8 Mars, et après?

Le 8 Mars coïncide avec la journée internationale des droits de la femme, depuis je ne sais combien de temps. Cette journée se veut être un hommage à la femme, ses droits, ses acquis, elle veut mettre en avant les conditions des femmes défavorisées dans le monde, l’importance de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et les inégalités des droits…
Je ne me suis aperçue de l’existence de cette Fête que lors de mon séjour en Italie. Les femmes se faisaient en ce jour une soirées entre filles, excluant les mecs ou en invitant des animateurs particuliers pour des numéros très spéciaux et recevaient également des voeux et des fleurs. Ces européennes réclament haut et fort leur féminisme et en profitent pour montrer le degré de leur émancipation.
Chez moi, je me rends compte de l’existence de ce jour à travers quelques articles à la une des journaux qui font l’éloge des acquis obtenus par la femme tunisienne sur tous les niveaux qui peuvent exister, puis dans le journal du soir en mettant en avant des portraits de femmes qui ont réussi dans leurs vies. Chez moi, la femme est émancipée car elle travaille, mais la femme demeure toujours celle qui s’occupe du ménage, en laissant la gente masculine s’attabler dans les cafés. La réussite des enfants est tributaire aux efforts de la femme, si les enfants ne passent un bon cursus scolaire c’est surtout à cause de la mère qui ne s’en occupe pas bien. La femme n’a pas le droit d’accompagner ses siens jusqu’à leur tombes, la femme entend toujours et jusqu’à maintenant le mot "3ib" ( ça ne se fait pas) t'es une femme!
Chez les voisins, voisins de langue, de religion, et pas mal d'aspects culturels aussi, on s’attriste à la naissance d’une femme, on ne sait ce qu’on va faire de ce fardeau, il faut rapidement s’en débarrasser, la femme est une responsabilité, l’idéal serait de la marier. La femme ne peut prendre une décision toute seule, la femme est faible, la femme doit être couverte, de la tête au pieds, en noir de préférence, la femme et les filles sont violentées, pour les éduquer car c’est permis et puis…
Sous d’autres cieux, et en allant encore plus loin direction le sud, la femme ne sait même pas quel jour serait ce lundi 8 Mars, elle est illettrée car elle doit s’occuper des taches quotidiennes et laisser le privilège d’apprendre à son frère, ne sait pas se servir d’une arme dans des guerres causées essentiellement par les hommes et c’est elle qui récolte directement les fruits de leurs bêtises.
Cette fête me rappelle surtout que sur cette même terre, il y a une écart énorme entre moi, ma voisine du nord, celle qui se veut être mon égale et ma voisine du sud. Pour qui est-elle vraiment destinée?
Pour celle qui s’en joue, qui se divertit? pour celle qui est restée au milieu l'échelle? pour celle qui subit son sort et considère qu’elle n’a pas vraiment le choix? ou pour cette autre qui survit sans savoir ce qui lui cache son lendemain.
Egalité direz-vous? Oui, non, peut être, pourquoi et faut bien que je passe mon chemin.