Magazine Journal intime

Etre une maman solo

Publié le 23 mars 2010 par Tazounette

larmes de tarzan
Je viens de lire « Les larmes de Tarzan » et bon, voilà quoi… BOF… Autant j’avais aimé « le mec de la tombe d’à côté », autant là… Je n’ai pas aimé le choix de son personnage. De cette Mariana. Peut-être, sûrement parce que j’ai ce tort de m’identifier. Toujours. Et ça se fait malgré moi. Et ce personnage ne me parlait pas. Je ne sais pas. J’essaie de comprendre pourquoi et je ne trouve pas vraiment le lien. Si, quelque part, elle veut le beurre et l’argent du beurre. Elle travaille à mi-temps pour élever seule ses deux enfants. Le père est schizophrène et il est parti depuis deux ans suivre une crise de paranoïa aiguë. Elle ne peut s’empêcher d’attendre son retour. Elle l’aime toujours malgré la vie qu’il leur fait vivre, ou « parce que » cette vie là, justement, atypique et déconnectée de la réalité. Forcément les fins de mois et pas que leur fin d’ailleurs, sont plus que difficiles, ils n’ont pas toujours à manger…

C’est là que pour moi, le bât blesse… Je sais bien que le débat, on s’en fout, c’était le choix de l’auteure de dépeindre cela comme ça. Et justement, ce choix-là me dérange. Dans tous les livres qu’on lit on ne voit que l’aspect négatif des choses, on prend le cadre le plus noir possible pour exposer une histoire. Le pire du pire, c'est toujours 'achement mieux. Zut, ça peut être dur et être beau à la fois. Pourquoi choisir le pire schéma ? Ok, c'est son choix. Le problème, c'est qu'elle se concentre sur un seul problème. Le manque de fric. Et elle oublie tous les à côtés de tout ce qu'une mère célibataire doit composer pour que la vie fonctionne de façon aussi transparente que possible pour ses enfants… Une nana sans le sou et qui continue bon an, mal an sous prétexte du choix d’offrir du temps à ses enfants ! Comment est le temps avec ses enfants lorsqu’on passe son temps à culpabiliser de ne pas avoir les sous qu’il faut pour leur offrir un vrai repas ? Cela me pose question ! Et pas seulement parce que je gagne bien ma vie.

A notre époque où tout coûte de l’argent il faut savoir reconnaître les priorités. Une certaine qualité de vie. Quand cela dépend d'un choix comme c'est conté ici, entre temps plein et mi-temps. Mi-temps quand on n'a qu'un seul salaire, ça ne peut pas le faire. Un plein temps parce que ça nous soulagera la tête de pouvoir faire ses courses et avoir de quoi nourrir ses enfants. C’est un minimum. Alors la voir se démener parce qu’elle n’a pas le sou, pas le temps, qu’elle est en retard au taff, qu’elle ne s’épile pas la chatte et se coupe elle-même les cheveux ! Pour moi ça frise la caricature ! Même si ça existe. On peut être maman célibataire, tout assumer et ne pas s’oublier, ni oublier l’essentiel !

Si on est tout le temps la tête emplie de soucis qui rejaillissent sur les enfants, faut pas rêver, hein, qui peut mettre tout de côté et afficher un sourire émail-diamant à ses rejetons quand on se demande si on aura autre chose à leur faire bouffer le soir que de la moutarde ? Alors oui, les jeux ! Construire des maisons avec des boîtes à chaussure, de fabriquer des moutons avec du coton et des cure-dents, c’est chouette, mais on ne peut pas noyer l'essentiel de cette façon…

Ca me fait penser à ma sœur… Elle s’est mariée avec un professeur de philo. Ils ont eu une fille. Plutôt que de trouver un boulot pour offrir la meilleure vie possible à sa fille, elle a fait le choix inverse. De se contenter du minimum. Et elle oblige sa fille à suivre la même « philosophie ». Faire le minimum et habituer au minimum. Merde. Ca me choque ! Et ça ne me choque pas parce que c’est un choix différent, mais parce que c’est un choix pour elle avant d’être un choix pour sa fille ! « Elle fera comme moi, parce que ». Ils vivent dans un tout petit appart, retirés du monde parce qu’elle rejette tous ceux qui ne comprennent pas son choix (sa famille forcément), et elle ne fait qu’un minimum de ses journées. Quand mes parents vont les voir ils écopent de pizzas achetées au camion du coin, déjà refroidies, elle ne repasse pas les vêtements parce que ça la saoûle, elle ne repasse que les cols et les manches qui dépassent des pulls parce que ça se voit… Elle n’achète pas de jupes à volants ou de vêtements compliqués à sa fille parce que ça ne doit pas nécessiter un repassage « compliqué ». Quand j’hérite de fringues pour mes filles, elles sont minables en une saison parce que les pantalons sont froissés, et froissés et froissés. Propres, certes, mais bourrés de faux plis et mal vieillis…

La vie c’est pas se faciliter les choses et imposer aux autres d’être content alors qu’ils ont un moyen de comparaison. Sa fille va aller à l’école et Dieu sait si les rapports aux autres sont déjà compliqués, elle n’a pas besoin d’être marginalisée parce que son style vestimentaire est minable. Sans parler de faire une bimbo de sa fille sous prétexte d’être à la mode, ou d’en faire une pub ambulante à coups de marques. Merde. De jolies tenues. Y’en a des pas trop chères. En avoir au moins une qui soit passe-partout et se donner la peine de les repasser pour que sa fille se sente bien au milieu des autres.

Enfin. Bref. C’est juste que voilà, les gens qui réfléchissent pour eux-mêmes et non pour leur progéniture et qui ne peuvent faire le choix du « mieux pour eux », ça me laisse un drôle de goût. Peut-être, sûrement parce que c’est grâce à ce sentiment-là que je me suis sortie d’une situation qui aurait été catastrophique pour elles. Pour moi aussi, j’entends, mais je savais que ça passait par elles…

La vie de maman solo n’est pas que difficile pour des raisons financières… Elle est difficile avant tout parce qu’on a qu’une seule tête pour tout porter : l’organisation journalière pour ETRE A L’HEURE à l’école, ETRE A L’HEURE au taf, avoir les goûters nécessaires aux collations de l’école, les sous pour le spectacle du milieu de semaine (toujours de la monnaie, même 2 euros, parce qu’on ne peut pas taper dans la poche de son homme), payer les factures, le loyer, prendre rendez-vous chez le médecin, honorer le rendez-vous, penser à réparer le frigo, à faire venir quelqu’un, à le vider, se démerder pour trouver un garde-manger décent en attendant qu’il fonctionne de nouveau, trouver la baby sit pour se faciliter la vie de temps en temps, caser les courses dans tout ça, ou les pépins de bagnoles et se démerder, quand on ne peut pas l’utiliser, pour prendre les transports en commun et se lever à des heures indécentes pour être à l’heure partout, tout le temps… Un père qui de toute façon ne pense qu’à sa petite personne, se cache derrière un boulot à la con (militaire) pour changer toutes les 5 minutes l’organisation des week-ends ou des vacances, et organiser toujours une solution de repli pour que les filles aient des vacances « quand même » et des week-ends « quand même », et savoir leur présenter les choses pour qu’elles soient heureuses « quand même » malgré le changement de programme et stresser tout le temps parce qu’on ne sait jamais comment ça va se goupiller avec lui, parce qu’on ne saura jamais des semaines avant la tournure que ça prendra et qu’on ne se sent pas la force de dire « c’est comme ça sinon tu ne les vois pas » parce qu’on sait que les filles ne doivent pas être punies d’avoir un père tel que lui. Parce qu’elle ne l’ont pas choisi. Parce qu’elles l’aiment et qu’elles ont besoin de lui. Et ne regarder que ça pour ne pas devenir folle…

C’est ça être mère célibataire ! C’est tout sauf reposant, c’est tout sauf juste des questions de pognon. Parce que justement, le pognon, n’enlève rien à toutes ces questions-là, et tout ça, ce n’est pas montré dans le livre. C’est à peine effleuré. Et le fait que le moindre caillou qui vient se glisser dans tout cet engrenage très précis pour fonctionner, fout le bordel dans notre tête parce qu’on a personne qui peut débroussailler tout ça. Personne qui peut venir vous garder la petite qui est malade, au dernier moment. Personne à qui dire « Putain, j’en ai marre de tout ça », « putain j’en crève de mon frigo de merde, tu veux bien t’en occuper ? »… Non. On est toute seule. Et pour peu qu’on n'ait pas d’amis, qu’on soit expat’, qu’on n'ait pas de famille sinon à 1000 bornes de là, on se sent encore plus seule ! Mais on y arrive. Parce qu’on n’a pas le choix, et parce qu’on se refuse d’échouer, parce qu’on n’a pas le droit !

C’est aussi penser à soi comme jamais, parce que plus laisse de place pour soi (femme), mieux on est mère pour ses enfants. Une mère célibataire qui fait le choix de n’être que mère va échouer là où elle voulait tant réussir… C’est ainsi parce qu’on ne peut pas être que ça, il ne faut pas être que ça. C’est se limiter, se réduire à un seul champ d'action. On est femme et on est mère et on doit être les deux pour se sentir bien dans sa peau.

Etre maman solo c’est aussi être démunie une fois qu’on est en vacances, lorsqu'on a que soi à penser, que les filles ne sont pas avec nous, une fois que le boulot est mis de côté. On se retrouve avec tellement de temps qu’on ne sait plus comment l’occuper. Il faut se réapproprier un calme, une tête qui n’a rien à organiser, à minuter et un temps qui paraît tellement énorme d’un seul coup, qu’il nous faut absolument quelque chose pour le remplir, son amoureux, mais il bosse, le shopping ou des travaux manuels qui peuvent occuper deux jours sans manger, sans boire et sans dormir (j’expérimente cela la semaine prochaine)… et il devient difficile, d’imaginer la vie sans 'tout ça', sans cet auguste bordel dans lequel on se doit de trouver un ordre pour finir chaque journée, chaque semaine avec son lot d'imprévus, son lot de "couilles dans le pâté", son lot d'inquiétudes, sont lot de remises en question, son lot de ras-le-bol, de 'j'y arriverai pas'… Une vie où tout se partage, où tout ne dépend plus que de soi-même, et cette impression tenace qu’on ne saura plus faire, qu'on aura toujours la même exigence, cette même impression de "réussir parce qu'on n'a pas le choix".

Cette exigence personnelle de rendement…Donner le meilleur de soi, gérer impeccablement, sans se plaindre, assumer tout, les choix, les non-choix… Un exemple simple… L'an prochain, mon contrat se termine mi-avril. J'avais le choix de trouver le moyen de finir l'année scolaire pour une transparence pour mes filles, ou le choix de partir parce que c'est fini. J'ai choisi, pour mes filles, le changement d'école en avril. Pas pour les perturber, mais pour éviter le choc d'une fin d'année scolaire avec leurs repères et un chamboulement brut de décoffrage à la rentrée, le choc du changement brutal, sans amis (qu'ils viennent de quitter), pour une arrivée en CP pour ma grande ? Je dis non… Ce qui paraît logique à tous ne l'est pas pour moi. Si choc il doit y avoir, autant qu'il soit tout de suite, avec une logique de fin de contrat, brutal, en cours d'année. Point ! Parce que reculer ne fait pas toujours mieux sauter. On doit sauter, on saute, toutes les trois en même temps dans une nouvelle vie ! Et elles auront deux mois pour s'habituer à l'école, aux nouveaux copains, pour une rentrée en septembre dans un endroit qu'elles auront déjà pratiqué.
Et ça, dès que j'en parle, j'ai droit aux remarques, comme quoi septembre serait mieux. Et quand je leur expose mon point de vue, elles n'ont rien à répondre, il n'y a pas qu'une seule logique, et il n'y a pas qu'une seule façon de procéder. Ma petite s'adapte vite. Ma grande est très émotive. La mettre à brûle pour point en primaire dans une école où elle n'a aucun repère, c'est voué à l'échec pour toute l'année scolaire… Curieusement, c'est pour leur bien que je vais agir ainsi. Même si peu sont convaincus de mon choix. Il est risqué mais il sera réussi, parce que je crois en ce choix-là et que je saurais les soutenir. Plus un parent doute de ses choix, plus l'enfant est contaminé par ces doutes, ces incertitudes et absorbe les angoisses. Un enfant a besoin de SECURITE, savoir qu'il peut compter sur l'adulte. Si l'adulte ploie, l'enfant aussi… Je les prépare déjà à notre départ l'an prochain. On organisera une grande fête avec leurs copains d'école, les deux filles réunies et on fera une fête de ce départ, parce que la nouvelle vie qui nous attend sera une belle vie à 4 avec tous les équilibres enfin possibles pour toutes les 3…

Et il n'y a rien de meilleur, je le sais, et je l'attends, j'en suis sûre… Rien de meilleur que cette vie de maman solo, quand elle va s'arrêter pour nous offrir un beau jardin.


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