Magazine Humeur

Mercredi saint

Publié le 31 mars 2010 par Hermas

Aujourd'hui les princes des prêtres et les anciens du peuple se sont réunis dans une des salles du Temple, pour délibérer une dernière fois sur les moyens de se défaire de Jésus On a discuté divers projets. Est-il prudent de mettre la main sur lui, en ce moment où la fête de Pâques retient dans la ville tant d'étrangers qui ne connaissent le Nazaréen que par l'ovation solennelle dont il a été l'objet il y a seulement trois jours ? Parmi les habitants de Jérusalem, n'en est-il pas aussi un grand nombre qui ont applaudi à ce triomphe, et dont l'enthousiasme pour Jésus serait à redouter ?

Mais comment se mettront-ils en possession de Jésus pour le mettre à mort ? Ils ont compté sans la trahison; mais voici que la trahison vient à leur secours. Un disciple du Sauveur demande à être introduit près d'eux; il a une proposition a leur l'aire : « Que me donnerez-vous, leur dit-il, et je vous le livrerai? » Quelle joie pour ces misérables ! Ils sont docteurs de la loi, et ils ne se souviennent pas du Psaume CVIII°, dans lequel David a prédit toutes les circonstances de cet infâme marché; ni de l'oracle de Jérémie, qui va jusqu'à exprimer le prix de trente pièces d'argent comme la rançon du Juste. Cette même somme, Judas vient la leur demander; ils la lui comptent sur l'heure. Tout est convenu. Demain Jésus sera dans Jérusalem ; il fera la Pâque. Sur le soir, il se rendra, selon son habitude, dans un jardin situé sur le penchant de la montagne des Oliviers. Mais, au milieu des ténèbres de la nuit, comment les gens chargés de l'arrêter le distingueront-ils de ses disciples ? Judas a tout prévu. Les soldats pourront en toute sûreté mettre la main sur celui auquel il aura donné un baiser.

Tel est l'horrible forfait qui s'accomplit aujourd'hui à l'ombre du Temple de Jérusalem. Deux jours avant le Vendredi Saint ! Ce Mercredi précisément ! pour faire amende honorable au Fils de Dieu si indignement outragé, la sainte Eglise, dès les premiers siècles, a consacré le jour du Mercredi à la pénitence. En nos temps encore, Les Quarante jours du Carême s'ouvre par un Mercredi; et lorsque l'Eglise, quatre fois dans l'année, aux Quatre-Temps, nous demande les jeûnes qui marquent chaque saison, le Mercredi est l'un des trois jours que nous devons consacrer à la mortification de notre corps.

Ce Jésus, notre Jésus, qui va être bafoué et soumis aux souffrances atroces de la Passion, l’Introït de la Messe, le chant d’entrée, nous invite à vénérer son Nom très Saint :

Qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre, et dans les enfers ; parce que le Seigneur s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la Croix ; c'est pour cela que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père.

Terminons cette journée en prenant à l'Eglise Grecque les strophes suivantes, qui se rapportent aux mystères du Mercredi saint, et que nous oublions trop souvent :

Aujourd'hui Judas a quitté son Maître  pour  se faire le disciple du diable ;  la passion de l'argent l'a aveuglé ; ébloui par la lumière, il est tombe. Peut-on dire qu'il avait encore l'usage de la vue, celui qui a vendu pour trente pièces d'argent la Lumière du monde ? Mais celui qui a souffert pour le monde s'est levé sur nous comme un soleil. Crions vers lui et disons : Vous qui avez eu compassion des hommes, et avez souffert pour eux, gloire à vous !

 

Qui t'a porté, Judas, à trahir le Sauveur? T'a-t-il retranché du collège des Apôtres? T'a-t-il privé du don de guérir les maladies . Dans la cène qu'il faisait avec les autres, t'a-t-il chassé de la table? Quand il a lavé les pieds des autres, a-t-il négligé les tiens ? Que de bienfaits envers toi ! et tu les as tous oubliés. Ton ingrat complot t'a rendu infâme. Son incomparable patience, son immense miséricorde sont connues de tous.

Hommes injustes, dites, qu'avez-vous entendu de la bouche de notre Sauveur? N'a-t-il pas exposé la Loi et les enseignements des Prophètes ? Pourquoi donc ce Verbe, qui est de Dieu et qui vient racheter nos âmes,voulez-vous le livrer à Pilate?

 

Ceux-là mêmes, ô Christ, qui avaient été comblés de vos continuelles faveurs, criaient : Qu'il soit crucifié ! Ces meurtriers des justes demandaient que celui qui avait fait le bien fût traité comme un malfaiteur : mais vous gardiez le silence, et vous supportiez leur méchanceté ; vous vouliez souffrir et nous sauver, ô ami des hommes.

 

Nos péchés nombreux nous enlèvent la hardiesse de parler; nais vous, Vierge Mère de Dieu, suppliez pour nous celui qui est né de vous. La prière d'une mère a un grand pouvoir sur la clémence du Seigneur. Ne méprisez pas l'humble demande des pécheurs, ô très chaste ! car il est miséricordieux et puissant pour sauver, celui qui est allé jusqu'à souffrir pour nous.

Nous allons méditer la dernière Station du Chemin de la Croix : Jésus mis au tombeau : tout semble fini… mais tout commence ! Lucifer a été vaincu de manière définitive ! Et la vie est offerte de nouveau à tous les hommes qui voudront l’accepter.

Aussi, avec cette Préface du Missel Ambrosien, rendons grâce au Seigneur pour le salut qu’Il nous a apporté, en cette veille du Jeudi Saint, où il va rendre présent son Sacrifice à toutes les générations, en se rendant présent dans le Sacrement de l’Eucharistie :

Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces, sans cesse, ici et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur qui a daigné souffrir, quoique innocent, pour les impies, et être injustement condamné pour les coupables. C'est sa mort qui a effacé nos péchés, et sa résurrection qui nous a ouvert les portes du Paradis. C'est en son nom que nous supplions votre miséricorde de nous purifier aujourd'hui de la tache de nos péchés, et demain de nous rassasier du mets sacré de l'auguste Cène. Acceptez aujourd'hui la confession de nos fautes: demain accordez-nous l'accroissement des dons spirituels. Aujourd'hui vous recevez le sacrifice de nos jeûnes : demain introduisez-nous dans la salle du divin festin. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen

QUATORZIEME STATION DU CHEMIN DE CROIX

Jésus est mis au tombeau

/V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,59-61

Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul neuf, et il le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Cependant Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.

MÉDITATION

Jésus, objet de mépris et d’outrages, est déposé, avec tous les honneurs, dans un tombeau neuf. Nicodème apporte cent livres d’un mélange de myrrhe et d’aloès, qui doit répandre un parfum précieux. Voici que dans l’offrande du Fils se manifeste, comme au moment de l’onction de Béthanie, une démesure qui nous rappelle l’amour généreux de Dieu, la «surabondance de son amour». Dieu s’offre généreusement lui-même. Si la mesure de Dieu est la surabondance, pour nous aussi rien ne devrait être trop, vis-à-vis de Dieu. C’est ce que Jésus lui-même nous a appris dans le discours sur la montagne (cf. Mt 5,20). Mais il faut aussi nous souvenir des paroles de saint Paul sur Dieu qui, «par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance [du Christ]. Car nous sommes bien ... la bonne odeur du Christ» (2 Co 2, 14s). Au milieu de la décomposition des idéologies, notre foi devrait être à nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence à s’accomplir la parole de Jésus: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12,24). Jésus est le grain de blé qui meurt. A partir du grain de blé mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde: c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanité tout entière et de lui donner la nourriture de manière surabondante: par la croix et la résurrection, le Verbe éternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de Jésus, resplendit le mystère de l’Eucharistie.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ, par ta mise au tombeau, tu as fais tienne la mort du grain de blé, tu es devenu le grain de blé mort qui donne beaucoup de fruit tout au long des temps, jusqu’à l’éternité. Du tombeau, resplendit pour tous les temps la promesse du grain de blé, d’où provient la manne véritable, le pain de vie par lequel tu t’offres toi-même à nous. Par l’Incarnation et la mort, la Parole éternelle est devenue la Parole proche: tu te mets entre nos mains et dans nos coeurs pour que ta Parole croisse en nous et donne du fruit. Tu te donnes toi-même à travers la mort du grain de blé, pour que, à notre tour, nous ayons le courage de perdre notre vie pour la trouver et que, nous aussi, nous ayons confiance en la promesse du grain de blé. Aide-nous à aimer toujours davantage ton mystère eucharistique et à le vénérer, à vivre vraiment de Toi, Pain du ciel. Aide-nous à devenir ta «bonne odeur», à rendre perceptibles les traces de ta vie en ce monde. De même que le grain de blé se relève de terre, forme une tige puis un épi, de même, tu ne pouvais rester dans le tombeau: le tombeau est vide, parce que lui – le Père – ne t’a pas «abandonné à la mort, et ta chair n’a pas connu la corruption» (cf. Ac 2,31; Ps 15, 10 LXX). Non, tu n’as pas connu la corruption. Tu es ressuscité et, à la chair transformée, tu as ouvert un espace dans le coeur de Dieu. Fais que nous puissions nous réjouir de cette espérance et que nous puissions la porter joyeusement au monde, fais de nous des témoins de ta résurrection.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;+
sed libera nos a malo.

 

Quando corpus morietur,  
fax ut animæ donetur  
paradisi gloria. Amen.

Au moment où mon corps mourra,
fais qu'à mon âme soit donnée
la gloire du Paradis. Amen.


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