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D'un but

Publié le 03 mai 2010 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Faut-il viser le maintien ?

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C'est une blague qui a la vie longue, servie par le club de foot de la ville d'Auxerre depuis des décennies. Les entraîneurs qui s'y succèdent n'ont pour seule ambition que de garantir la survie de l'équipe dans la division 1.

Cette année, ils sont 2ème du championnat. Alors, légitimement, je me demande : faut-il viser le maintien... pour accéder au nirvana ?

Et je ne prends pas au sérieux Guy Roux (entraîneur de l'AJA pendant 40 ans pour les incultes) lorsqu'il croit révéler :

« Durant toute ma carrière, j’ai enfumé la presse. Tu dis que tu vises le maintien et les journalistes te lâchent. »

Je veux en faire un mantra. Si ça marche.

aom mani pèmé houng.

Le mantra du maintien.

La réussite d'Auxerre est en effet atypique. Voyez, seulement 2 clubs ont un plus petit budget, Montpellier et Boulogne

Mais Montpellier est une ville de 230 000 habitants. La totalité des habitants d'Auxerre  pourrait rentrer entièrement dans le stade du Parc des Princes (moins de 40 000 personnes). Et Boulogne qui a passé son nez en ligue 1 cette année ne va pas y rester.

Le seul club qui lui ressemble c'est Lens. Mais on ne connaît pas leur mantra.

Aom Vadjra Gourou Padma Siddhi Houm

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L'hypothèse simple serait de penser que cela exprime uniquement l'idée qu'il ne faut pas se mettre la pression.

"Cette méthode fait sans doûte partie des plus astucieuses pour enlever toute pression négative aux membres de l’effectif".

De trop hautes espérance paralysent. Et ce n'est pas faux, surtout pour un français.

Voyez, ça je suis fort sûre (j'ai entendu un enfant dire de mon chien qu'il était très très adorable et j'ai envie de m'offrir la liberté d'associer adverbes et adjectifs à ma guise) que cela fait partie de l'identité nationale : la peur de décevoir. Ne pas fanfaronner. Préférer être dos au mur. Surprendre plutôt que l'on vous attende.  Si c'est vrai dans le sport français c'est vrai nationalement.

Donc : Ne viser que le maintien.

Mais c'est plus malin que ça.

A vi ra hum ham - Om vajradhatu Vam

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Tromper l'ennemi, les autres. Se montrer modeste et remporter la partie.

"La possession du ballon est volontairement laissée à l’adversaire pour l’obliger à faire une faute de passes : c’est une stratégie de match. Cette « option de jeu » a pour but de faire croire à l’adversaire qu’il maîtrise la rencontre pour le mettre en crise de gestion par des attaques rapides. Cette méthode est culturelle pour le club de l’Yonne, elle est comme inscrite dans les gènes de ses joueurs. Sujet de conversation banal des entraîneurs et joueurs pros de ces trente dernières années : comment avons-nous pu perdre à l’Abbé-Deschamps alors qu’il semblait que nous maîtrisions la rencontre ?"

C'est assez japonais, comme attitude : "dominer son instinct naturel de faire étalage de sa puissance, réserver sa force jusqu'au moment de l'utiliser avec profit en temps opportun... Cette méthode substitue progressivement au grossier instinct de domination, à la volonté infantile de s'imposer immédiatement, une noblesse particulière d'attitude et de sentiment"

Par exemple, face à un collègue qui a la fâcheuse habitude de contredire tout ce que je dis et tout ce que n'importe qui dit, je vise le maintien.

Je ne le contredis pas lorsqu'il s'oppose à moi et l'encourage même dans cette voie. Son instinct de contradiction se démène en lui aussi doit-il une nouvelle fois me contredire. Se contredire, si vous avez suivi. M'approuver.

Nam Myoho Rengué Kyo

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Mais ce n'est pas tout, mes ouailles. C'est aussi un modèle économique. Soit le contraire du modèle du messie Messier.

C'est ardu, on chausse ses crampons :

"Les clubs n’ont pas nécessairement intérêt (d’un point de vue économique) à bâtir la meilleure équipe possible (d’un point de vue sportif).

Les clubs ont en effet, à performance sportive égale, des recettes différentes. Cette différence entre clubs s’explique en très grande partie par des différences de marchés potentiels qui sont liés à la taille du bassin de population, à la notoriété du club et à la capacité du stade, sur lesquels les clubs n’ont que peu d’influence à court terme.

En finissant à un classement élevé, l’équipe acquiert une valeur plus élevée qu’en début de saison. Ses joueurs font l’objet de convoitises de la part d’autres clubs, et les garder devient plus coûteux: soit de manière latente, en raison du manque à gagner que constituerait un transfert juteux; soit de manière effective si garder ces joueurs s’accompagne d’une renégociation salariale – ce qui est très probable, le joueur disposant aujourd’hui de leviers puissants.
Voyant ses coûts augmenter plus vite que ses recettes, le club risquerait de perdre ainsi de l’argent .

Il préfère dès lors réajuster des ambitions sportives à la baisse, en se dotant d’un budget de fonctionnement (principalement les salaires des joueurs et l’amortissement de leurs indemnités de transfert) en adéquation avec ses recettes potentielles."

Pas une politique de croissance externe échevelée, comme qui dirait. Et Guy Roux n'aurait pas eu idée de parier sur la chûte de son équipe tout en les exhortant à gagner. Pour se protéger.

Alors : viser le maintien ?

Aom Taré Touttaré Touré Soha


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