Magazine Humeur

"Cracher son bonheur à la gueule du monde"

Publié le 21 février 2010 par Acidbubbles

Quelle bonne idée de faire un resto avec mes parents pour célébrer leur anniversaire de mariage. J’avais pourtant décidé d’être de bonne humeur aujourd’hui. C’est marrant cette impression qu’on a toujours de faire le chaperon quand on est fils unique. 

Enfin bref, je me tenais à peu près correctement. J’étais sociable. Jusqu’à ce que ma mère me lâche avec une égoïste légèreté un truc du style : « mais qu’est-ce qui pourrait bien te fait rire en ce moment ? ». J’aurais pu lui répondre « rien, et c’est pas comme ça que ça va s’arranger ». J’ai préféré lui adresser un regard qui flotte entre la nonchalance (du genre « tu m’emmerdes, là ») et la lassitude d’avoir sur le dos quelqu’un qui sait toujours mieux que moi ce qui est bon pour moi. Je crois avoir été suffisamment démonstratif sur le coup. Après tout, être plus démonstratif, c’est une idée à elle. Elle n’avait précisé dans quel sens, et moi, quand on m’explique pas tout… Je deviens maladroit.

Comme une provocation supplémentaire en ce jour du Seigneur qui, résolument, avait décidé de mettre mes émotions à l’épreuve, je me suis retrouvé assis face à une tablée de cinq personnes. Un couple et… trois splendides jeunes filles. Je dirais, à vue d’œil, entre 21 et 26 ans pour la plus âgée d’entre elles. Avoir des enfants aussi beaux c’est de l’insolence génétique. C’est ostentatoire. Comme le répète souvent un de mes potes, c’est comme cracher son bonheur à la gueule du monde. 


Mais je ne leur en voulais pas. Au contraire, ces trois jeunes filles ont réveillé en moi comme un semblant d’émotion. J’étais attendri, presque déjà amoureux. Je devais avoir un regard mielleux bien malgré moi. Elles seraient restées un quart d’heure de plus, il serait peut-être devenu lubrique. Mais je me soigne, et je me tiens bien au restaurant, maintenant. J’ai arrêté de jeter des cacahuètes sur les tables voisines et de me moucher dans ma serviette. C’est vrai, j’ai jamais compris pourquoi, mais ça met les gens mal à l’aise. Alors imaginons un peu que je décide de me lécher langoureusement les babines en soutenant le regard d’une jeune princesse, sous le nez et la barbe de son père, offusqué par mon culot… ? 

Moralité, j’ai pas mis longtemps à quitter la terre ferme. J’étais sagement assis entre mes parents mais mon esprit était déjà parti très très loin. C’est étrange, comme chaque amorce de printemps me fait le même effet. Mais bon, on se calme. Je serai peut-être à Paris ou à Lyon dans trois mois. Ou pas. Quoiqu’il advienne, c’est pas le moment de tomber amoureux ! Je suis un sucre… Abruti de cœur d’artichaut, va. Tiens… Je ressens des trucs à nouveau. C’est sporadique, certes. Mais il faut savoir dépister les signes précoces de rechute. Allo ? Je suis bien à la brigade de répression des sentiments ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Acidbubbles 16 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine