Magazine Journal intime

J'ai honte de mon pays

Publié le 03 avril 2010 par Anaïs Valente

Oui, j'ai vraiment honte de vivre en Belgique, et pourtant, avant, j'aimais mon pays.  Mais là, j'ai honte.  J'ai honte de tout ce bordel dont je ne comprends pas le quart de la moitié du tiers, mais qui fait que je me demande si la guerre civile ne va pas finir par éclater un jour ou l'autre.  Ça vous semble absurde ?  Moi aussi... mais... de moins en moins.

J'ai découvert, en retard, comme d'hab, que François Pirette s'était fait passer pour un consul de Paris auprès d'une commune belge néerlandophone, pour obtenir des renseignements.  Et l'employé communal lui confirme, à de nombreuses reprises, tant en néerlandais que, finalement en français, après accord du bourgmestre car il est français, et consul (donc non belge et haut placé), qu'il a l'interdiction formelle de parler français.  Un règlement communal sans doute.  En tout cas, aux dires de l'employé, une décision du bourgmestre.

Non mais sérieusement, dans quel monde on vit ?

Au bureau, ça se ressent aussi, si je dois téléphoner en Flandre, c'est le stress de malade, et je garde toujours un collègue qui parle bien néerlandais à portée de cornet, des fois qu'on me réponde « nee » à mon timide « spreekt U frans ? »

Pourtant, je tente de m'adapter.  De baragouiner en néerlandais tant que je peux.  Souvent, je l'avoue, l'interlocuteur comprend les difficultés, et me parle alors français.  Ou alors, et ça c'est la super solution de la mort qui tue : je parle français, lui néerlandais, et on se comprend parfaitement, c'est l'essentiel, chacun fait ce qui est le plus facile, et l'autre comprend et fait pareil.  J'ai aussi beaucoup parlé durant un temps à un américain, par téléphone ou mail.  C'était épique, mais rigolo.  Et je me débrouille mieux en anglais qu'en néerlandais, ce qui semble être le cas de certains employés de communes francophones.  L'essentiel n'est-il pas d'essayer ?

Ensuite, une radio néerlandophone, en réaction à ce qu'a fait François Pirette, a tenté la même expérience dans diverses communes francophones.  Et là, si on parle peu néerlandais, ou très mal, on a au moins le mérite de tenter de trouver une solution : passer un collègue qui le parle, répondre en anglais, proposer de rappeler ...  Jamais on ne parle d'interdiction de parler néerlandais.  Passque, en Wallonie, ce n'est pas interdit.

Passque, aussi étrange que ça puisse paraître, on a encore le sentiment d'être un et un seul pays.

Vraiment, j'ai honte.

Déjà qu'en Belgique, on ne peut plus afficher sa « richesse » sans avoir des remarques des tribunaux, maintenant, on ne peut plus parler une langue nationale au-delà de la frontière linguistique.

L'appel de François Pirette (beaucoup de néerlandais au début, navrée pour ceux qui comprennent mal, mais Pirette retraduit tout dans ses réponses ou presque, et la fin est en français, et elle est sidérante)

Les appels de la radio néerlandophone (là y'a beaucoup plus de néerlandais).



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