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S2e28 : NEW YORK TULUM VIA CANCUN

Publié le 12 avril 2010 par Elinorbird

- Billie! Tu plaisantes ou quoi? T'es pas prête?

- J'arrive. J'arrive.

- Bon. J'te préviens. Je pars sans toi. La voiture nous attend en bas depuis presque dix minutes déjà. Je ne peux pas me permettre d'être en retard. Je te rappelle que ce ne sont pas des vacances pour moi. Je vais bosser. Et pour un très gros client. Et pour un très gros chèque. Donc... Euh... Tu vois!??? Grouille toi! m'énervai-je

- Je sais. J'arrive Eli...

Le chapeau sur la tête, les lunettes coincées dans la boutonnière de ma veste en jean, le sac de voyage sur l'épaule, debout, dans l'encadrement de sa porte d'entrée, je tapais du pieds, la main agrippée à la poignée. La tension commençait à monter. Je redoutais de louper l'avion.

Sam, l'agent de Jack, qui s'occupait aussi de mon contrat pour ce projet, m'avait appelé exprès la veille pour me sermoner et me rappeler combien ce client était important et à quel point il était essentiel que tout se passe "SMOOTH", comme il m'avait dit, avec son accent "aigu". Sam avait la voix qui partait dans les aiguës à chaque fin de phrase. L'horreur. Heureusement qu'il ne venait pas avec nous sur le shoot. Il ne pouvait pas et c'était tant mieux. Un autre de ses poulains shootait "la campagne du siècle" à Manhattan au même moment. "Ouufff... Sauvée" avais-je pensé en apprenant la nouvelle. Je n'avais rien contre Sam, il était un excellent agent. Il fallait bien le reconnaître. Un requin dissimulé derrière un chaton. La parfaite combinaison. Mais il avait le don de me stresser. Une vraie mère poule. Un vrai pot de colle. Toujours sur ton dos. Toujours à te rappeler quinze fois les mêmes choses... Bouh... J'étais bien contente qu'il ne soit pas du voyage...

Mais là, en attendant Billie et en voyant les aiguilles de ma montre s'accélérer, je commencais à me dire qu'il était légitime pour lui de douter de moi. Je ne pouvais pas lui laisser l'occasion de me dire "je t'avais pourtant prévenue". NON! Je ne pouvais pas.

- BIIIIILLLLIIIIIIIIIIIIIE, hurlai-je, une dernière fois, alors qu'elle entâmait un virage serré dans le couloir, dérapant sur le parquet, les cheveux dans les yeux, essouflée.

- C'est bon. C'est bon.

Elle me poussa dans le couloir. Claqua la porte. Un coup de clé. Ascenseur. On était parties!

***

Pendant ce temps, Jack était confortablement installé dans le SUV, en compagnie de ses fidèles assistants. Il y avait Jochem. Premier assistant. Vingt-huit ans. Hollandais. Il travaillait avec Jack depuis toujours. Il le connaissait même à l'époque de Londres. Jack avait une confiance aveugle en lui. Fidèle. Sérieux. Extrêment professionnel. Et très efficace. Un élément indispensable dans une équipe de photo. Puis, il y avait Noel. Second assistant. Vingt-cinq ans. Californien et beau à en tomber à la renverse. Jeune. Très jeune dans sa tête. Mais très bon. Il était la mascotte du groupe. Il faisait constamment le pitre. Séduisait les mannequins sur tous les shoots avec ses yeux océans et ses gros biscotos. Jack l'aimait beaucoup. Et puis, le plus jeune de la bande. Luke. Troisième assistant. Vingt-deux ans. Très jeune mais très motivé. Il avait été recommandé à Jack par un ami et ce dernier lui avait donné sa chance malgré son manque d'expérience. Jack valorisait la motivation et l'ambition et Luke avait su lui prouver qu'il avait bien fait. Il travaillait dans son équipe depuis seulement six mois mais il avait déjà fait des progrès notables. Et enfin, pour finir, Adam, son technicen numérique. Vingt-neuf ans. Sous ses airs de premier de la classe, Adam avait toujours le mot pour rire...

Jack avait su bien s'entourer mais c'est aussi parce qu'il était extrêmement respectueux et attentif auprès de ses employés, qu'il avait réussi à créer un environnement de travail idéal basé sur le respect et la confiance. Tous s'entendaient à merveille les uns avec les autres et partir en shoot ressemblait davantage à des vacances qu'à un boulot. Il formait une sacrée équipe et dans le milieu, ils étaient connus pour être une bande de joyeux beaux mecs avec lesquels il était très plaisant de travailler. Et ça ne pouvait jouer qu'en leur faveur à tous. Jack avait tout compris.

Le coffre était chargé à bloc avec tout l'équipement photo. Hasselblad. Boitier 503 CW. Objectifs Distagon 40mm. Planar 80mm. Sonnar 150mm. Dos film A24. Dos polaroïd. Flashes Profoto 7A 2400J. Profocus. Strip-Light. Nid d'abeille. Parapluies Pro 7-Feet & 8-Feet. Batteries. Adaptateurs. Extensions. Torche. Déclencheur. Pieds. Jumbo. Girafes MiniBoom. SuperBoom. MegaBoom. RedWing LightBoom. Tabourets. Escabeaux. Bâches. BoomBox. Bombe à air. Gaffers. Adhésifs. Gélatines. Piles. Câbles. Soft HMI. Xeno light. Trois stations Apple. Wacom Tablets. Epson Stylus Pro 3800, Epson 1400...

À BLOC. Jack ne savait pas voyager léger. Il préférait tout emmener plutôt que de se retrouver "on set" et qu'il lui manque quelque chose. Sa devise: "better be safe than sorry". Et ça pour être safe, il était safe. Jamais sorry.

La bande de Jack roulait direction JFK écoutant les Kings of Leon. Fenêtres ouvertes. Décontractés...

***

A Brooklyn, Paige et Simon venaient de déposer George chez leurs amis, Jesper et Bianca. George faisait la tête. Ce chien était incroyable car il boudait. Pour de vrai. Comme à chaque fois que Simon et Paige l'abandonnaient pour les vacances. Il boudait. Et ça brisait le coeur de ma pauvre Paige... Mais le plus fou, c'est qu'au retour des vacances, George avait été si content de passer la semaine à jouer dans le jardin avec Téo, le fils de Jesper et Bianca, qu'il se fichait pas mal de retrouver ses maîtres. Il les ignorait. Et à nouveau, cela brisait le coeur de Paige... Ah... Ses histoires de chien... Je n'osais pas imaginer le sketch que cela serait lorsqu'ils auraient un bébé... Mieux valait ne pas y penser.

Paige et Simon sautèrent dans un taxi.

"JFK s'il vous plait!"

***

De retour dans le Village...

Nous avions enfin réussi à partir. Installées dans la diva limo que la production m'avait envoyé, nous nous apprêtions à traverser le Williamsburg Bridge pour rejoindre le Brooklyn-Queens Expressway aka BQE...

La production ne s'était pa foutu de nous. Sur le siège nous attendaient un mémo voyage, une bouteille d'eau vitaminée et une petite pochette cadeau de bienvenue. Même si Billie ne faisait pas partie du shoot Jolie Smith Vintage, j'avais prévenue que je serais accompagnée et elle avait le droit au même traitement de faveur. Voilà ce qu'il se passait quand on travaillait pour une des plus grandes marques de vêtements du monde. On était traité comme des rois! J'explorai ma pochette surprise et découvris avec joie un petit mélange d'amendes/abricots secs, une barre chocolatée, une pomme, le New York Times et le Vogue, et une boite de chocolats. "Ah! Trop bien!"

- J'adore! s'exclama Billie. Je comprends vraiment pas que tu aies voulu arrêter ce métier! Mais enfin! C'est le paradis!

- Mouai... C'est parce que tu ne vois que les aspects positifs, rétorquai-je machinalement.

Mais pour être honnête, alors que je feuilletais les page de mon Vogue, en buvant une gorgée de mon eau vitaminée, admirant Manhattan s'éloigner, au loin, confortablement installée dans les vastes fauteuils en cuir de la Lincoln, je n'arrivai plus à trouver les points négatifs qui m'avaient fait abandonner ce boulot de rêve... Bof. Peu importait. Le principal était que j'étais ravie d'être là et puis le reste, on verrait après.

- CRO BON, me dit Billie la bouche plein d'abricots

- Dis moi. Tu t'es faite drôlement belle!? coupai-je, remarquant que Billie portait une jupe que je ne lui connaissais même pas - Billie ne possédant que des shorts, des jeans et une robe une seule.

- Je vais faire le coup de la business! déclara-t-elle, l'oeil espiègle

- NON!!!

- Si. J'm'en fous. Ça marche à tous les coups de toute façon, insista-t-elle

- BILLIE! Ne me fais pas honte s'il te plait. Je te rappelle que je pars pour le boulot! J'te préviens, si ça merde, j'te connais pas! grondai-je

- T'en fais pas. Si ça merde comme tu dis - ce qui n'arrivera jamais - je te jure que je ne t'embarque pas avec moi dans l'embrouille.

Billie avait une technique qui, selon elle, était infaillible pour voyager en business avec un ticket éco. Elle l'avait pratiquée à plusieurs reprises et je dois avouer que son stratagème s'était avéré plutôt efficace. Mais cette fois-ci, je ne pouvais risquer de me retrouver à négocier avec les hôtesses et le commandant de bord. J'étais sur une méga-production pour Jolie Smith. Pffffouuu... Je commençais déjà à regretter que toute la bande soit du voyage... Si seulement Charlie n'avait pas dégoté cette maison, ce ne serait jamais arrivé...

***

Charlie, toujours à Paris, m'avait appelé la semaine dernière pour me raconter son entrevue avec Friedrich... J'étais à ce moment-là chez l'esthéticienne pour préparer mon corps au boulot qui m'attendait. Eh oui! Car une mannequin, avant le shoot, devait se faire chouchouter (ou torturer). Ça dépendait des fois... Épilations intégrales, manucures, pédicures, coiffeur, coupe de cheveux, couleurs... On pouvait tout nous faire subir. Ou presque. Mais étant donné le montant du cachet que je touchais, je pouvais difficilement râler.

Cette fois-ci, rien d'extravagant. Le client avait seulement besoin d'une épilation intégrale et d'un soin manucure/pédicure. Dure la vie. Billie m'avait accompagné pour se faire colorer les doigts de pieds...

- Attends, quitte pas deux secondes. Je change de main. Je suis chez la manucure, informai-je Charlie alors que la petite chinoise en face de moi me faisait signe qu'elle avait fini avec ma main droite

- Je ne quitte pas...

- Bon voilà. Alors??? Raconte moi! Raconte! dis-je à Charlie

Et Charlie commença le récit de son entrevue avec son fils...

- Ça c'est plutot bien passé, affirma-t-il sans perdre de temps, m'épargant un suspense inutile

- C'est vrai? chantai-je, levant mon pouce en l'air pour indiquer à Billie que ça avait l'air plutôt positif.

- Oui... poursuivit Charlie. Il est venu seul. J'étais déjà installé, à ma place habituelle. Il s'est assis en face de moi, sans un mot et pendant cinq longues minutes, j'ai bien cru que je n'y arriverais jamais. À lui parler. Aucun son ne sortait de ma bouche, j'étais tétanisé. La boule dans la gorge. Les jambes qui flageolaient. L'estomac retourné. Je me sentais vidé. Pendant ce temps-là, mon fils, en face de moi, m'observait me décomposer. Sans un mot. Je lisais de la douceur dans ses yeux. Pas du sadisme. Je te rassure. Mais lui non plus ne dit rien. Je crois qu'il attendait que je parle. Il estimait que c'était à moi de m'exprimer. Et il avait raison. Alors...

- Oui? encourageai-je

- J'ai fini par lui demander pardon. Voilà. J'ai dit "je te demande pardon". Dans un souffle. Les yeux plein de larmes. Le coeur battant. J'ai juste dit "je te demande pardon", répéta Charlie. Et j'ai baissé la tête.

- Et alors? Qu'est-ce qu'il a dit?

- Merci

- Quoi?

- Il a dit merci. Merci, dit à nouveau Charlie

Et Charlie m'expliqua que Friedrich attendait simplement que son père admette ses torts. Ses erreurs. Pour pouvoir envisager repartir sur de nouvelles bases. Le pardon de son père représentait pour Friedrich l'espoir. Et le rassurait quant aux valeurs qu'ils pouvaient éventuellement partager. Friedrich avait peur que Charlie ne soit qu'un business man, dénué de sentiments, pour qui seul le boulot comptait. Mais ce que Friedrich ignorait c'était que Charlie avait changé en nous rencontrant tous, à New York, et en voyant comme il était important et même essentiel d'être entouré des gens que l'on aime et de donner, autre chose que de l'argent ou des cadeaux hors de prix. Donner son coeur... Friedrich en profita pour confier à son père retrouvé que sa femme attendait un bébé et qu'ils souhaitaient venir vivre, tous les trois, à Paris. Charlie allait être grand-père. Enfin. Et il était comblé.

- Et toi ma chérie? Comment vas-tu? me demanda-t-il, son histoire terminée

J'expliquai alors à Charlie que Jolie Smith avait enfin appelé et que je partais à Tulum, avec Jack. Le shoot était confirmé.

- Tulum!? Mexique!?? dit-il

- Oui. Tu connais?

- Mais c'est un vrai petit coin de paradis. Mon ami Paco possède une magnifique maison sur la plage, les pieds dans l'eau. Je me souviens. C'est moi qui lui avait déniché ce petit bijou. Il y a au moins vingt ans... À l'époque, Tulum était une vraie jungle. Pas un hôtel. Pas un touriste. Que des locaux. Aujourd'hui, bon, c'est pas comme Cancun mais les hôtels ont poussé comme des champignons. Heureusement, les habitants ont su préserver cette terre grâce à une réglementation stricte. Aucun complexe hôtellier n'a encore réussi à s'installer... Dieu soit loué. Seules des petites cabanas... Écolo mais néanmoins très luxe et charmant...

- Génial! lançai-je, enthousiaste à l'idée de découvrir ce que ce voyage nous réservait comme surprise. Bon bah je te dirai ce que j'en pense...

- Et vous partez quand?

- Lundi

- Hum...

- Quoi?

- Je me demande si je devrais demander à Paco de nous prêter la maison... pensa-t-il à haute voix. J'ai bien besoin de partir un peu au soleil, me dit-il, comme si de rien n'était

- QUOI? Mais comment ça?

- Qu'est-ce qu'il y a, demanda Billie qui, assise à côté de moi et en train de se faire peindre les ongles corail, voulait savoir ce qu'il se tramait

- Charlie veut venir à Tulum, dis-je en faisant la moue

- MOI AUSSI! cria-t-elle

- Allons bon... soupirai-je.

- MOI AUSSI!!!

- Son ami Paco a, parait-il, une maison sur la plage, continuai-je

- NOOON????

- Billie veut venir? interrogea Charlie de l'autre bout du fil, entendant les cris poussés par ma crazy d'amie

- Oui...

- Et bien oui! Partons tous ensemble! suggéra Charlie. Paige et Simon seront sûrement ravis aussi.

- Oui mais dois-je vous rappeler que moi, c'est pour le boulot les cocos!

- Mais on vous ennuyera pas. Ne t'en fais pas. On se retrouvera à la fin de la journée pour diner, rassura-t-il

- Allez... Dis oui Eli, supplia Billie

- Bah. De toute façon... C'est pas moi qui décide...

Et c'est ainsi que la clique avait booké billet pour Cancun et Jeep à l'arrivée pour venir passer une semaine de rêve dans la maison de Paco...

***

J'étais maintenant installée dans mon confortable fauteuil classe affaire gracieusement offert par la production. Mon magazine sur les genoux et ma coupe de champagne dans la main. Assis à côté de moi, Jack passait en revue les visuels des anciennes campagnes Jolie Smith Vintage aka JSV, et relisait le brief du client, le mémo de la production, les notes de son agent... Comme il était studieux. C'était ce qui lui valait son succès. Il était un brilliant créatif doublé d'un bosseur très professionnel. Ce qui n'arrivait pas souvent dans ce milieu. C'était soit l'un soit l'autre en général. Lui avait cumulé les deux. Et il fallait les deux pour réussir. Ça tombait bien.

Soudain, j'aperçus Billie arriver au bout de l'allée, perchée sur ses Blahnik, planquée derrière ses lunettes de soleil qui lui mangeaient la moitié du visage, son petit vanity dans une main et le New York Times sous le bras.

- Bonjour Mademoiselle. Bienvenue à bord. Votre billet s'il vous plait.

- Business, répondit Billie sèchement et sans une once d'hésitation. Sur ce ton mal aimable qui faisait selon elle toute la différence car, "le ton peu aimable reflétait forcément le tempérament d'une femme à la tête grosse comme un citron, qui aurait fait fortune et voyagerait en business". Telle était sa théorie. Pourrais-je avoir un aspirine, ajouta-t-elle avec un accent Upper East, sous mes yeux éberlués

- Euh...

L'hôtesse était impressionnée. Le plan fonctionnait.

- Vite s'il vous plait, j'ai une migraine, insista Billie, dans un soupir

La pauvre hôtesse, destabilisée par la froideur de cette passagère mystérieuse, tourna les talons et s'opéra. Billie en profita pour se faufiler et s'asseoir, sur un des sièges business restés disponibles. Sa technique était d'attendre la toute fin de l'embarquement pour être sûre que personne d'autre ne viendrait clamer que 3A était réservé. Ainsi, une fois installée, elle n'avait plus qu'à se délecter. CAR, selon sa théorie, "une fois installée, combien de fois t'a-t-on redemandé ton billet? JAMAIS!" Et tac!

Mission accomplie. Elle baissa légèrement ses lunettes sur son nez et me lança un clin d'oeil satisfait. L'hôtesse réapparut et lui tendit son aspirine, accompagné d'une mini-bouteille d'eau minérale. Billie allait voyager en business, son billet éco planqué au fond du sac...

Elle avait tout gagné!

***

"Mesdames, Messieurs. En vue de notre proche atterrissage. Je vous demande de bien vouloir regagner votre siège et d'attacher votre ceinture..."

Cancun. Enfin arrivés!

La chaleur moite mais si réconfortante, qui vous entoure, à peine sorti de l'avion. Le soleil qui vous éblouit. L'air, épais. L'odeur, des vacances. Les couleurs. Les gens... Nous débarquons, en file indienne, sur le tarmac brûlant. Tout le monde est souriant. Les Mexicains nous accueillent. "Hola que tal" Muy bien y tu?" Ah! J'adore! Je vais pouvoir reparler espagnol! OUIIII!!!

L'aéroport était bondé. Des passagers partout. Une queue monstrueuse à la douane. La production, au taquet, pris les devants et organisa le déroulement des opérations. Récup' des baggages. Les pauvres assistants de Jack étaient chargés comme des mulets. Mais Jack, fidèle à son équipe, les aida... "Du jamais vu. Un photographe qui file un coup de main à ses assistants. Non. Du jamais vu!"

Et le cauchemar avait commencé. Le passage en douane, avec une liste d'équipements photo aussi longue, était toujours un vrai calvaire. Pour l'avoir vécu, je pouvais témoigner. L'assistante de production me précisa que Cancun était connu pour être un des aéroports les plus pénibles à ce sujet. Et elle ne s'était pas trompée. Trois heures! Trois longues heures à faire l'inventaire de l'équipement. De la grosse imprimante au dernier rouleau de scotch. Un enfer. Jack et ses assistants étaient battus. La production, censée s'assurer que tout se passe pour le mieux était dépassée et alternait entre, d'un côté, supplier Jack de laisser ses assistants dealer avec la douane et d'aller se reposer à l'hôtel et d'un autre côté, hurler sur les douaniers mexicains dans un espagnol douteux. Ce qui amusaient les petits hommes plutôt que de les bousculer. Un vrai spectacle. Mais Jack n'était pas du genre à laisser tomber son équipe dans les galères. Et moi, je n'étais pas du genre à abandonner Jack. Alors, nous avions patienté, tous ensemble.

Billie, Paige et Simon étaient eux, partis. Ils avaient récupérés leur voiture de location. Direction Tulum, la maison de Paco! Nous les retrouverions plus tard... Ou même demain matin...

Et, trois heures plus tard, nous quittions enfin l'aéroport... Mais l'attente en avait valu la chandelle. Jack et moi avions pris la Jeep décapotable, tous les deux, et il avait enfin osé laisser ses assistants seuls pour faire la route dans le maxi SUV qui transportait aussi leur milliard de valises... Deux heures de route avec mon Jack, les pieds nus posés sur le tableau de bord, les bras derrière la tête, le menton levé vers le soleil, à écouter la radio locale, les fenêtres ouvertes et les cheveux aux vents. Deux heures d'un petit bonheur...

Et après ces deux petites heures de route, Jack et moi étions enfin arrivés au Jade hotel (1). Je logai dans l' Air et Jack était au Heaven! Nous ne voyions pas grand chose puisque la nuit était tombée mais, la seule chose que l'on pouvait dire, c'est que nous étions perchés dans les arbres. Je traversai une passerelle qui menait à ma chambre. Jack me suivit avec mon sac et, déposant un bisou sur ma joue, me souhaita une bonne nuit. Il était tard et nous étions épuisés...

Je mourrais d'impatience de me réveiller le lendemain pour découvrir l'endroit paradisiaque dans lequel j'avais atteri... Mais il me fallut peu de temps pour m'endormir...


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