Magazine Journal intime

L. (épisode 2)

Publié le 22 avril 2010 par Didier T.
L. (épisode 2)
Elle était entrée dans ma peau, sans avoir eu à la toucher. Malin comme un singe, j’ai fini par la croiser, la contacter, la trouver un soir dans mon lit. Cependant, je n’arrive plus à me rappeler de la première fois. On aime bien pouvoir lire chez les autres ce premier contact charnel. Hélas, je ne saurai jamais raconter ce moment, sauf à me triturer l’esprit comme un malade d’Alzheimer cherchant le chemin des chiottes. Rien, nada, que tchi, un vide profond, alors que j’ai quelque part le souvenir qu’elle fut pour moi quelqu’un d’indispensable à ma vie d’aujourd’hui, celle de demain, et la non-vie dans laquelle je ne serai plus qu’un morceau de viande puant et pourrissant (incinirez-moi s’il vous plait, la douleur du souvenir sera paradoxalement moins brûlante).
Ce dont je me rappelle ?
C’était au mois d’avril. J’habitais une maison qui n’est pas la mienne, une location quelconque, dans une campagne insignifiante, un endroit où l’eau coule à flots, jusque sous mon lit, un endroit qui vous fait comprendre l’existence qui s’écoule, celui d’une vie qui ne fait qu’avancer, filtrer les sédiments, traverser les matières et les corps, ronger les parois de notre tuyauterie, nous vider de notre intérieur qui cherche à se construire. Dans cette zone humide et toutefois tempérée, je l’ai vue, sous un soleil de plomb, s’allonger, se détendre sur un canapé suédois fait de bois et de tissu blanc cassé, sa jupe plus courte qu’à l’habitude aux motifs géométriques tendant vers le carreau vert clair, vert foncé et blanc, un peu plus relevée que d’habitude et révélant des formes oblongues aux contours tendus dont mes yeux et mes mains attendaient d’en mesurer l’étendue. Je me souviens surtout de ses yeux, de cet instant où moi, pauvre garçon sorti d’un voyage intergalactique où le sexe n’existait qu’en tant que récompense d’un comportement marital irréprochable voire plus si affinités, je me trouvai face à une invitation que je n’arrivais pas à interpréter, encore eut-il fallu que je la compris.
Et puis j’ai pris sa main et sa bouche.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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