Magazine Humeur

Prières de la 5ème semaine de carême : lundi

Publié le 22 mars 2010 par Hermas

En ce jour la liturgie nous présentait la mission de Jonas à Ninive un trait de l'histoire de Jonas, invitant la ville à faire pénitence notamment par le jeûne. Voici dont u autre fragment de l'Hymne de Prudence sur le jeûne. C'est le passage où il raconte la vie de ce Prophète, et spécialement la pénitence de Ninive. Notre Mission est aussi d’aider Jésus dans sa Passion, par nos pénitences, à porter sa Croix, comme Simon de Cyrène, pour sauver les pécheurs, et « compléter dans notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ (cf. Saint Paul).

HYMNE.

Je raconterai, à la gloire du jeûne, un fait antique rapporte dans le livre sacre ; je dirai comment la foudre du Père des hommes retint ses feux, et pardonna aux habitants d'une cité qu'elle devait dévaster.

Un peuple jadis avait mis le comble à son orgueil et à son insolence; la licence des mœurs l'avait fait descendre tout entier à une indigne corruption ; et , plonge dans une stupide insouciance, il avait mis en oubli le culte du grand Dieu.

Après une longue indulgence, la justice divine offensée s'indigne et arme sa main d'un glaive de feu. De sombres nuages éclatent avec fracas ; des feux livides et tonnants ébranlent la voûte du ciel sur la tète des coupables.

Toutefois un délai leur est accordé pour se repentir ; il leur est libre encore d'interrompre le cours de leurs infâmes débauches; ils peuvent, s'ils le veulent, arrêter les désordres dans lesquels ils ont vieilli ; la vengeance miséricordieuse daigne suspendre ses coups ; et la sentence prononcée retarde son exécution.

Le juge plein de douceur donne mission au prophète Jonas; il le charge d'annoncer à ce peuple le châtiment qui le menace. Il savait, le prophète , que ce juge redoutable aime à pardonner plutôt qu'à frapper et à punir. Il ose donc se dérober à ses ordres, et s'enfuit secrètement vers Tharsis.

Il prend place sur un navire des plus imposants; bientôt on lâche le câble, et l'on s'avance dans la haute mer ; mais tout à coup s'élève une furieuse tempête. L'équipage alarmé cherche quel peut être l'auteur d'un si grand péril; et le sort tombe sur le prophète fugitif.

Il est le seul coupable : seul il doit périr, lui dont le nom est sorti de l'urne avec son crime. On le précipite dans les flots, et l'abîme l'engloutit. Un monstre marin le reçoit. et le prophète descend tout vivant dans les vastes flancs de l'animal.

Enfin, après trois nuits, le monstre le vomit sur un rivage, à l'endroit où le flot expire avec un léger bruit, et où l'écume vient blanchir le rocher. Délivré par l'effort de la bête, le prophète s'étonne de se sentir encore vivant.

Contraint par la volonté divine, il se dirige sans délai vers Ninive. Censeur austère, il reprend les habitants ; il dénonce leurs crimes honteux. « La colère du vengeur suprême, dit-il, est sur vos têtes ; sous peu de jours la flamme dévorera votre cité : croyez à ma parole. »

Il monte ensuite sur la cime d'une haute montagne, afin de voir de là les épais tourbillons de fumée qui s'élèveront de l'incendie, les ruines et les désastres qui vont s'accumuler. Il se tient sous le feuillage d'une plante aux nœuds abondants, qui, tout à coup, est sortie de terre pour lui prêter son ombrage.

Mais à peine la cité a reçu la lugubre nouvelle du fiéau qui la menace, qu'une dernière émotion la saisit ; dans la vaste enceinte de ses murs on voit s'agiter le peuple, le sénat, les citoyens de tous les âges, la jeunesse pâle d'effroi, les Femmes poussant des lamentations.

On décrète un jeûne public, pour tâcher d'apaiser la colère divine; il n'est plus question de repas dans la ville. La matrone jette loin d'elle ses brillantes parures, et se revêt d'habits sombres ; la cendre répandue sur sa chevelure y a remplacé les réseaux de soie et les pierreries.

Les patriciens paraissent en habits vulgaires et négligés ; dans sa douleur, chacun porte sur son corps de rudes tissus de crin ; la jeune fille fait subir à ses membres le contact de ces soies cruelles, et couvre d'un voile noir son visage ; l'enfant lui-même languit étendu sur le sable.

Le roi détache l'agrafe qui retenait sur ses épaules le manteau teint delà pourpre de Cos. Il dépouille son front du bandeau sur lequel éclataient l'émeraude et le diamant; et ses cheveux ne connaissent plus que la poussière qui les souille.

Le manger et le boire sont oubliés; la tendre jeunesse livrée au jeûne ne se souvient plus des festins ; l'enfant à la mamelle réclame en vain le lait par ses vagissements ; ses larmes arrosent son berceau ; la nourrice sévère lui refuse l'aliment qui le soutenait.

Les troupeaux eux-mêmes ont leur part à cette abstinence ; on retient avec soin leurs pas dans la prairie. On les empêche de toucher le gazon numide de rosée, de se désaltérer aux eaux murmurantes des fontaines ; en face de sa crèche vide, le taureau fait entendre ses mugissements.

Bientôt, apaisé par ces expiations , Dieu retient sa colère. Il révoque son arrêt; de terrible qu elle était, sa sentence est devenue favorable. C'est ainsi que la clémence divine se montre facile à pardonner les crimes des mortels, lorsqu’ils l’implorent , et qu'elle prend bientôt le parti de ceux qui répandent les larmes du repentir à ses pieds.

Et puisque la liturgie insiste sur le jeûne, reprenons ces strophes en l'honneur de la sainte Croix, que nous empruntons au Triodion de l'Eglise grecque. Et que ce jeûne nous donne le courage et la force d’aider le Seigneur à porter sa Croix, comme l’a fait le Cyrénéen.

Purifiés et embellis par le jeûne, adorons, pour la gloire du Tout-Puissant, le bois sacré sur lequel le Christ, ayant les bras étendus, a vaincu les puissances ennemies.

La Croix salutaire qui donna la sanctification est exposée à nos yeux. Approchons d'elle avec un cœur et un corps sans souillures.

Purifiez-moi , vous qui des bon, par le feu de vos commandements : donnez-moi de contempler votre Passion qui donne le salut, d'être protégé par la Croix, et de vous adorer avec un ardent désir.

Ayant nos cœurs lavés dans les eaux du jeûne , embrassons avec foi le bois de la Croix, du haut duquel le Christ crucifié a épanché sur nous l'eau d'immortalité.

Jésus Sauveur ! notre navire, dont votre Croix est la voile, a déjà traversé la plus grande partie de la carrière des jeûnes; par elle, conduisez-nous au port de votre Passion.

Moïse te figurait sur la montagne, ô Croix, pour la perte d'Amalec. Nous te formons sur nous ; nous te contemplons et t'adorons de cœur ; par ta vertu, nous triomphons des ennemis invisibles.

CINQUIEME STATION DU CHEMIN DE CROIX

Jésus est aidé par le Cyrénéen à porter sa croix

/V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
/R. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 32; 16, 24

En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix.
Alors Jésus dit à ses disciples: «Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive».

MÉDITATION

Simon de Cyrène rentre du travail, il est sur le chemin du retour chez lui, quand il croise ce triste cortège de condamnés –, spectacle sans doute habituel pour lui. Les soldats usent de leur droit de coercition et mettent la croix sur lui, robuste homme de la campagne. Quelle gêne a-t-il dû éprouver en se trouvant soudain mêlé au destin de ces condamnés! Il fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance. Toutefois, l’évangéliste Marc nomme également ses fils qui étaient connus pour être chrétiens et membres de la communauté (Mc 15, 21). De cette rencontre involontaire est née la foi. En accompagnant Jésus et en partageant le poids de sa croix, le Cyrénéen a compris que marcher avec ce Crucifié et l’assister était une grâce. Le mystère de Jésus souffrant et muet a touché son coeur. Jésus, dont seul l’amour divin pouvait et peut racheter l’humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances (Col 1, 24). Chaque fois qu’avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.

PRIÈRE

Seigneur, tu as ouvert les yeux et le coeur de Simon de Cyrène, lui donnant, par le partage de ta croix, la grâce de la foi. Aide-nous à venir en aide à notre prochain qui souffre, même si cet appel est contraire à nos projets et à nos penchants. Donne-nous de reconnaître que partager la croix des autres, et faire l’expérience qu’ainsi nous marchons avec toi, est une grâce. Donne-nous de reconnaître avec joie que c’est précisément en partageant ta souffrance et les souffrances de ce monde que nous devenons serviteurs du salut, et qu’ainsi nous pouvons contribuer à construire ton corps, l’Église.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quis est homo qui non fleret,
matrem Christi si videret
in tanto supplicio

Quel est celui qui sans pleurer
pourrait voir la Mère du Christ
dans un supplice pareil


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