Magazine Journal intime

Entrevue Web : M. comme Maman à la Maison

Publié le 05 mai 2010 par Imparfaiteetalors
Pour la fête des Mères, nous avons choisi d'inviter M, une maman accomplie qui nous inspire parce qu'elle a choisi de prendre le temps pour tous les petits moments importants. Maman et blogueuse émérite, M est l’heureuse présidente M.A.M. (maman à la maison, inc.). Bien qu’elle crée et tweet plus vite que son ombre, elle sait offrir à ses trois enfants une vie toute simple. Et tout ça, moi, ça m’impressionne.
À vrai dire, je l’envie. À parcourir les multiples pages de son blogue, M semble vivre à l’abri de la course folle que vivent la plupart des mamans que je connais. Même après avoir œuvré plus de 6 ans dans mon nouvel emploi de mère, il m’arrive encore de prendre les nerfs quand je dois me sortir de la merde, de me désespérer à trouver l’équilibre parfait entre la vie de famille et la vie professionnelle et de ne pas trop comment savoir passer mon horaire au bistouri.
Je suis plutôt certaine qu’à certains égards, vous êtes certainement un peu comme moi. J’aime bien vous partager les découvertes qui me font cheminer, et, à vrai dire, je commence à prendre drôlement plaisir à faire des entrevues! J’ai pensé qu’un tête-à-tête avec M vous aiderait à vivre la vie que vous avez envie de vivre.
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Julie - Bienvenue sur notre île, M! Et merci d'avoir accepté notre invitation!
M, souriante - C'est avec un grand plaisir que je le fais! J'aime beaucoup vos entrevues et je suis honorée d'y participer.
Julie, modeste - Bah... C'est si facile de faire des entrevues intéressantes quand on reçoit des invités colorés. M, je l'ai dit en introduction. Tu m'impressionnes. Tu aurais pu appeler ton blogue S comme simplicité. «Pourquoi faire compliqué, quand on peut faire simple?», telle semble être ta devise. Comment y arrives-tu?
M, songeuse - Hum. Ce n’est pas venu tout seul. Lorsque j’ai quitté le monde du travail pour devenir maman à la maison, il y a 6 ans, j’étais encore intoxiquée au «il faut que je fasse quelque chose, il faut que je sois productive, il me faut un projet».
Julie, espiègle - Tiens, tiens, j'ai comme un sentiment de déjà vu...
M, dynamique - J’ai pris quelques contrats à la pige en communications, été chroniqueuse pour PetitMonde (il était une fois une maman à la maison), été responsable des relations publiques pour un organisme pour les mamans de ma région et mis sur pied des soupers inspirants pour les mamans à la maison en compagnie d’une autre maman.
Julie, époustouflée par ces réalisations - Ouf!
M, poursuivant - Ce n'est pas tout! À l’arrivée de mon deuxième enfant, j’ai démarré de zéro un webzine pour une entreprise qui œuvre dans le monde de la maternité. C'était un emploi à quasi-temps plein. Tout cela, avec mes deux très jeunes enfants à la maison à temps plein...
Julie, sachant fort bien qu'on peut sortir une femme de son travail, mais qu'on ne peut pas sortir la passion d'une femme - Tu devais être essoufflée...
M, acquiesçant - Je me suis sentie tellement loin de ce que je désirais sincèrement offrir à mes enfants, à ma famille et à moi-même! Lorsque j’étais avec les enfants, j’angoissais rien qu’à penser à tout ce que j’avais à faire en tant que rédactrice en chef. Lorsque je travaillais, je m’ennuyais du temps avec mes enfants.
Julie, bouche bée - Il fut un temps où j'aurais pu phraser cette constatation exactement de la même manière... Qu'as-tu fait?
M - Je me suis tournée vers l’idée d’envoyer mes garçons à la garderie à temps partiel. Ce fut une belle expérience pour eux comme pour moi. Mais dans mon for intérieur, j’éprouvais un malaise. Je sentais que je n'étais pas à la bonne place, au bon moment... Tu sais, j'adorais vraiment mon travail. Mais je réalisais en même temps que les enfants grandissaient si vite! Et que ce temps-là, il ne reviendrait jamais!
Julie - Comment es-tu passée à l'action?
M - C’est cette pensée qui m’a incitée à quitter mon emploi durant la même semaine que j’apprenais que j’étais enceinte pour la troisième fois. Je n’ai jamais regretté ma décision depuis. J’ai vécu une belle grossesse calme. J’ai renoué avec ma véritable créativité. Je me suis immergée complètement et avec un total abandon dans mon rôle de maman. Quel bonheur pour l’esprit et le cœur!
Julie, l'enviant - Ça prend toute une dose de courage!
M, animée - Enfin, j’étais à la bonne place, en train de faire ce que mon cœur avait réellement envie de faire. Maintenant, je tente par tous les moyens de laisser une place de choix à la simplicité avant tout. Mais attention. Je ne voudrais pas être mésinterprétée : à chacune ses décisions. Il n’existe pas UNE bonne solution. En fait, la bonne décision est toujours celle qui nous rend heureuse et l’ensemble de notre famille. C’est tout.
Julie, comprenant très bien la nuance - Tu sembles une fille aux priorités bien établies. Tu dis te sentir riche et prendre le temps de bien vivre. Comment arrives-tu non seulement choisir ce que tu aimes, mais aussi à aimer ce que tu choisis?
M, surprise - Bonne question! (puis réfléchissant) Je dirais que dès l’instant où nous avons pris la décision en équipe, mon chum et moi, que nous vivrions avec un seul salaire pendant quelques années, le temps que les enfants entrent à l’école primaire, j’ai tout de suite fait abstraction des sacrifices conséquents à notre décision.
Julie - Habituellement, un sacrifice apporte une récompense...
M, les yeux pétillants - Dans mon cœur, rien n’a d’égal ces moments passés en la présence de mes enfants. Dans le quotidien. Avec tout ce que cela comporte de plaisant et de plus ardu. Mes enfants, ce sont mes meilleurs professeurs. Ils m’apprennent tellement de choses et font de moi une meilleure personne. Plus centrée, apaisée, davantage dans le moment présent au lieu de toujours me projeter dans l’avenir. Alors, je ne peux pas faire autrement que d’aimer ce que j’ai choisi; je suis en amour avec la vie!
Julie - Je ne sais pas si tu réalises le nombre de mamans qui aimeraient formuler cette phrase avec autant de facilité...
M, grave - Sérieusement, je sais que je serais tombée malade si j’étais retournée travailler à l’extérieur. J’en étais incapable. Incapable de manquer la majorité des beaux moments de la petite enfance de mon enfant. J’aurais préféré tout vendre et habiter dans un minuscule appartement que de quitter mon bébé.
Julie - Tu t'es donc centrée sur les petits plaisirs.
M, paisible - Le fait de pouvoir faire dormir mon garçon dehors en le promenant en carrosse en pleine semaine, de voir vraiment les saisons transformer le décor autour de nous, d’être aux premières loges des apprentissages de mon fils m’a toujours fait sentir millionnaire! Et ça s’est poursuivi avec mon deuxième enfant puis mon troisième!
Julie, partageant aussi ce sentiment d'évoluer à chaque grossesse - C'est vrai que l'on chemine après avoir porté un, deux, puis trois enfants...
M, sage - Avec tout ce que j’ai vécu en tant que maman, avec les apprentissages que j’ai faits, je te dirais que c’est à mon troisième enfant que j’ai été enfin en pleine possession de mes moyens pour dire non à tous ces projets qui se présentaient. À protéger ces moments que je partage avec mes enfants. Les opportunités reviennent toujours.
Julie, répétant - Les opportunités reviennent toujours... J'aime ça!
M, convaincue
- Et c'est vrai! Je n'ai pas le temps pour tous ces projets pendant que les enfants sont petits. Mais comme j’ai encore de la difficulté à ne pas avoir de projets, j’ai décidé de commencer à écrire M comme Maman.
Julie, curieuse - Qu'est-ce qui te motivait à entamer ce projet d'écriture plutôt qu'un autre?M - Je voulais léguer à nos enfants des bribes de nos moments à la maison ensemble. Avec ma voix. Avec qui je suis en tant que femme et maman. Je n’ai jamais été aussi heureuse et accomplie qu’à ce jour. Sincèrement. Même avec ces sacrifices financiers que nous faisons. À nos yeux, ça en vaut vraiment le coup. Et ce temps passé à la maison m’a permis de vraiment déposer mes ailes afin de mieux définir mes passions et de réorienter ma vie professionnelle. Comme je suis toujours restée active, je ne me sens pas dans la brousse ou dépassée. Au contraire. Je me sens plus solide, plus accomplie.
Julie - À l’automne dernier, tu levais ton verre à ton statut de maman à la maison. Comment as-tu reçu le regard des autres lorsque tu as choisi de le devenir? Sentais-tu le besoin de te justifier?
M, sincère - Je n’ai jamais senti que j’avais besoin de justifier le fait que j’étais maintenant une maman à la maison. Au contraire, j’ai toujours reçu de bons mots à cet égard. De toute façon, il n’y avait rien pour me faire changer d’idée. Même chose aujourd’hui après six ans. Ce que les autres pensent de notre choix de vie de famille, ça ne me préoccupe pas du tout. On fait tous notre vie! Il suffit d’assumer pleinement nos choix et qu’on ne passe pas nos journées à pleurer sur notre sort. Et pour moi, ce choix représente une joyeuse parenthèse dans ma vie professionnelle. Pas une finalité en-soi, mais bien un beau chapitre de notre vie de famille.
Julie - Même s’il y a des jours où tu donnerais ta « démission », reprendrais-tu la même décision si c’était à refaire?
M, entière - Je reprendrais la même décision sans aucune hésitation! Même que je rêve parfois de pouvoir tout recommencer. Pour pouvoir savourer encore et encore tout ce que j’ai vécu à la maison! Bien sûr, c’est loin d’être oisif que de rester à la maison! Ça en prend de l’énergie! Mais, qui a dit que ça devait toujours être facile pour être plaisant? S’il n’y avait pas de noirceur, comment pourrions-nous apprécier la lumière?
Julie - Et comment vis-tu cela quand ça se passe moins bien?
M, sans hésitation - Dans les moments plus houleux, quand je suis extrêmement fatiguée, je me catapulterais à l’autre bout du monde! Pour pouvoir dormir, manger quand j’ai faim, dormir encore, lire, penser, jouer au tennis. Aaaaah! Mais notre priorité, à mon chum et moi en tant que grands manitous de la famille, c’est de toujours communiquer et exprimer comment on se sent. Parents et enfants. On s’écoute, on vide notre sac, on rit, on pleure, on s’aime. (puis riant franchement) Alors, personne n’a encore accepté que je démissionne!
Julie, désireuse de connaître l'opinion d'une femme d'expérience - Quel conseil donnerais-tu à une maman qui songe à faire comme toi?
M - Qu’on reste toujours surpris du fait que ce n’est pas la grosse catastrophe financièrement que de vivre avec un seul salaire. C’est serré, on fait des compromis, des choix. Mais quand la simplicité volontaire est vraiment volontaire, il y a beaucoup de bonnes choses qui en découlent. Il ne faut pas avoir peur d’envisager de faire le pas si on a le goût. Mais j’insiste sur le fait que c’est un véritable travail d’équipe. Sans mon chum pour nous soutenir financièrement, pour valoriser le rôle que j’occupe à la maison et pour m’épauler dans cette aventure, rien ne serait possible! Ça se fait à deux!
Julie - Et quel conseil donnerais-tu à une maman qui hésite à faire un si grand saut?
M, pratique - Qu'il y a aussi d’autres options comme le travail à temps partiel, le rôle de parent à la maison partagé (les deux travaillent à temps partiel et s’échangent le rôle de parent à la maison), et bien d’autres solutions envisageables. Le but? Se simplifier la vie et profiter du temps avec nos tout-petits.
Julie, contaminée - J'ai plusieurs autres questions à te poser sur tes élans créatifs et sur tes petits côtés imparfaits. Reviendras-tu nous visiter pendant l'été, période propice à la créativité et aux petits plaisirs?
M, rigolant - Si tes questions sont aussi inspirantes, je m'emballerai autant! Merci pour cette belle invitation!
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