Magazine Journal intime

J. D. Salinger, plus haut la poutre maîtresse

Publié le 15 avril 2010 par Alainlecomte

salinger2.1271333799.jpgQuand je me suis remis à lire Salinger, j’ai choisi de me plonger dans des nouvelles qui m’étaient inconnues, et ce titre m’a plu : « dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers ». Cette phrase étrange intervient à la page 86 de l’édition de poche actuelle, quand le narrateur – un soldat américain en permission pendant la seconde guerre, réquisitionné par sa famille pour assister au mariage de son frère, lequel n’est pas apparu à la cérémonie, ayant auparavant enlevé la fiancée – a dû se réfugier dans l’appartement familial et qu’il entre dans la salle de bains. Sa sœur, Boubou, conformément à leurs habitudes a laissé un message écrit au savon sur le miroir : « Dressez très haut la poutre maîtresse, charpentiers. L’époux, comme Ares, s’approche, et il est de plus haute taille que le plus grand d’entre les hommes […]. S’il te plaît, sois heureux, heureux, heureux, avec ta belle Muriel. C’est un ordre formel : je suis le plus haut gradé dans tout l’immeuble. »

Je lis sur le blog de K . cette citation de Lydie Salvaire : « J’ai parfois l’impression que l’édition survit aux livres. Que veux-tu dire? Dis-je. Je veux dire, dit BW, que je lis de moins en moins de livres qui me brûlent ». Sans doute voulait-elle parler de ce qui s’édite de nouveau aujourd’hui… encore qu’il faille à mon sens beaucoup nuancer cet avis. Qu’est-ce que cette brûlure des livres ? Ce serait sans doute qu’ils laissent en nous des cicatrices, comme, parlant de Seymour, le frère tant admiré,
« 
[c]es cicatrices sur les mains qui [lui] viennentd’avoir touché certaines personnes ».

«Un jour, [écrit-il] dans le parc, alors que Franny était encore dans sa voiture d’enfant, j’ai posé la main sur le dessus duveteux de son crâne et je l’y ai laissée trop longtemps ».

Et plus loin, cette formule :

« Oh ! mon Dieu ! si ce que j’ai porte quelque nom savant, c’est que je suis un paranoïaque à l’envers. Je soup­çonne les autres de faire des complots pour me rendre heureux. »


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