Magazine Journal intime

Parce qu’on croit encore qu’on peut changer les choses

Publié le 08 mars 2010 par Leschatserrants

Parce qu’on croit encore qu’on peut changer les choses

Quelques minutes après, le TGV partait et nous avec, pas vraiment en règle mais l’essentiel était de quitter la ville.

Profitant enfin d’un moment de détente une fois dans le train, je me mis à l’aise, les pieds sur le siège d’en face, regardant le paysage défiler à toute allure.

De temps en temps, mon regard dérivait vers A., qui, avec le temps, ne paraissait plus regretter de s’être enfuie de son centre sordide. Elle ne disait rien, ce qui était mieux, mais pas très encourageant quand même. En plus, elle n’avait franchement pas l’air en bonne condition physique. Avant même de quitter la région parisienne, elle s’endormit.

Après une rapide discussion, O. et moi avons à la fois que nous ne lui parlerions pas de ce qui avait pu lui arriver tant qu’elle ne l’évoquerait pas elle-même et que nous ferions de notre mieux pour ne pas penser à la merde dans laquelle nous nous étions mises cette nuit.

Nous mettions tous nos problèmes derrière nous avec Paris qui s’éloignait définitivement. La seule constante, maintenant, serait de s’amuser, tout simplement.

J’étais animée d’un optimisme que je n’avais pas ressenti depuis longtemps : tant des ces choses dont j’avais rêvé devenaient possible. Je profitais de ma liberté nouvellement acquise avec mes amies que j’adorais, ce qui ne me rendait que plus heureuse de m’être libérée.

Sitôt arrivées à Montpellier, au petit matin, nous sommes allées voir la mer. Pas les petites baraques de Palavas les flots, non, la mer avec l’écume qui piquait les yeux tellement elle était salée.

Le trajet en bus a été long et silencieux, d’un silence assez flippant, brisé de temps en temps les bruits que l’on faisait en dévorant des gâteaux qui nous tiendraient lieu de repas pour la journée (puisqu’on était fauchées, il fallait bien s’organiser). A. picorait des bouts de gâteaux comme un petit oiseau tombé du nid et son visage s’éclaira quand nous fûmes arrivées à destination.

C’était la mer, la vraie. Bleue, limpide, avec les minuscules coquillages, le sable fin qui s’enfonce entre les orteils et l’horizon infini. Le ciel était blanc de nuages et la plage vide de monde. Il fallait être aussi barges que nous pour y aller un matin froid de décembre.

Le bus est parti, on a enlevé nos chaussures et prenant chacune A. par la main malgré ses cris, on a couru vers la mer. Bien sur, on aurait pas dû parce que l’eau glacée nous a poignardé comme des milliers de coups de couteaux.

Les deux autres ont arrêté d’avancer quand l’eau leur est arrivée à mi-cuisse, mais moi j’ai continué de nager jusqu’à être totalement recouverte. Puis j’ai plongé et suis restée quelques secondes à observer les poissons et autres bestioles qui m’entouraient. J’étais dans ma bulle.

J’ai fini par ressortir ma tête hors de l’eau, pleine d’une excitation heureuse et intense . Je suis revenue sur la plage, de l’eau s’égouttant de mes mains à chacun de mes pas, pour en lancer sur les deux autres, étendues sur le sable. Elles se sont venger, et on s’est lancées dans une bataille d’eau glacée.

Cette lutte a fini par nous épuiser et on s’est écroulées, hilares, sur le sable pour regarder les nuages gris qui bougeaient paresseusement et, accessoirement, se moquer de petits vieux qui passaient.

Dans les environs de midi, on arrivait presque à distinguer les rayons pales du soleil à travers les nuages horriblement blancs, il était temps de se bouger un peu.

On a lentement longé la plage, agrippées les bras de chacune dans celles des autres, jusqu’à arrivé à une barge faite de pierres qui séparait la plage du port.

J’ai grimpé dessus et me suis retrouvé à faire le funambule tout le long. Mes pieds glissaient sur les pierres incrustés dans la roche – c’est un miracle que j’ai réussi à ne pas me casser la gueule en retournant m’assoir à côté des filles qui pointaient du doigt les bateaux épars qui étaient amarrés.

-Et tu vois, disait O., je chope le milliardaire qui l’a acheté et on fait le tour du monde ensemble. Et si je trouve un gars plus beau, je tue mon milliardaire et je le jette dans la mer, comme ça personne ne le retrouvera.

-Qu’est ce que t’es conne toi !, lui dis je.

-Pas autant que toi, ma chérie, rétorqua la perfide.

-Ben vous savez quoi ? fis A. qui se joignait à la conversation, moi si je pouvais avoir n’importe lequel de ses bateaux je prendrai le plus cher, je le vendrai et avec l’argent je m’achèterai un appart en province.

-Qu’est ce que tu peux être terre à terre ! Oc. et moi nous écriâmes conjointement.

C’était un cri qui venait du cœur. A. nous fixa, l’air un peu désappointé, et rajouta :

-Mais ce serait vraiment cool d’être sur un bateau, de partir dans des supers endroits.

-Ca nous arrivera, assura O., on fera un voyage toutes les trois sur un super bateau quand on sera riches, c’est-à-dire dans 7 maximum. Et ne me dis même pas que c’est impossible, toi ! On est jeune tout est possible, cria-t-elle en se relevant brusquement.



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