Magazine Journal intime

Changer de prénom

Publié le 25 avril 2010 par Diekatze

Est-on obligé de subir toute sa vie le prénom choisi par ses géniteurs, même lorsqu'il nous sort par les yeux (sans parler des trous de nez) ? Voilà-t-y pas une bonne question ?

Depuis toujours, j’exècre mon prénom, Véronique (je précise pour les quelques curieux qui ont la gentillesse de lire ce blog sans me connaître), et tout autant le surnom ridicule qui va avec, Véro. D’ailleurs, lorsque j’étais petite, je boudais ouvertement ceux et celles qui tentaient affectueusement de m’en affubler. Véro, ver de terre, vieux rot, ce surnom m’inspire une douce poésie… (mes excuses les plus sincères à toutes les Véronique qui aiment leur prénom, si pareille chose existe !)

46. Bâtiment

Des années que je veux en changer, des siècles que je n’ose pas. Ça ne se fait pas. Que vont penser les gens ?

Une éducation qui ne laissait aucune place à l’originalité, puis le choix malheureux d’une institution encore plus conventionnelle comme milieu professionnel, j’étais coincée. Heureusement, il me restait mes rêves, et secrètement, pendant des décennies (ça ne nous rajeunit pas !) je les ai entretenus, aimés, choyés, en leur promettant qu’un jour…

Il y a bientôt sept mois de ça, j’ai enfin fait le grand saut. Après avoir tant rêvé, crise de la quarantaine au fusil, j’étais fin prête à agir. Chaussée de mes bottes de sept lieues toutes neuves, j’ai sauté d’un bond confiant au-dessus du monde et posé mes semelles françaises au pays des fougères et du long nuage blanc.

Une fois qu’on a réussit un tel saut, une fois qu’on s’est à peu près affranchi de 40 années de dressage et de conditionnement, l’horizon s’allume, et on regarde nos envies folles d’un autre œil. D’absurdes ou ridicules, elles deviennent envisageables. Un rêve pouvant en cacher quelques autres, j’ai donc décidé en arrivant dans ce délicieux pays de faire d’une pierre mille coups. Et entre autres, de changer enfin mon prénom.

C’est étrange, mais la question du choix du prénom ne s’est pas posée. Rien à voir avec la naissance d’un enfant. Là, j’ai eu quasiment deux générations pour y penser (eh oui, ça date de vieux). Dans ma petite tête naïve et imaginative d’adolescente, je savais déjà que je m’appelais Louise, en vrai. Pourquoi Louise ? Va savoir. Peut-être parce que c’est mon quatrième prénom à l’état civil. Probablement pour des raisons plus profondes qui feraient les délices de psychanalystes ou de philosophes désœuvrés. Quelle importance ?

Ce qui compte, c’est le sentiment de cohérence, d’adéquation. Le sentiment que le nom dont on vous nomme est aussi celui sous lequel vous vous connaissez vous-même.

37. Bâtiment
 

Depuis sept mois, je suis Louise (d’ailleurs, imaginez un instant d’être appelée Véronique avec l’incompréhensible accent néo-zélandais, quel désastre !). Au début, j’avoue que ça m’a fait un peu bizarre, sentiment d’être un imposteur, presque une menteuse. Un résidu de formatage, sans doute. La mémoire du fouet social, peut-être. Mais en même temps, l’idée d’une harmonie, un sentiment d’évidence, si fort, si réjouissant.

Au bout d’un moment, j’ai découvert que j’étais loin d’être la seule dans mon cas. À Takaka où j’ai posé mes valises pendant trois mois et demi, vivent en joyeuse troupe nombre d’artistes et quelques illuminés et là-bas, les originaux sont plutôt ceux qui ont conservé leur prénom d’origine. Quel soulagement !

Quelques mois et recherches plus tard, je sais maintenant que l’article 57 du code civil a mis la loi de mon côté en donnant à tous les français un droit simple : « Tout prénom inscrit dans l'acte de naissance peut être choisi comme prénom usuel ». Sans le savoir, je suis donc restée dans la légalité la plus totale, comme quoi, une vieille ourse dûment domptée, même relâchée dans la nature, ne redevient jamais totalement sauvage ! Grrrr ! Il est même tout à fait légal de faire inscrire une mention sur sa carte d’identité précisant : prénom usuel Louise. Pourquoi se gêner ?

20. Georges Street

Pour sûr, parmi vous, mes fidèles blog-lecteurs qui attendiez désespérés et la bave aux lèvres la parution d’un nouvel article, il va y avoir quelques réticences, quelques ricanements. Choisir son prénom est un acte fort, je le devine, qui signifie beaucoup et qui forcément dérange un peu. Et puis comme chacun sait, la force de l’habitude, n’est-ce pas… Pourtant, lorsqu’une femme change de nom après s’être mariée, le monde autour d’elle s’adapte à son nouveau patronyme à une vitesse vertigineuse, à tel point que souvent, au bout de quelques temps, même ses amis proches doivent fournir un effort de mémoire pour retrouver son nom de jeune fille ! Ah, la merveilleuse plasticité du cerveau humain !

Allez les gens ! Un petit effort, c’est bon pour les cellules de votre matière grise. Véronique n’est plus, nous ne la pleurerons pas. Et pour tout dire, Louise est vachement moins grognon !


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (2)

Par Romain
posté le 08 juin à 20:48
Signaler un abus

Je te rassure, je suis dans le même cas que toi, il est vrai que mon prénom est "beau" mais il ne me correspond pas, et puis il me fait trop penser à mon pere... Relations conflictuels... Bref, sais tu s'il y aurait possibilité de changer de nom sachant que je n'ai pas de second prénom???

En tout cas ton article donne espoir :)

bonne soirée

Par byzs
posté le 24 mai à 10:04
Signaler un abus

quel courage , pour moi je n'ose pas , et mes parents ne m'ont pas non plus gate en deuxieme et troisieme prenom .. du coup moi pour mes 3 garcons je leur est choisi 8 prenoms chacun , ils ont le droits de ne pas aime l'original , ou le classic ou l'affricain ....eux ont le choix et ils le savent deja ! byzs

A propos de l’auteur


Diekatze 1 partage Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte