Magazine Humeur

Ab Origine Fidelis

Publié le 17 mars 2010 par Acidbubbles

J’ignore pourquoi, mais j’ai cette fâcheuse impression de n’être qu’un spectateur du monde. Au mieux, un observateur au regard distancié. Mais en aucun cas, je n’ai le sentiment d’en être un acteur. Pourtant je pense contribuer – c’est mon boulot qui veut ça - à provoquer le changement, davantage que la plupart des gens qui m’entourent. Mais je ne parviens pas à déceler, en moi, une quelconque appartenance au monde qui m’entoure. Je l’ai déjà écrit, mais le sens de rotation de la Terre ne me convient pas, le sens de la vie m’échappe, et le mec bien que j’étais déraille lentement, mais avec opiniâtreté.

J’ai des amis merveilleux, mais je n’appartiens strictement à aucun groupe d’amis. J’ai un réseau professionnel qui s’étend et qui me soutient, mais je n’appartiens à aucune équipe de recherche, ni à aucune agence ou autre cabinet. Je suis entouré par un nombre restreint de femmes formidables, mais je me tiens à l’écart de leurs idéaux. J’ai une toute petite famille qui m’adore, mais je suis détaché du noyau.

En fait, j’ai constamment l’impression de flotter en orbite de la société. La fameuse tour d’ivoire que j’ai volée à Claude Julien. J’apparais brutalement dans la vie des gens, je disparais momentanément, je réapparais sporadiquement.

Ce n’est pas une vraie solitude, c’est une forme de solitude purement conceptuelle, pas effective, mais perçue. Et j’en suis convaincu : entretenue, aussi. Et en cerner la nature, aussi bien que la raison, est loin d’être une chose évidente.

Le plus paradoxal, c’est que j’ai le sentiment que la seule chose qui vaille le coup d’être vécu relève de l’ordre de l’intime. En conséquence de quoi, autant le dire tout de suite : mise à part de moi-même, en ce moment, je me prive de tout.

Depuis quelques jours, ma colère, mon agressivité remontent à la surface, j’écume progressivement le voile de mes erreurs, de mes manquements. J’attise l’autocritique jusqu’à m’en irriter. Si seulement je parvenais à m’écorcher pour de bon, je parviendrais peut-être à rattraper le temps perdu. Dix-huit longs mois. Pour mon salut : per formare.

La solution serait peut-être d’accepter le monde tel qu’il est, de mettre du sens sur ce qui m’entoure (résignation ou pragmatisme ?). Parvenir à faire émerger du sens est une mécanique obéissant à une trajectoire immuable, implacable et parfaitement prévisible. Mais je préfère regarder défiler les saisons, en persistant à me demander avec une obstination, que la stupidité dispute au manque de discernement, pourquoi le printemps est comme il est, et comment il pourrait être mieux.

Alors est-ce que je suis un éternel insoumis, ou plutôt (et c’est un brin moins flatteur et autrement plus probable) un petit garçon qui refuse le monde tel que la société l’a forgé ? Mon orbite est mon perchoir… Mais plein de choses m’échappent encore complètement. Décidemment, les questions ontologiques n’ont pas fini de me contrarier. Une chose est sûre : je suis de retour en présence de moi-même. Enfin.


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