Katyn, le passé à présent

Comme beaucoup, je m’associe au deuil des Polonais qui enterrent leur président de la République. Nous connaissons tous parmi nos amis, nos proches, des descendants de Polonais qui malgré les ans, malgré les générations, malgré leur intégration dans la société française demeurent profondément attachés à leurs racines, se rendent régulièrement dans le pays de leurs ancêtres. Je sais qu’ils ressentent très douloureusement l’épisode tragique de ces derniers jours.

Je trouve aussi que chacun fait preuve en ces jours de deuil de beaucoup de sens des responsabilités. Les Polonais d’abord qui montrent à quel point ils sont attachés aux symboles de leur souveraineté. Je ne sais pas si en de pareilles circonstances beaucoup de pays occidentaux seraient capables d’un tel élan massif, d’une telle unanimité dans le deuil, quelles que soient les divergences, les appréciations sur leurs propres dirigeants.

Les dirigeants russes et polonais ensuite, qui souhaitent que toute la lumière soit faite sur la catastrophe aérienne et que ne remontent pas à la surface de vieilles plaies. Katyn, où se rendait la délégation polonaise, est un symbole des errances issues du Traité de Versailles après la première guerre mondiale, de la résistance à l’hégémonie stalinienne, et de l’incroyable cruauté de ce régime, qui avait fait exécuter plusieurs dizaines de milliers de responsables et d’étudiants polonais, en attribuant cette horreur aux nazis. Il a fallu attendre 1992 pour que Boris Eltsine reconnaisse la responsabilité de ce massacre.

Cette partie de l’Europe a été au cœur des grands conflits de l’époque contemporaine. Il est important de se remémorer ces périodes douloureuses, complexes, pour comprendre notre présent. Je vous conseille à ce propos le film que Andrzej Wajada a réalisé sur ce sujet en 2009, qui vient d’être rediffusé par une télévision russe et qui est édité en DVD en France depuis quelques jours.

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