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Alain Vuillemet est un créateur solitaire

Publié le 04 avril 2010 par Sculpteur @jongleurenclume

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Au cours d’une adolescence passée comme apprenti charcutier dans le 17ème arrondissement parisien, sa rencontre avec Marcel Escoffier -costumier célèbre, ami des peintres et des sculpteurs - sera une révélation : il sera artiste, peut-être sculpteur.
Après un passage éclair dans la publicité, l’aménagement de locaux, la mise en œuvre d’installations diverses, et un séjour de deux ans à l’ « American Center » aujourd’hui  « Fondation Cartier », il crée son atelier à Romainville, persuadé d’avoir appris le métier de forgeron et de soudeur dans une autre vie.
Sans doute faut-il tempérer ce sentiment par le fait qu’Alain Vuillemet, comme tout véritable autodidacte, a su apprendre de ceux qui l’entouraient ; il a aussi su rechercher par des lectures et études personnelles les bases théoriques qui lui manquaient. Maîtrisant les techniques de martelage, de découpe, de soudure (qu’il enseignera même pendant deux ans, alors qu’il n’a aucun diplôme), il crée un monde d’objets en fer, acier ou laiton qui lui vaudront un début de notoriété. Mais  son côté anarchiste et parfois désinvolte vis-à-vis des médias et des galeries rompra l’ascension qui lui était naturellement destinée.
En 1990 son atelier brûle, emportant une partie de son œuvre. Il décide alors de se retirer dans  l’Yonne, dans les communs d’un château isolé sur la commune de Saint-Aubin Château Neuf. Cette « retraite », qu’il doit aussi à la volonté de quitter une existence où la fête tenait un rôle aussi grand que la sculpture, est l’occasion de se consacrer pour l’essentiel au travail de l’inox.
Son besoin de se confronter à la matière comme à son entourage le conduit souvent à la démesure, à la provocation, à la performance. Ainsi en 1994, lors d’une exposition de ses œuvres au Cnit, à la Défense, il construit un cube de métal et d’altuglass de 5 m de côté où, pendant 10 jours, il s’enferme pour réaliser au milieu des passants une sculpture monumentale. Aussi lorsque la ville d’Arles lui propose d’exposer ses œuvres, il se donne un nouveau challenge : créer sept œuvres nouvelles adaptées aux lieux qui leur sont affectés, enrichissant son corpus de formes, comme pour se prouver à lui-même la pérennité d’une authentique créativité éloignée des modes et des courants médiatiques. 

G. Royon


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