Magazine Journal intime

J'ai croqué la pomme !

Publié le 02 décembre 2007 par Anaïs Valente
Ils ont bien insisté : « soyez là à 17h précises au lieu de 17h20 comme convenu auparavant, 17 h précises ».
16h50, nous sommes là, sous l’horloge, à attendre.
Attendre.
Attendre.
Attendre.
17h30, le car arrive... Glups, ça commence mal, très mal.  Bravo l’organisation.
Le chauffeur est infect, à peine un bonjour.  Malgré une tenue festive, cravate rouge brillante, chemise bordeaux, on sent clairement qu’il préférerait être plongé sous sa couette à regarder « Le plus grand cabaret du monde » plutôt que nous conduire à bon port.
Sont-ce ses mauvaises ondes qui perturbent le voyage ?  Dix minutes après le départ, faramineux bouchon sur l’autoroute.  On avance à pas d’homme.  Je sens mon estomac se serrer et mes neurones échafauder les pires des scénarios catastrophes.  L’amie qui m’accompagne, ou plutôt l’amie que j’accompagne, reste stoïque, mais son stress se ressent.  Ambulance.  Dépanneuse.  
Attendre.
Attendre.
Attendre.
18h17.  Le bouchon explose enfin, champagne.  La route est encore longue, nous avons à peine quitté Namur.
19h.  Bruxelles et ses bouchons.  Ils vont tous au même endroit que nous ma parole, c’est nin possip’ une fois.  Les files sont interminables.  L’énervement se ressent dans tout le car.
Attendre.
Attendre.
Attendre.
19h35.  Enfin, nous y voilà.  Je guide mon amie dans les dédales de la salle, que je connais si bien.  Trouver deux places relève de l’exploit, vu l’heure tardive, mais nous y parvenons.  Pas super bien placées, mais ça pourrait être pire.  Et puis on est arrivées, c’est l’essentiel.  Et puis ça va être génial.  Et puis je n’ai pas mal au dos.  A peine une tension au début du voyage, mais l’adrénaline a dû faire effet, je me sens légère, légère, légère.  Reste à attendre.
Attendre.
Attendre.
Attendre.
20h. La foule s’échauffe.  20h, c’est l’heure indiquée sur le ticket.  Alors, le moindre mouvement sur la scène, la moindre lumière qui clignote, le moindre frémissement du rideau provoque un tonnerre d’applaudissements.  La foule scande son nom.  L’ambiance est déjà bonne, très bonne.  
J’aime cette ambiance particulière, que je n’ai jamais retrouvée ailleurs.  Cette cuvette envahie par tant de personnes venues pour la même chose : prendre du plaisir, savourer une bouffée de bonheur, se laisser envahir par la musique et guider par la cadence.  Cette bulle qui nous isole du monde et de sa réalité pour quelques heures.  
Aaaargh, quand essque ça commence, titchu ?
Attendre.
Attendre.
Attendre.
20h35.  Enfin.  Les pommes tournent sur la scène.  Et c’est parti.  Les morceaux s’enchaînent, c’est très rock, c’est délirant.  Je m’y attendais, je l’ai déjà vécu il y a deux ans.  Mais l’effet est similaire : j’aime.  Je me laisse imprégner.  J’ai bien fait d’écouter en boucle son dernier album depuis lundi, au point d’en être presque écoeurée.
Pause tendresse avec « Drôle d’animal », un morceau touchant et tellement plein de vérités, suivi de « Danser encore », qui me transporte, c’est de loin ma préférée du dernier album.  Ensuite, « si seulement je pouvais lui manquer », qui, inévitablement me fait pleurer doucement.
On repart ensuite dans un délire.  Parce que lui, il délire grave, comme disent les djeuns.  Il est dans son truc.  Dans son trip.  Dans son élément.  Il prend un pied d’enfer.  Il entre en transe.  Il se gave de son public.  Un peu mégalo ?  Je l’ai pensé, mais, en fin de compte, non.  Il adore ça et ça se voit.  Tout simplement.  Et nous aussi on adore ça.
22h15, ça sent la fin.  Ça pue la fin.  On lui grappille encore quelques instants précieux.  Encore un peu de présence.  Encore une petite chanson, rien qu’une.  Une seule.  Allez, encore une.
Il termine par un « à demain ».
Je reste dans ma bulle quelques heures encore, malgré la pluie qui tombe, tentant de nous replonger de plein fouet dans le quotidien sinistre.
Le car nous ramène à bon port, le chauffeur tire toujours la tronche.  Je préfère qu’il ne parle pas, de toute façon, il a mangé de l’ail en nous attendant.  Pas un au revoir, pas de pourboire.  C’est la vie.  Le client n’est plus roi.
Des moments comme celui-là, c’est ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.  Un régal.  Un moment de pur bonheur, tout simplement.  Et vous, c’est quoi vos moments de bonheur ?
Il nous a dit « à demain ».  Et si j’y retournais, là, ce soir, allez quoi, soyons fous !?
 

Photo issue du site http://www.pommec.fr/


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