Magazine Journal intime

L'Autre Dumas

Publié le 14 mars 2010 par Papote

19221367Pourquoi, me direz-vous, se déplacer au cinéma pour voir un Depardieu costumé s'agiter dans une énième superproduction qui, par les caprices du destin ou d'un cabotin, aurait échappé à  une moins glorieuse sortie télévisuelle ?
Ce n'était pas, suite à la polémique, pour me forger une opinion quant à la légitimité de notre Gérard national, outrageusement permanenté pour l'occasion, à incarner un quarteron.
Ce n'était ni à des fins documentaires - il s'agit d'une oeuvre de fiction - ni pour me divertir.
C'était pour lui, l'homme de l'ombre, j'ai nommé Auguste Maquet joué par Benoît Poelvoorde.
Le film de Safy Nebbou ne révèle rien de très extraordinaire sur le sujet : tout a déjà été dit, écrit... et jugé, puisque la collaboration entre Messieurs Dumas et Maquet s'est achevée devant les juges. En revanche, tout en apportant une part de romanesque pour le glamour et l'action, il tente de retracer la vie de cet étrange couple, son quotidien.
Alexandre Dumas entraîne Auguste Maquet àTrouville, bourg côtier sans prétention, où se pressent les marchands de bestiaux. L'air marin doit leur permettre de retrouver l'inspiration pour commettre dans le même temps Le Vicomte de Bragelonne et l'adaptation du Comte de Monte-Cristo au théâtre. Contre toute attente, Auguste, père de famille nombreuse, mari fidèle de l'admirable (et pleine d'ironie) Caroline (Catherine Mouchet), tombe amoureux fou d'une jeune et rafraîchissante normande, Charlotte Desrives (Mélanie Thierry), qui le prend pour Dumas et sollicite son aide pour obtenir la libération de son père, révolutionnaire. De retour au château de Monte-Cristo, s'ensuivent quelques épisodes quasi vaudevillesques qui conduisent finalement Dumas et Maquet à se séparer. Toutefois, en filigrane, on devine la véritable relation, la complicité, qui liait ces deux auteurs. Chacun étant parfaitement conscient de l'apport de l'autre à l'oeuvre commune, ce qui à terme leur devient insupportable.

Blogueuse prolifique, quelque part auteur des feuilletons des temps modernes, dont les nouvelles feuilles sont attendues quotidiennement par un public avide, à l'instar d'un Dumas il m'arrive de me laisser emporter par un vent de lyrisme. Et pourtant...
... assez curieusement, c'est pour Maquet que j'ai ressenti une forte empathie. Ce tâcheron de l'écriture, parfaitement lucide quant à son incapacité à prétendre aux traits de génie et à l'aisance littéraire de Dumas, et qui malgré tout s'obstine, à la lueur de sa chandelle, à gratter le papier pour tenter vainement de donner le change. Est-ce parce que Benoît Poelvoorde, que je n'attendais pas dans un tel rôle, parvient à rendre attachant ce personnage pourtant si terne ou pour d'obscures raisons peu avouables ?
Parvenue à ce point de mes réflexions, je m'aperçois que je n'ai pas évoqué Dominique Blanc, qui est Céleste Scriwaneck, secrétaire et maîtresse de Dumas : avec Catherine Mouchet, autre femme "moderne" de l'histoire, elle est pourtant irréprochable. Cet oubli est peut-être révélateur : le film part dans trop de directions différentes, se perd en anecdotes... au final, je reste sur ma faim et je conseille d'attendre sa sortie sur petit écran !

A bientôt !

La Papote


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