Magazine Humeur

Jeudi saint

Publié le 01 avril 2010 par Hermas
INSTITUTION DE LA SAINTE EUCHARISTIE 

CECI EST MON CORPS 

CECI EST MON SANG 

Comment comprendre ces paroles bouleversantes, le Testament de Jésus, au moment où « son Heure est venue de passer de ce monde à son Père » ? 

Dans un sens symbolique, comme l’on dit, par exemple, en montrant une photo de ses parents : « Ce sont mes parents » ? C’est une image des Parents, tout simplement.  

Ou bien dans un sens réel, concret, en attribuant aux paroles de Jésus toute leur puissance divine, qui fait, de ce pain et de ce vin, sa Présence Réelle. Jésus présent au milieu de nous sous les apparences du pain et du vin. Et alors, quand le prêtre prononce ces paroles « ceci est mon Corps, ceci est mon Sang », toute la substance du pain deviennent Jésus, présent avec son Corps, son Sang, son Ame et sa Divinité, comme le proclame la Foi Catholique depuis ses origines. 

Ou bien c’est simplement faire mémoire de ce qu’il a fait le soir de la Dernière Cène : et alors, quand le prêtre prononce ces paroles de Jésus, il fait mémoire de ce qui s’est passé il y a 2000 ans, et le pain reste du pain, le vin reste du vin… comme, hélas, un nombre croissant de prêtres, le croit, et l’enseigne aux fidèles. 

La compréhension des Paroles de Jésus est capitale : c’est le Miracle par excellence par lequel Jésus se rend présent jusqu’à la fin des siècles, ou bien c’est une simple mémoire, un simple souvenir, une évocation de ce qui s’est passé à la Dernière Cène.  

C’est la foi de l’Eglise Catholique ! et il ne peut prétendre être catholique, ni même chrétien (nous le verrons) celui qui nie ce Mystère de la Foi

Pour cela, je me propose d’étudier les passages principaux de l’Ecriture où Dieu « dit », et les passages de l’Evangile où Jésus « dit ». En effet, on ne peut interpréter à notre aise les paroles de Jésus, selon les circonstances. On doit les prendre « en bloc » et discerner objectivement, leur valeur, leur action concrète, et non pas faire un tri entre ce qui nous semble « possible » ou « impossible ». Jésus n’a pas fait de miracles pour se faire valoir aux yeux des gens. Il a fait des milliers de miracles. Mais les Evangélistes n’ont retenu que les plus significatifs, ceux qui nous permettent de comprendre réellement qui est Jésus, et donc de comprendre ce qu’il a voulu, dire, par ses propres paroles « Ceci est mon Corps », « Ceci est mon Sang » 
 

Les paroles de Dieu 

Le Livre de la Genèse nous cite les premières paroles de Dieu, lors de la création du monde. Reprenons-les scrupuleusement :

Genèse, chapitre 1° 

3.  Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut.

6.  Dieu dit : Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux et il en fut ainsi.

9.  Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent et il en fut ainsi.

11.  Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence et il en fut ainsi.

14.  Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu'ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années;

15.  qu'ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre et il en fut ainsi.

20.  Dieu dit : Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel et il en fut ainsi.

24.  Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi.

26.  Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre.

27.  Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.

29.  Dieu dit : Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture.

30.  A toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes et il en fut ainsi.

31.  Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour.

Dieu dit… et il en fut ainsi : cette expression revient 7 fois dans le textes de la Genèse. Pour la création de l’homme, les termes changent : « Dieu créa », car il crée quelque chose de nouveau, qui change avec le reste de ce qu’il vient de créer. « Homme et femme il les créa » (il en fut ainsi, parce qu’il voulait qu’il en soit ainsi). Et la conclusion résume l’ensemble de la création : Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon » 

Dieu dit… et il en fut ainsi : La Parole de Dieu est Toute-puissante, et elle produit ce que Dieu veut et ce qu’il dit, et ce que Dieu veut ne peut qu’être bon ! « Ipse dixit et creata sunt »  
 

Les paroles de Jésus 

Les Evangiles nos transmettent de nombreuses paroles de Jésus, ses discours, son enseignement aux foules, ses prières. Arrêtons-nous simplement aux paroles prononcées par Jésus quand il opère un miracle : 

Guérison d’un lépreux (Marc 1, 42 ;  //Matthieu 6, 3 ; Luc 5, 12)

Jésus dit au, lépreux : « Jésus…lui dit : Je, le veux sois guéri .Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut guéri ».  

Guérison d’un homme à la main desséchée (Matthieu 12, 13 ; // Marc 3, 5 ; Luc 6, 10)

« Alors, il (Jésus) dit à l’homme : Etends ta main. Il l’étendit, et elle était remise en état » 

Guérison d’un sourd-bègue (Marc 7, 34-35)

« Puis, levant les yeux au ciel, il poussa un gémissement, et lui dit : Ephphatha, c’est-à-dire Ouvre-toi. Et ses oreilles s’ouvrirent, et aussitôt le lien de sa langue se dénoua et il parlait correctement » 

Jésus guérit le démoniaque épileptique (Marc 9, 25-26)

« …Jésus menaça l’esprit impur et lui dit : esprit muet et sourd, je te l’ordonne sors de lui et n’y rentre plus. Après avoir poussé des cris et l’avoir violemment secoué, il sortit ». 

Guérison d’un infirme à la piscine de Bézatha (Jean 5, 8-9)

« …(Jésus) lui dit : veux-tu guérir ?... Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat et marche. A l’instant l’homme fut guéri, il prit son grabat et il marchait » 

Résurrection de la fille de Jaïre (Marc 5, 41-42a ; //Matthieu 25 ; Luc 8, 54-55)

« Et (Jésus) prenant la main de l’enfant, il lui dit : Talitha koum, ce qui signifie : Fillette, je te le dis, lèvre-toi ; Aussitôt la fillette se leva et elle se mit à marcher car elle avait douze ans » 

Résurrection du fils de la Veuve de Naïm (Luc 7, 14-15)

« (Jésus), s’approchant toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Alors, il dit : Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. Et le mort, se dressa sur son séant et se mit à parler » 

Résurrection de Lazare (Jean 11, 43-44)

Après avoir prié son Père, devant le tombeau où Lazare se trouvait depuis quatre jours « Il cria d’une voix forte : Lazare, viens ici. Dehors. Le mort sortit, les pieds et les mains liées de bandelettes et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller ». 

La tempête apaisée (Marc 4, 39)

Une tempête surprend les Apôtres qui traversent le lac en barque, avec Jésus. Jésus dort. Les Apôtres, apeurés le réveillent : « Maître, tu, ne te soucies pas de ce que nous périssons ? S’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : Silence, calme-toi. Et le vent tomba, et il se fit un grand calme ». 

Par sa parole, Jésus chasse les démons, guérit les lépreux, fait marcher les infirmes et les paralytiques, ait entendre les sourds et parler les muets, ressuscite, un fils unique, la fille de Jaïre et son ami Lazare, et commande aux éléments, en calmant la tempête. Par sa seule parole. Immédiatement. 

Tous ces miracles ont eu de nombreux témoins, car tous voyaient le résultats concrets, et pouvaient constater la réalité de la puissance de la parole de Jésus. Mais cela ne suffit pas encore à Jésus, car il n’est pas venu seulement pour guérir les malades de son époque, même s’il opéra des milliers de miracles aux dires de saint Jean à la fin de son Evangile (il les appelle des « signes, donc des faits concrets, comme à Cana, qui indiquent une réalité que les juifs de l’époque ne voient pas encore). 

Le miracle le plus éclatant, le plus éclairant, le plus significatif sur la réalité  de la puissance de la Parole de Jésus, c’est la guérison du paralytique. Je cite en entier le récit de Marc (2 1-12 ; // Matthieu 9, 1-8 ; Luc 5, 17-26). 

Marc chapitre 2°

1.  Comme il était entré  de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison.

2.  Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole.

3.  On vient lui apporter un paralytique, soulevé par quatre hommes.

4.  Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent la terrasse au-dessus de l'endroit où il se trouvait et, ayant creusé  un trou, ils font descendre le grabat où gisait le paralytique.

5.  Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Mon enfant, tes péchés sont remis. »

6.  Or, il y avait là, dans l'assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs cœurs :

7.  « Comment celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? »

8.  Et aussitôt, percevant par son esprit qu'ils pensaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : «  Pourquoi de telles pensées dans vos cœurs ?

9.  Quel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi, prends ton grabat et marche ?

10.  Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre,

11.  je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t'en chez toi. »

12.  Il se leva et aussitôt, prenant son grabat, il sortit devant tout le monde, de sorte que tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant : « Jamais nous n'avons rien vu de pareil. »

Jésus n’accomplit pas de miracles « gratuits », et chacune de ses paroles est « pensée » et « pesée. Il sait très bien qu’on lui apporte ce paralytique pour qu’il le guérisse. Mais il tient, par ce miracle, à donner un sens à ses miracles, pour qu’ils deviennent des « signes » comme les appelle Saint Jean, des révélations Aussi, à la surprise du paralytique, certainement, des porteurs, et au grand scandale des scribes, il s’adresse au paralytique et lui dit, chose inattendue, surprenante et « choquante » pour les scribes : « Tes péchés te sont remis. 

La réaction des scribes est juste : « Comment celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? ». C’est vrai, Dieu seul peut remettre les péchés ! Et Jésus , en disant ces paroles, le sait mieux que quiconque. Il n revient pas sur ce qu’il a dit, malgré les protestations des scribes. Au contraire, il insiste, et va donner un signe, le miracle, qui devient la preuve que sa Parole est toute puissante, non seulement pour faire des miracles concrets, des choses que tous peuvent constater, mais aussi pour des choses dont one ne voit pas le résultat avec nos yeux humains, le miracle, le « signe », devient alors le garant, la preuve de ce qu’il affirme. Aussi déclare-t-il solennellement : « 

« Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre,

je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t-en chez toi. »

Et si le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, et la guérison du paralytique en est le garant et la preuve, il est Dieu, car seul Dieu, les scribes l’ont dit très justement, peut remettre les péchés. 

La Parole de Jésus est la Parole de Dieu, comme dans la Genèse : « Dieu dit… et il en fut ainsi » 

Aussi, quand Jésus, à la Dernière Cène prononce ces paroles sacrées et solennelles : CECI EST MON CORPS, CECI EST MON SANG, le grand Mystère de la Foi s’accomplit : c’est Jésus, Corps, Sang, Ame et Divinité, présent dans son Sacrifice, qu’il accomplira de manière sanglante le lendemain, et non plus du pain et du vin. 

Le nier, refuser de croire en la Présence Réelle, c’est nier que Jésus soit le Fils de Dieu. Tout chrétien qui ne croit pas en la réalisation des Paroles Sacrées prononcées par Jésus sur le Pain et sur le Vin, « CECI EST MON CORPS, CECI EST MON SANG », ne peut pas dire qu’il croit que Jésus est le fils de Dieu 

Jésus en effet n’est pas Dieu « à moitié » même s’il s’est fait chair. Il est Dieu avec tous les attributs divins (dont la parole toute puissante : « et par lui tout a été fait : Dieu dit : et il en fut ainsi) ; ou bien il ne l’est pas. 

Comment alors un chrétien qui dit qu’il croit que Jésus est Fils de Dieu, Dieu Tout-puissant donc, dont la Parole est toute-puissante peut-il ne pas croire que lorsque Jésus dit « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang », c’est Jésus qui devient réellement présent sous les espèces du pain et du vin ? Sa foi est incohérente, qu’il le veuille ou non, car on ne peut prendre les Evangiles « au choix » Pour lui, à ce moment, Jésus est Dieu « à moitié ». Sur quels critères peut-il affirmer cela ?  

On croit à  tout, ou on ne croit pas du tout. Tout est là : Jésus est Fils de Dieu, ou bien il ne l’est pas. Saint Jean le dit clairement :  

Jean, chapitre 20°

30.  Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31.  Ceux-là  ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.

Et Saint Paul déclare, et ce doit être un avertissement et une invitation pour tous les chrétiens à réfléchir sur leur foi, et en particulier sur ce qui est le centre de la vie chrétienne : l’Eucharistie, le Sacrifice du Christ, la Sainte Messe. Je cite ce passage dans son entier : 

1 Corinthiens chapitre 11°

23.  Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain

24.  et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. »

25.  De même, après le repas, il prit la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi. »

26.  Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.

27.  Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur.

28.  Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ;

29.  car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps.

C’est-à-dire : s’il ne reconnaît pas que ce qu’il reçoit est vraiment le Corps du Christ, le Seigneur Jésus, Fils de Dieu, Dieu ! Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI a rappelé dernièrement avec force et autorité ce grand Mystère : La chair de Dieu nourrit notre chair ». 

Qui est encore chrétien ? Qui est encore catholique ? C’est sur ce critère de la foi en l’Eucharistie, Présence Réelle de Jésus, de Dieu parmi nous, et en nous, que repose la réponse à ces questions. Je crois en l’Eucharistie, en la Présence Réelle, en la transsubstantiation : alors je suis chrétien. Je n’y crois pas : alors je ne suis pas chrétien

Nous, nous y croyons. Comme le disait Maman dans sa méditation du lundi 1° mars 1915 : 

Résolutions :

1° Je croirai en la parole de Jésus-Christ qui ne peut, puisqu’il est Dieu, ni se tromper ni nous tromper

2° Je le visiterai souvent dans son Tabernacle.

3° Je m’approcherai régulièrement de la Sainte Table ; mon âme a tant besoin de sa vie, et mon corps, de son immortalité glorieuse.

Prière

Mon Jésus, faites de moi une croyante inébranlable en la puissance de vos paroles, le miracle de la transsubstantiation eucharistique, afin que je puisse, en votre Sacrement, recevoir la vie pour mon âme et la résurrection glorieuse pour mon pauvre corps 

Et c’est pourquoi nous adorons Jésus dans le Très Saint Sacrement de l’Autel, nous le prions et nous chantons le Divin Rédempteur, unis à tous les Chœurs des Anges : 

      Ave Verum

Ave verum corpus

natum de Maria virgine ; 
Vere passum, immolatum in cruce pro homine . 
Cujus latus perforatum fluxit aqua et sanguine, 
Esto nobis praegustatum mortis in examine. 
O Jesu dulcis !O Jesu pie !

O Jesu, fili Mariae.

Salut, ô vrai corps, né de la Vierge Marie. Qui avez véritablement souffert, et avez été immolé sur la Croix pour les hommes.

Vous dont le côté entr'ouvert a versé du sang et de l'eau.

Puissions-nous, à l'heure de la mort,

vous recevoir par la communion avant le jugement.

O doux Jésus ! O bon Jésus ! O Jésus, fils de Marie !

      Adoro Te 

Adoro te devote, latens Deitas

qui sub his figuris vere latitas

tibi se cor meum totum subjicit,

quia te contemplans totum deficit. 

Visus, tactus, gustus in te fallitur

sed auditu solo tuto creditur

credo quidquid dixit Dei Filius

nil hoc veritatis verbo vertus, 

In cruce latebat sola deitas,

at hic latet simul et humanitas

ambo tamen credens atque confitens;

peta quod petivit latro poenitens, 

Plagas, sicut Thomas, non intueor,

Deum tamen meum te confiteor,

fac me tibi semper magis credere

in te spem habere, te diligere.

 
0 memoriale mortis Domini !

Panis vivus, vita praestans homini

praesta meae menti de te vivere,

et te illi semper dulce sapere

 
Pie pellicane, Jesu domine

me immundum munda tuo sanguine.

cujus una stilla salvum facere

totum mundum quit ab omni scelere

 
Jesu, quem velatum nunc aspicio

oro fiat illud, quod tam sitio :

ut te revelata cernens facie

visu sim beatus tuae gloriae. Amen.

Je vous adore profondément, ô Dieu réellement caché sous ces apparences; mon cœur se soumet à vous tout entier, parce que, en vous contemplant, tout entier il est anéanti. 
 
La vue, le toucher, et le goût sont ici en défaut; l'ouie seule assure ma foi; je crois tout ce qu'a dit le Fils de Dieu; rien n'est plus vrai que la parole de la Vérité même. 
 
Sur la croix, la divinité seule était cachée; ici la divinité et l'humanité se cachent également: croyant néanmoins et confessant l'une et l'autre, je vous demande, Seigneur, ce que vous demandait le larron pénitent. 
 
Je ne vois pas vos plaies comme Thomas les a vues; cependant je vous reconnais pour mon Dieu; faites que toujours de plus en plus, je crois en vous, j'espère en vous, et je vous aime. 
 
O mémorial de la mort du Seigneur, pain vivant qui donnez la vie à l'homme, donnez à mon âme de ne vivre que de vous et de trouver toujours en vous sa joie et ses délices. 
 
O Pélican plein de tendresse, Seigneur Jésus, que votre sang me purifie de mes souillures; ce sang, dont une seule goutte suffit pour effacer tous les péchés du monde. 
 
O Jésus, que je contemple à travers un voile, je vous prie, réalisez le désir ardent de mon âme; faites qu'un jour, vous voyant sans voile, face à face, je sois bienheureux à la vue de votre gloire. Ainsi soit-il

      Pange Lingua (Tantum Ergo)

Pange lingua gloriosi 
Corporis mysterium, 
Sanguinisque pretiosi, 
Quem in mundi pretium 
Fructus ventris generosi, 
Rex effudit gentium. 
 
Nobis datus, nobis natus 
Ex intacta Virgine 
Et in mundo conversatus, 
Sparso verbi semine, 
Sui moras incolatus 
Miro clausit ordine. 
 
In supremae nocte cenae 
Recum bens cum fratribus, 
Observata lege plene 
Cibis in legalibus, 
Cibum turbae duodenae 
Se dat suis manibus 
 
Verbum caro, panem verum 
Verbo carnem efficit: 
Fitque sanguis Christi merum, 
Et si sensus deficit, 
Ad firmandum cor sincerum 
Sola fides sufficit. 
 
Tantum ergo Sacramentum 
Veneremur cernui: 
Et antiquum documentum 
Novo cedat ritui: 
Praestet fides supplementum 
Sensuum defectui. 
 
Genitori, Genitoque 
Laus et iubilatio, 
Salus, honor, virtus quoque 
Sit et benedictio: 
Procedenti ab utroque 
Compar sit laudatio. Amen.
Chante, ô ma langue, le mystère 
De ce corps très glorieux 
Et de ce sang si précieux 
Que le Roi de nations 
Issu d'une noble lignée 
Versa pour le prix de ce monde 
 
Fils d'une mère toujours vierge 
Né pour nous, à nous donné, 
Et dans ce monde ayant vécu, 
Verbe en semence semé, 
Il conclut son temps d'ici-bas 
Par une action incomparable : 
 
La nuit de la dernière Cène, 
A table avec ses amis, 
Ayant pleinement observé 
La Pâque selon la loi, 
De ses propres mains il s'offrit 
En nourriture aux douze Apôtres. 
 
Le Verbe fait chair, par son verbe, 
Fait de sa chair le vrai pain; 
Le sang du Christ devient boisson; 
Nos sens étant limités, 
C'est la foi seule qui suffit 
pour affermir les coeurs sincères. 
 
Il est si grand, ce sacrement ! 
Adorons-le, prosternés. 
Que s’effacent les anciens rites 
Devant le culte nouveau ! 
Que la foi vienne suppléer 
Aux faiblesses de nos sens ! 
 
Au Père et au Fils qu’il engendre 
Louange et joie débordante, 
Salut, honneur, toute-puissance 
Et toujours bénédiction ! 
A l’Esprit qui des deux procède 
soit rendue même louange. Amen.

Verbum Supernum Prodiens (O Salutaris Hostia)

Verbum supernum prodiens,

Nec Patris linquens dexteram,

Ad opus suum exiens

Venit ad vitae vesperam.  

In mortem a discipulo

Suis tradendus aemulis

Prius in vitae ferculo

Se tradidit discipulis.  

Quibus sub bina specie

Carnem dedit et sanguinem,

Ut duplicis substantiae

Totum cibaret hominem.  

Se nascens dedit socium,

Convescens in edulium,

Se moriens in pretium,

Se regnans dat in praemium.  

O salutaris Hostia,  
Quae coeli pandis ostium. 
Bella premunt hostilia  
Da robur fer auxilium. 
 
Uni trinoque Domino  
Sit sempiterna gloria. 
Qui vitam sine termino  
nobis donet in patria. 
Amen.

 
Le Verbe descend des cieux

Sans quitter la droite du Père.

Sorti pour accomplir son œuvre

Il vient au soir de sa vie.  

Avant d'être livré par un disciple

Aux ennemis pour mourir,

Le premier, il se livre lui-même

Aux disciples, aliment de vie.  

A eux, sous une double espèce

Il donne sa chair et son sang,

Afin de nourrir tout l'homme

En sa double substance.  

Naissant, il se fait notre compagnon,

Commensal, notre nourriture,

Mourant, notre rançon,

Régnant, notre récompense.  

O salutaire hostie,

Qui ouvre la porte du ciel,

Des guerres violentes nous pressent

Donne-nous force et secours.  

Au Seigneur Trine et Un,

Soit gloire à jamais!

Qu'il nous donne dans la patrie

La vie sans terme.

Amen.

 Anima Christi (Ame du Christ)

  • Ame du Christ sanctifiez-moi, 
    Corps du Christ, sauvez-moi.

  • Sang du Christ, enivrez-moi, 
    Eau du côté du Christ, lavez-moi. 
    Passion du Christ fortifiez-moi. 
    O bon Jésus, exaucez-moi. 
    Dans vos saintes plaies, cachez-moi. 
    Ne permets pas que je sois séparé de vous. 
    De l’esprit main délivrez-moi-moi. 
    À l’heure de ma mort appelez-moi. 
    Et commandez que je vienne à vous à vous, 
    Afin qu’avec vos saints je vous loue, 
    Dans les siècles des siècles. 
    Ainsi soit-il. 
     

     Terminons cette Sainte Journée, qui verra l’arrestation de Jésus au Jardin des Oliviers, et le commencement de sa Passion, en récitant cette Préface du Missel gothique des Eglises d'Espagne, qui a pour objet l'un des mystères de cette sainte journée : 

Il est digne et juste, Seigneur saint, Père tout-puissant, que nous vous rendions grâces, à vous et à Jésus-Christ votre Fils, dont la bonté a recueilli notre misère, dont  l'humilité a relève notre bassesse ; qui étant livré nous a dégagés, étant  condamné nous a rachetés , étant crucifié nous  a  sauvés ! Son  sang nous purifie, sa chair nous nourrit. C'est aujourd'hui qu'il s'est livré pour nous, aujourd'hui qu'il a délié les liens de nos péchés. Pour signaler sa bonté et son humilité sublime  aux yeux de ses fidèles, il n'a pas dédaigné de laver les pieds du traître,  dont il voyait déjà la main engagée dans le crime. Mais quoi d'étonnant si, la veille de sa mort, remplissant l'office d'un  serviteur,  il dépose ses vêtements, lui qui,  étant dans la nature  même de  Dieu, avait daigné s'anéantir lui-même? Quoi d'étonnant, si nous le voyons  ceint d'un linge,  lui qui,  prenant la forme d'esclave, a paru dans la nature  humaine ? Quoi d'étonnant s'il verse de l'eau dans  un bassin pour laver les  pieds  de ses disciples, lui qui a répandu son sang sur la terre pour enlever les souillures des pécheurs ? Quoi d'étonnant si, avec le linge dont  il était ceint, il essuya les pieds qu'il avait lavés, lui qui,  revêtu de la chair, a affermi les pas de ceux qui devaient annoncer son Evangile  ?  Avant  de s'entourer de ce  linge,  il déposa  les  vêtements qu'il avait  ; lorsqu'il s'anéantit en  prenant la  nature  d'esclave, il ne déposa pas ce qui était en lui, mais il prit ce qu'il n'avait pas. Quand on le crucifia,  il fut  dépouillé de ses vêtements ; mort, il  fut  enveloppé de linceuls ; et sa Passion tout entière a été la purification des croyants. Avant de souffrir la  mort,  il donna des marques de sa bonté, non seulement à ceux auxquels sa mort devait être utile, mais à celui même qui  devait le livrer à la mort. Certes, l'humilité est utile à l'homme, puisque la majesté divine daigne la recommander par un tel exemple. L’homme superbe était perdu  à jamais ,  si un Dieu humble  ne se  fût  mis à sa recherche ; si celui qui avait péri en partageant l'orgueil de son séducteur, n'eût  été sauvé par l'abaissement de son   miséricordieux   Rédempteur, à qui les Anges et les Archanges ne cessent de chanter tout d'une même voix : Saint ! Saint ! Saint 
 


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