Magazine Journal intime

Un cœur de midinette

Publié le 04 mars 2010 par Anaïs Valente

« Un cœur de midinette » ou comment passer de la super bonne humeur j'aime j'aime la vie même si c'est une folie au vague-à-l'âme tristounet à souhait.

Mon cœur de midinette, il a pleuré cet après-midi quand, au retour d'un chouette repas avec une copine, après un petit repérage chaussures (demain, ça va pleurer dans le portefeuille) et une séance bronzette/lecture en attendant mon bus, je suis rentrée chez moi, espérant continuer la bronzette/lecture sur ma terrasse.  Mais j'ai pas pu, because le blizzard.  Nan, c'est pas pour ça que mon cœur pleurait, soyez patients, vous savez que je prends toujours quarante détours pour en venir au fait.  Donc, en constatant cela, j'ai décidé de rattraper mon retard en matière de séries télé, vu la récente maladie de mon portable (le convalescent se porte bien, merci).

Et j'ai regardé le dernier épisode diffusé aux States des Frères Scott (dont un seul est toujours en lice, mais on s'en moque de ce nom débile).

(Si vous en êtes encore aux saisons doublées diffusées à la TV, ne lisez pas ce qui suit, y'a du spoiler dans l'air).

Et là, keske mon cœur de midinette a pleuré.

C'était beau mais c'était triste.

Et tellement surréaliste.

Passons sur les amours de Brooke et son chéri dont j'ai oublié le prénom (je ne mémorise aucun prénom dans les séries, même après des années, ça fait bien rire Mostek, qui a une bien meilleure mémoire), c'était joli mais banal.

C'est le décès de la maman de Payton enfin non keske je raconte, Payton a quitté la série, le décès de la maman de Hailey, qui a fait pleurer mon cœur de midinette.  Maman apparue comme ça d'un coup, après des années sans qu'on l'ait jamais vue, paf, ainsi que deux sœurs qui apparaissent aussi, paf paf.  Mais soit.

C'était tellement « incredible », ce décès.  La famille réunie à l'hôpital, tout le monde se serre en pleurant.  La malade qui vit ses derniers instants a le teint presque frais.  L'œil encore vif.  Pas de tuyaux, pas de respirateur, pas de douleur.  Et on se regarde un petit film souvenir, plein de photos.  Limite si elle chante pas « mourrons gaiement ».  Puis elle dit un dernier mot, genre « oh, monsieur, vous ici », avec un regard perdu, qui laisse entendre que son défunt mari vient la chercher pour l'emmener au paradis.  Et puis, comme ça, comme si elle s'endormait, elle ferme les yeux, et elle est morte.  Sonnez trompettes.

A voir ça, ça donnerait presque envie de mourir.  J'ai bien dit presque.

Il y a presqu'un an, je suis passée par là, et c'était pas le même scénario sortons les violons regardons un petit film et adieu, on s'est aimés comme on se quitte, tout simplement sans penser à demain, non non, c'était plein de tuyaux et de respirateur qui continue à respirer même après que tout soit fini, dans un bruit macabre et insupportable.  Enfin bon, c'est pas le thème du billet.  Toujours pas.  Je parle pour ne rien dire je sais.

Donc j'ai pleuré comme une midinette.  Beaucoup.  Bien mouillé.  Et repensé.

Repensé à la recette de soupe au poulet que la future défunte apprend, juste avant de passer de vie à trépas (une expression vraiment moche, je trouve), à sa fille.

Et me vlà embarquée dans mon passé à l'évocation de ce mot : poulet.

De mes 12 à mes chaispluscombien ans, un dimanche sur deux, ou presque (la joie d'être une enfant de divorcés), j'ai bouffé du poulet.

Le pire poulet jamais créé.  Et quand je dis créé, je pense créé.  Car ce ne pouvait être du vrai poulet.  Ce poulet, c'était du poulet made in « L'aile ou la cuisse », je vois que ça.  Un poulet de chez Tricatel, vous voyez ?  Sauf qu'ici, c'était de chez Aldi, mais c'est du pareil au même.  Emballé sous vide.  Rouge.  Avec une sauce aussi rouge.  Un demi-poulet caoutchouteux, mou, insipide, inodore, brunasse et presque liquide, qu'on réchauffait au bain-marie.  Passqu'en ce temps-là, ma bonne Dame, le micro-ondes, c'était de la science-fiction.

Et presqu'inlassablement, le dimanche midi, enfin un sur deux, c'était poulet rouge mou insipide.  Jamais mangé un poulet aussi mauvais de ma vie, croyez-moi. 

Me souviens plus de l'accompagnement, frites sans doute.  Frites et poulet rouge.  Puis l'addition, s'il vous plait.  Au revoir, à dans quinze jours.

Au revoir...

Ça doit être ça, le « bon » côté de la mort : être capable de transformer un souvenir d'immonde poulet rouge en un souvenir tout doux dans la tête.



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