Magazine Journal intime

« Se moucher tue »

Publié le 02 avril 2010 par Anaïs Valente

L'autre soir, soit un soir comme les autres, je monte gentiment me coucher, me réjouissant de l'accueil que va me réserver mon nid douillet.

Et comme tous les autres soirs, j'ai le nez bouché.  Enfin un peu, mais tout de même.  Alors, comme tous les autres soirs, je saisis mon mouchoir en tissu... pour me moucher.  Ben tiens.

Petite parenthèse pour ceux qui vont me dire « un mouchoir en tissu, eeeeeeeeeeeeeerk. »  Moi, j'ai été élevée au mouchoir en tissu.  J'ai toujours utilisé des mouchoirs en tissu.  Et j'aime les mouchoirs en tissu.  D'abord, c'est plus doux.  Et pour moi, qui ai toujours la goutte au nez, c'est plus agréable.  Et puis, c'est recyclable, dans la machine à laver et, abracadabra, des mouchoirs propres.  Ensuite, c'est écolo, passque hein, comme je l'ai lu récemment dans No Impact Man (livre qui me traumatise au quotidien depuis plusieurs jours), chaque mouchoir en papier, chaque serviette en papier, chaque bout de papier WC, c'est un bout d'arbre mort.  Bon, pour le papier WC, j'ai pas encore trouvé de solution, je l'avoue.  Et en dehors de chez moi, je fais usage de mouchoirs en papier.  Mais chez moi, vive le tissu.  Mon seul défaut, est que j'ai tendance à utiliser mon mouchoir en tissu plusieurs fois, ce qui n'est pas une bonne idée, tant en matière d'hygiène qu'en matière... de quoi... euh, chais pas, mais ce n'est pas une bonne idée, la suite de l'histoire le démontrera.

Fin de la parenthèse.

Donc, j'entreprends de me moucher.  Couchée sur mon lit, bien au chaud sous la couette, déjà.  J'extirpe un mouchoir de sous mon oreiller.

Et pour me moucher, moi, j'aspire d'abord de l'air, afin de le souffler ensuite et de propulser les... enfin vous voyez quoi, dans le mouchoir.  J'imagine que tout le monde fait pareil, mais j'avoue que je n'ai pas encore entrepris une étude approfondie sur la manière dont les gens se mouchent.

Donc, j'entreprends de me moucher (bis) et j'avale une énorme goulée d'air, en prévision de la propulsion d'air encore plus énorme qui va suivre.

Et c'est en avalant cette goulée d'air que le drame se produit.

Un drame dramatiquement dramatique, vous vous en doutez, ô chers lecteurs.

Un objet non identifié est aspiré en même temps, objet provenant d'on ne sait où, puisqu'il est non identifié.  Mais vu qu'au moment où il est catapulté dans ma gorge, j'ai le mouchoir sur le nez, et que le mouchoir a déjà servi (eeeeeeeeeeeeeerk), je crains le pire.  Ne quittez pas ce blog, promis, pas de détails glaireux à l'horizon, je le jure, je le crache, foi de mollard.   Vu la vitesse d'aspiration donc (je n'ai pas non plus fait une étude sur la vitesse de l'air lors d'une aspiration prémouchage, mais j'imagine qu'elle est élevée), l'OPNI (objet propulsé non identifié) va immédiatement se coller au fond de mon gosier, là où ce n'est plus tout à fait le palais, mais là où ce n'est pas encore la gorge, vous voyez ?  Un peu après la luette.  Dans la descente quoi.

Il va se coller, et il reste là.  Je le sens.  Et, en une fraction de seconde, j'imagine ce que ça peut être.  Et d'imaginer ça (un bout de crotte de nez du mouchage précédent, vous l'avez compris, of course), c'est pas la joie, je vous l'assure.  Mais je n'ai pas le choix.  Je décide d'avaler un peu de salive, histoire de faire descendre l'OPNI au plus vite.  Entre deux accès de toux (passque le corps humain est bien fait, dès qu'un truc le dérange, il tente de s'en défaire, au moyen, par exemple, de globules blancs ou de quintes de toux), j'avale.  En vain.  L'objet reste collé.  Il doit être collant pour rester à ce point collé.  Ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser.  Juste avaler.

Après deux ou trois tentatives, je réalise que mon OPNI ne bougera pas.  Qu'il est là et bien là.  Alors, je décide de me rendre à la salle de bains pour avaler un gobelet d'eau et enfin faire descendre la chose.

Je me lève. 

Mais mon corps n'accepte toujours pas la présence de l'OPNI, et me le fait savoir à grands coups de nausées, maintenant.  C'est horrible.  Dingue, comme les réactions sont rapides.  Je sens ce truc dans mon gosier.  Et je sens mon estomac prêt à faire ressortir tous les sushis fabriqués de mes blanches mains que j'y ai emmagasinés (car je reviens d'une soirée sushis), ce serait dommage.  Nausée.  Trois pas.  Toux.  Re-nausée.  Six pas.  Toux.  Re-re-nausée.  Quatre pas.  Grosse toux. 

A mon arrivée devant l'évier, je n'ai pas (encore) vomi, ce qui est déjà une chance.  Et une dernière quinte de toux violente parvient enfin à renvoyer l'OPNI à son expéditeur.  Enfin, pas tout à fait, car il se colle sur une de mes molaires droites.

Je ne réfléchis pas et avale illico de la bonne eau fraîche, pour calmer mon gosier traumatisé par la toux et l'OPNI.

Une fois mon souffle récupéré et les nausées évacuées, je prends le risque ultime, et j'extirpe l'OPNI, toujours scotché à ma molaire.

Et je l'observe attentivement.

C'est une grosse « peluche » provenant de ma housse de couette en molleton.  Pas une crotte de nez, non, juste une « peluche » en molleton.

Ouf.



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