORTH. Ce prêtre n'est pas n'importe qui. Né en 1925, il est exorciste principal de la Cité du Vatican et fondateur de l'Association internationale des exorcistes. Il affirme en sa biographie ["Mémoires d’un Exorciste. Ma vie en lutte contre Satan, Memorie di un esorcista. La mia vita in lotta contro Satana” (Piemme)] avoir pratiqué plus de 50.000 exorcismes.

Le journaliste Paolo RODARI lui pose cette question a priori saugrenue : Y a-t-il des satanistes au Vatican ? Réponse :  « Oui, même au Vatican il ya des membres de sectes sataniques. Il ya des prêtres, ajoute-t-il, des prélats et même des cardinaux. »

Le journaliste l'interroge alors : «  Mais comment le savez-vous ?  » Le P. AMORTH répond : « Je le sais par des personnes qui ont pu me le rapporter parce qu’ils ont eu la possibilité de le savoir directement. Et c’est une chose "confessée" à plusieurs reprises pas le Démon lui-même souvent au nom de l’obéissance, pendant les exorcismes ». Le Pape en a-t-il été informé ? « Certainement qu’il en a été informé ! Mais il fait ce qu’il peut. C’est une chose terrifiante, horrifiante. Et puis, n’oubliez pas que Benoît XVI est une Pape allemand, il vient d’une Nation résolument contraire à ces choses. En Allemagne, en effet, il n’y a pratiquement pas d’exorcistes ; et pourtant le Pape y croit : j’ai eu l’occasion de parler avec lui trois fois, quand il était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Et comment qu’il y croit ! Et il en parlé publiquement, en public, à plusieurs reprises. Il nous a reçus, comme Association d’Exorcistes, il a fait aussi un beau discours, en nous encourageant et en louant notre Apostolat. Et n’oublions pas que, à propos du Diable et de l’exorcisme, Jean Paul II lui aussi en a parlé ».

Interrogé sur le fait de savoir si, comme l'a indiqué le Pape Paul VI -  ainsi qu'il a été souvent rappelé sur Hermas, « les fumées de Satan sont entrées dans l'Eglise », le P. AMORTH répond : « C’est vrai, malheureusement, parce dans l’Eglise aussi, il y a des adeptes des sectes sataniques. Ces paroles du Pape "La fumée de Satan", Paul VI les a prononcées le 19 juin 1972. Puis, étant donné que cette phrase a créé un scandale énorme, le 15 novembre de cette même année 1972, il a consacré à ce thème tout un discours du mercredi (audience générale), avec des phrases très fortes. Certes, il a rompu la glace, en soulevant un voile de silence et de censure qui durait depuis trop longtemps, mais cela n’a pas eu de conséquences pratiques. Il fallait quelqu’un comme moi, qui ne valais rien, pour lancer l’alarme, pour obtenir des conséquences pratiques ».

Ce prêtre témoigne encore : « Nous avons de très nombreux prêtres et de nombreux Evêques qui, malheureusement, ne croient pas à Satan ». Et, au sujet des exorcistes : « Il y a des Nations entières sans exorciste : l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, l’Espagne, le Portugal… de nombreux Evêques ne croient pas au Démon, et en arrivent même à le déclarer en public : l’Enfer n’existe pas, le Démon n’existe pas. Et pourtant, Jésus, dans l’Evangile, en parle abondamment ; c’est pourquoi on en viendrait à se dire : ou bien ils n’ont pas lu l’Evangile, ou alors, ils n’y croient pas du tout ! » Dès lors, précise le journaliste, le combat du P. AMORTH doit se faire non seulement contre l'Adversaire, mais aussi contre le silence et l'incrédulité, beaucoup d'évêques abandonnant le rôle d'exorciste , par incrédulité, à des prêtres sans expérience et sans grande formation, quand le Code de droit canique exige que cette charge soit confiée à des prêtres exceptionnels.

C'est le Cardinal Ugo Poletti qui a nommé le P. AMORTH, aux côtés du Père Candido Amantini, lequel était depuis quarante ans exorciste à la "Scala Sancta". Le Père Candido lui a tout appris.

« Le Père Candido me racontait plusieurs épisodes, plusieurs exemples. Un jour, un prêtre lui dit clairement qu’il ne croyait à rien de tout cela : le Démon, les exorcismes, et ainsi de suite. Le Père Candido lui répondit : Venez une fois assister à ces exorcismes. Le Père Candido raconta que ce prêtre avait les mains dans les poches, et était debout. A la Scala Sancta, les exorcismes sont faits à la sacristie, et il était là présent, avec un air de quasi mépris. A un certain moment, le Démon s’est adressé à lui et lui a déclaré : toi, tu ne crois pas en moi, mais, aux femmes, tu y crois ; alors me voici, si tu crois aux femmes. Le prêtre, faisant marche arrière, tout honteux, a reculé vers la porte, et s’est enfui en hâte ».

Le Père AMORTH reçoit dans son bureau des centaines de personnes chaque année. Parmi elles, peu sont véritablement possédées. La plus grande partie a simplement de graves problèmes psychique et psychiatriques. Mais, des possédés, il y en a ! Ils se présentent au Père AMORTH pour être libérés. Ils le font spontanément, même si la « présence » de celui qui a pris possession de leur corps fait tout ce qu’il peut pour que les exorcismes n’aient aucun effet. Comment se produit la possession ? La plupart des gens reste possédés après avoir participé à des messes noires, ou à des rites sataniques.

Le Père AMORTH recourt souvent à l’eau bénite. Il en parle en racontant le cas d’une femme qui lui demanda d’être exorcisée. Il ne savait pas s’il s’agissait vraiment d’une possession. Aussi prépara-t-il deux verres sur la table, un avec de l’eau ordinaire, l'autre avec de l’eau bénite. « Je lui ai donné à boire l’eau ordinaire, elle me remercia, et la but. Quelques minutes plus tard, je lui ai présenté l’autre verre, avec l’eau bénite. Elle la but, mais, cette fois, son visage changea tout d’un coup : de gamine apeurée, en personne en colère. En scandant les paroles avec un timbre de voix bas et fort, comme si un homme parlait en elle, il me dit : ‘Tu te crois malin, prêtre !". Et c’est comme cela que commença la prière d’exorcisme, et une heure seulement plus tard, la cérémonie terminée, la libération s’est produite dans l’église »


 Les ouvrages suivants du P. AMORTH ont été publiés en français :

* "Un exorciste raconte" (1992) (Ed. François-Xavier de Guibert)

* "Nouveaux récits d'un exorciste" (1993) (Ed. François-Xavier de Guibert)

* "Exorcisme et psychiatrie" (2002) (Ed. François-Xavier de Guibert)


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