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Paris Saint Lazare, terminus des oubliés

Publié le 20 avril 2010 par Lili

saint lazare Le documentaire diffusé sur Arte méritait d’être vu !

Enfin, on peut voir et comprendre le travail des employés de la SNCF à la gare de Saint Lazare.

Saviez vous que dans les années soixante, 50 minutes suffisaient pour faire le trajet Rouen-Paris, aujourd'hui c'est plutôt 1h-1h10? Le grand paradoxe de notre siècle incohérent!

D'un un air fataliste, un voyageur témoignait …Les problèmes dans les transports en commun durent et même si la colère des voyageurs existent toujours, ce qui est incroyable c'est que l'on s'habitue à cette situation, on la considère comme "normale". Nous devons résister à cette tendance

L'augmentation du nombre de voyageurs a engendré naturellement une augmentation des rames, mais sans aucune évolution des infrastructures et par conséquent, un effrayant goulot d'étranglement s'est créé à la gare Saint Lazare. Un train arrive dans cette gare toute les 68 secondes! Il suffit d'un retard minime pour que tout soit "grillé". Les régulateurs de la SNCF travaillent 24h/24h et 365 jours par an. La priorité du chef régulateur est la sécurité, les trains sont tellement nombreux qu'un grain de sable peut engendrer des situations très dangereuses. Tous les jours, en direct, ils vivent l'effet papillon. Après 20 ans de travail, son constat est une dégradation réelle depuis quelques années et notamment depuis 2008, année de l'installation du nouveau système des aiguilleurs. Mais le nombre de voies n'a pas augmenté pour autant.

Les derniers investissements ont été faits dans les gares qui accueillent le TGV, ce n'est pas le cas pour Saint Lazare qui se sent complètement abandonnée. Les voies n'ont pas été modifiées depuis la fin des années 40! De 1938 à 1982 aucune dotation n'a été faite par l'Etat.

La tension au travail est de plus en plus palpable, les conducteurs sont aussi exaspérés que les voyageurs.

Si un incident se produit, ou bien une obligation d'arrêt du à un embouteillage, réduction du nombre des voies, plus que deux au lieu de quatre (vous connaissez déjà le principe sur l'autoroute lorsque vous atteignez le péage, même chose en arrivant la gare Saint Lazare).

Quand le train prend du retard, la conscience professionnelle d'un conducteur de train lui impose le challenge de réussir à rattraper ce retard. Il roule un peu plus vite, il ferme les portes un peu plus tôt… La caméra dans la cabine du conducteur nous donne une idée de la sensation éprouvée en arrivant à la gare, les quais sont devenus trop petits, les gens tassés sur le quai sont si proches de la voie, le stress des bousculades est permanent…

Réparer les petits incidents sur une rame est plus difficile aujourd'hui, les nouvelles machines sont complexes, les conducteurs ne sont pas formés ou à la va-vite, c'est comme pour les voitures, vous avez bien sûr constaté "s'y connaître en mécanique" ne sert plus à rien, maintenant, tout est électronique, et vous avez tous besoin d'emmener votre voiture au garage parce que "…maintenant avec l'électronique on comprend rien!". Et bien pour les trains c'est pareil, au moindre problème technique, plus de batterie par exemple, parce les rames ne sont plus entretenues, cela peut prendre deux heures puisqu'il faut appeler les secours, des spécialistes… (ça j'ai pu le vérifier aussi sur la ligne D!)

Les incidents comme un signal d'alarme, oblige le conducteur à respecter un protocole, à noter et répertorier l'incident, le retard est net et bloque l'ensemble du trafic. Sur 2000 signaux environ, dix seulement sont justifiés.

Les horaires de travail des conducteurs sont en alternance le matin de 3H à 7h du mat ou bien le soir jusqu'à minuit, parfois ils ont des jours de repos la semaine et d'autres fois la semaine. La vie de famille est difficile dans ces conditions non? De plus, alterner pendant des dizaines d'années des rythmes aussi différents a des effets négatifs sur l'organisme. Prendre sa retraite ne serait pas du superflu! Posons-nous la question: pourrions-nous vivre ce rythme sans aucune tension?

Eux aussi ils doivent faire plus avec moins, les effectifs on baissés de 25%.

Les contrôleurs sont troublés par cette situation si dégradée, ils constatent que des "cols blancs" deviennent très agressifs et "pètent un plomb" ou même fondent en larmes. La souffrance existe autant pour les voyageurs que pour les employés. Ces derniers en éprouvent d'ailleurs une honte certaine, ils estiment que leur devoir est de transporter les voyageurs et s'ils les ont emmenés à leur travail, leur devoir est de les ramener chez eux.

Une réunion a eu lieu pour établir un dialogue et lors de la grève de janvier 2009, les conducteurs avaient installé des panneaux sur les murs de la gare en invitant les voyageurs à exprimer leurs doléances à la direction.

Un voyageur précisait même que la grève n'est pas particulièrement perturbante par rapport au trafic quotidien (ça aussi je l'ai déjà vérifié, je ne vois plus la différence!)

L'image des conducteurs est dégradée due à un manque de maintenance et d'investissements au mépris des voyageurs

Peut être gagnerait-on à s'écouter, à se comprendre et accepter aussi que d'autres personnes qui travaillent comme nous peuvent avoir des difficultés et des conditions de travail très difficiles et ainsi éviter de juger à la va-vite sans tenter de s'informer.

Se révolter contre cette situation nécessiterait de protéger l'esprit et le concept d'un service public, actuellement en danger, de conserver des conditions de travail correctes que ce soit pour les conducteurs, pour les aiguilleurs ou tout autre personne qui travaille, vous, moi, notre voisin ou collègue, non?

On pourrait se rassurer en apprenant qu'il est prévu d'installer le TGV à la gare Saint Lazare en … 2025! On fait quoi en attendant?


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