Magazine Journal intime

Téléphone moi, appelle moi OU PAS !

Publié le 13 mars 2010 par Wawaa

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Je ne sais pas vraiment l’expliquer. Je ne sais pas d’où ça me vient. Je ne sais pas si c’est génétique. Je ne sais pas si c’est une tare ou si c’est une maladie. Je ne sais pas quel traumatisme intense a pu engendrer cela. Je ne peux même pas demander à Freud de sonder mon inconscient, Freud n’est plus. Paix à ton âme Freudounetchou, on t’aimait bien quand même.


Dès qu’il sonne, je frémis d’horreur. Si quelqu’un est là pour s’en occuper tant mieux, mais si je me retrouve seule face à lui et qu’il vocifère des « dring dring dring DRRRRIIIIIINNNNGGGG DRRRIIIiiIIIiIiinnnnngg dring DrrrrIIiIiIIIng » véhéments – oui , je refais à merveille la véhémence de la sonnerie du téléphone – je me pétrifie. Je pâlis. Mon cœur se met à battre comme si mes ventricules jouaient à celui qui ferait circuler le sang le plus vite. Je ne veux pas décrocher. Non. J’AI PEUR ! MAMAN ! LE TELEPHONE SONNE !


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Je le laisse toujours un peu sonner. On ne sait jamais, au cas où l’interlocuteur se défilerait, lassé d’attendre que quelqu’un décroche. Puis d’un geste vif et téméraire je brandis le combiné, je le colle près de mon oreille et je dis ce mot couramment utilisé en de pareilles circonstances : « Allo » sur un ton rude parce que j’AIME PAS LE TELEPHONE !


Et puis ça veut dire quoi d’abord « Allo » ? « Allo », « Allo », « Allo », c’est même pas un vrai mot, surtout que bien souvent on le faire suivre par un « Oui bonjour ! »… autant dire juste « Bonjour » ! Donc , téléphoner, ça commence par un truc super débile…


… enfin presque ! Si vous cherchez méticuleusement sur internet vous constaterez avec surprise qu’ « Allo » a une histoire assez loufoque. Tout cela remonte au XIX e siècle quand Alexander Graham Bell a utilisé pour la première fois le téléphone qu’il a eu l’audace d’inventer juste pour me faciliter le transit intestinal – quel blagueur cet Alexander ! -, ce grand scientifique a prononcé ces deux syllabes alors qu’il tentait une première communication : « Halloo », avec un H et deux O comme l’eau, sauf que c’est Halloo ! C’était à l’époque, un truc à la mode que tout le monde utilisait pour établir la communication.


Mais en fait « Halloo », c’est encore plus vieux que ce croulant de Graham Bell lurette.  Tout a commencé au XI e siècle, époque formidable car, même si en plein obscurantisme médiéval, le téléphone n’emmerdait pas le monde et je suis sûre que ça aurait pu être à ce moment là le pire objet d’inquisition et de torture…


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A cette fabuleuse époque donc, les bergers anglos-francos-normands, vociféraient avec grand plaisir des « Hallooooo » pour s’interpeler. Normal « Halloer » signifiait « poursuivre en criant ». Ma mère m’halloe souvent d’ailleurs. MAMAN ARRETE DE M’HALLOER !


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Mais sinon vous vous imaginez courir avec le combiné téléphonique en hurlant ? Mais tout n’est pas tout fini. Exploration étymologique oblige ! « Halloer » signifia également « Exciter les chiens à la chasse ». C’est dégoutant ! « Attirer l’attention à distance » : avec des banderoles écrites en rouges, des fusées SOS, des petites lumières clignotantes, des habits excentriques et tout et tout ? « Halloo » servait également à exprimer la surprise : « HALLLOOOO ! J’en suis toute étonnée ! ».


Franchement, dire « allo » c’est tout de même super bizarre parce qu’exciter son interlocuteur à la chasse tout en l’interpelant à distance pour lui faire une surprise… c’est carrément n’importe quoi. Téléphoner c’est n’importe quoi de toutes manières.


Mais revenons-en, après ces quelques considérations étymologiques fort bien conduites, à mon énorme problème qui m’empêche d’exercer un certain nombre de métiers comme : hotlineuse , réceptionniste-standardiste, horloge parlant – tiens d’ailleurs, au 4 è top il sera 23h02 et 30 secondes – téléphone rose – « Salut moi c’est Sylviaaaa (ndlr : faut un prénom qui sonne « belle étrangère » ) , si tu veux une BIIIIIIPPPPP (ndlr : carré blanc !), donne moi ton nouméro dé carté bancaire mon pétit lapinou d’amour grrraouuu ».


Le téléphone n’est pas mon ami et c’est ainsi. Et pour vous donner une bonne raison de ne JAMAIS me téléphoner, sachez que la plupart du temps au téléphone je ne sais pas quoi dire, je suis expéditive, j’emploie un ton qui ne provoquera pas chez vous un réjouissement orgasmique et que face à cette attitude anti-communicative  vous ne trouverez que des « T’es sûre que ça va ? », « T’es bizarre ? » « Euh, je te dérange là, hein ? » ... à répliquer.


Mon accueil téléphonique n’est PAS chaleureux. Vivent les e-mails !


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