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11 mai ou 3 mai : saint Philippe, apôtre

Publié le 11 mai 2010 par Hermas

SP.jpgRUBENS, SAINT PHILIPPE

SAINT PHILIPPE  APOTRE– CATECHESES DU SAINT-PERE (6 septembre  2006)
Audience générale, 6 septembre 2006

Philippe
Jn 1, 43-46
Chers frères et soeurs,
En poursuivant les descriptions des figures des divers Apôtres, comme nous le faisons depuis quelques semaines, nous rencontrons aujourd'hui Philippe. Dans les listes des Douze, il est toujours placé à la cinquième place (comme dans Matthie  10, 3; Marc 3, 18; Luc 6, 14; Actes 1, 13), et donc substantiellement parmi les premiers. Bien que Philippe soit d'origine juive, son nom est grec, comme celui d'André, et cela constitue un petit signe d'ouverture culturelle qui ne doit pas être sous-évalué. Les informations à son propos nous sont fournies par l'Evangile de Jean. Il provenait du même lieu d'origine que Pierre et André, c'est-à-dire de Bethsaïde (cf. Jean 1, 44), une petite ville appartenant à la tétrarchie de l'un des fils d'Hérode le Grand, lui aussi appelé Philippe (cf. Luc 3, 1).
Le Quatrième Evangile rapporte que, après avoir été appelé par Jésus, Philippe rencontre Nathanaël et lui dit:  "Celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes, nous l'avons trouvé:  c'est Jésus fils de Joseph, de Nazareth" (Jn 1, 45). Philippe ne se rend pas à la réponse plutôt sceptique de Nathanaël ("De Nazareth! Peut-il sortir de là quelque chose de bon?"), et riposte avec décision:  "Viens, et tu verras!" (Jn 1, 46). Dans cette réponse, sèche mais claire, Philippe manifeste les caractéristiques du véritable témoin: il ne se contente pas de proposer l'annonce, comme une théorie, mais interpelle directement l'interlocuteur en lui suggérant de faire lui-même l'expérience personnelle de ce qui est annoncé. Les deux mêmes verbes sont utilisés par Jésus lui-même quand deux disciples de Jean-Baptiste l'approchent pour lui demander où il habite (cf. Jean 1, 39). Jésus répondit:  "Venez et voyez" (cf. Jean 1, 38, 39).
Nous pouvons penser que Philippe s'adresse également à nous avec ces deux verbes qui supposent un engagement personnel. Il nous dit à nous aussi ce qu'il dit à Nathanaël:  "Viens et tu verras". L'Apôtre nous engage à connaître Jésus de près. En effet, l'amitié, la véritable connaissance de l'autre, a besoin de la proximité, elle vit même en partie de celle-ci. Du reste, il ne faut pas oublier que, selon ce que saint Marc écrit, Jésus choisit les Douze dans le but primordial qu'"ils soient avec lui" (Marc 3, 14), c'est-à-dire qu'ils partagent sa vie et apprennent directement de lui non seulement le style de son comportement, mais surtout qui Il était véritablement. Ce n'est qu'ainsi, en effet, en participant à sa vie, qu'il pouvait le connaître et ensuite l'annoncer. Plus tard, dans la Lettre de Paul aux Ephésiens, on lira que l'important est d'"apprendre le Christ" (4, 20), et donc pas seulement et pas tant d'écouter ses enseignements, ses paroles, que, davantage encore, Le connaître en personne; c'est-à-dire connaître son humanité et sa divinité, son mystère, sa beauté. En effet, il n'est pas seulement un Maître, mais un Ami, et même un Frère. Comment pourrions-nous le connaître à fond en restant éloignés? L'intimité, la familiarité, l'habitude nous font découvrir la véritable identité de Jésus Christ. Voilà: c'est précisément cela que nous rappelle l'apôtre Philippe. Et ainsi, il nous invite à "venir", à "voir", c'est-à-dire à entrer dans une relation d'écoute, de réponse et de communion de vie avec Jésus, jour après jour.
Ensuite, à l'occasion de la multiplication des pains, il reçut de Jésus une demande précise, pour le moins surprenante: savoir où il était possible d'acheter du pain pour nourrir tous les gens qui le suivaient (cf. Jn 6, 5). Philippe répondit alors avec un grand réalisme:  "Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain" (Jean 6, 7). On voit ici le caractère concret et le réalisme de l'Apôtre, qui sait juger les aspects réels d'une situation. Nous savons comment les choses se sont ensuite passées. Nous savons que Jésus prit les pains et, après avoir prié, les distribua. Ainsi se réalisa la multiplication des pains. Mais il est intéressant que Jésus se soit adressé précisément à Philippe, pour avoir une première indication sur la façon de résoudre le problème: signe évident qu'il faisait partie du groupe restreint qui l'entourait.
A un autre moment, très important pour l'histoire future, avant la Passion, plusieurs Grecs qui se trouvaient à Jérusalem pour la Pâque "abordèrent Philippe... Ils lui firent cette demande:  "Nous voudrions voir Jésus". Philippe va le dire à André; et tous deux vont le dire à Jésus" (Jean 12, 20-22). Nous avons une fois de plus le signe de son prestige particulier au sein du collège apostolique. Dans ce cas, il sert surtout d'intermédiaire entre la demande de plusieurs Grecs - il parlait probablement grec et put servir d'interprète - et Jésus; même s'il s'unit à André, l'autre Apôtre qui porte un nom grec, c'est, quoi qu'il en soit, à lui que ces étrangers s'adressent. Cela nous enseigne à être nous aussi toujours prêts à accueillir les demandes et les invocations, d'où qu'elles proviennent, ainsi qu'à les orienter vers le Seigneur, l'unique qui puisse les satisfaire pleinement. Il est en effet important de savoir que nous ne sommes pas les destinataires ultimes des prières de ceux qui nous approchent, mais que c'est le Seigneur: c'est à lui que nous devons adresser quiconque se trouve dans le besoin. Voilà: chacun de nous doit être une route ouverte vers lui!
Il y a ensuite une autre occasion, toute particulière, où Philippe entre en scène. Au cours de la Dernière Cène, Jésus ayant affirmé que Le connaître signifiait également connaître le Père (cf. Jn 14, 7), Philippe, presque naïvement, lui demanda:  "Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit" (Jn 14, 8). Jésus lui répondit avec un ton de reproche bienveillant:  "Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire:  "Montre-nous le Père?". Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?... Croyez ce que je vous dis:  je suis dans le Père, et le Père est en moi" (Jeann 14, 9-11). Ces paroles se trouvent parmi les plus importantes de l'Evangile de Jean. Elles contiennent une véritable révélation. Au terme du prologue de son Evangile, Jean affirme:  "Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître" (Jn 1, 18). Eh bien, cette déclaration, faite par l'évangéliste, est reprise et confirmée par Jésus lui-même. Mais avec une nouvelle nuance. En effet, alors que le prologue de Jean parle d'une intervention explicative de Jésus, à travers les paroles de son enseignement, dans la réponse à Philippe, Jésus fait référence à sa propre personne comme telle, laissant entendre qu'il est possible de le comprendre non seulement à travers ce qu'il dit, mais encore plus à travers ce qu'Il est simplement. Pour nous exprimer selon le paradoxe de l'Incarnation, nous pouvons bien dire que Dieu s'est donné un visage humain, celui de Jésus, et en conséquence à partir de maintenant, si nous voulons vraiment connaître le visage de Dieu, nous n'avons qu'à contempler le visage de Jésus! Dans son visage, nous voyons réellement qui est Dieu et comment est Dieu!
L'évangéliste ne nous dit pas si Philippe comprit pleinement la phrase de Jésus. Il est certain qu'il consacra entièrement sa vie à lui. Selon certains récits postérieurs (Actes de Philippe et d'autres), notre Apôtre aurait évangélisé tout d'abord la Grèce, puis la Phrygie où il aurait trouvé la mort, à Hiérapolis, selon un supplice décrit différemment comme une crucifixion ou une lapidation. Nous voulons conclure notre réflexion en rappelant le but auquel doit tendre notre vie:  rencontrer Jésus comme Philippe le rencontra, en cherchant à voir en lui Dieu lui-même, le Père céleste. Si cet engagement venait à manquer, nous serions toujours renvoyés uniquement à nous-mêmes comme dans un miroir, et nous serions toujours plus seuls! Philippe, en revanche, nous enseigne à nous laisser conquérir par Jésus, à être avec lui, et à inviter également les autres à partager cette indispensable compagnie. Et, en voyant, en trouvant Dieu, trouver la vie véritable.
Biographie (cf. Dom Guéranger, Année Liturgique, Temps Pascal)
Philippe, né à Bethsaïde, fut l'un des douze Apôtres qui furent appelés les premiers par le Christ notre Seigneur. Ce fut par lui que Nathanaël apprit que le Messie promis dans la Loi était venu, et qu'il fut présenté au Seigneur. La familiarité que le Christ eut avec lui parait en ce que plusieurs ils ayant désiré voir le Sauveur, vinrent s'adresser à Philippe, et que le Seigneur , voulant lui-même donner à manger dans le désert à une multitude de personnes, dit à cet Apôtre : « Où achèterons-nous des pains pour étonner à tout ce monde ? »
Philippe, après avoir reçu le Saint-Esprit, se rendit dans la Scythie, les deux Phrygies, qui lui était échue en partage pour y prêcher l'Evangile, et il convertit cette nation presque tout entière à la foi chrétienne. Enfin, étant venu à Hiérapolis en Phrygie, il fut attaché à la croix pour le nom du Christ, et accablé à coups de pierre, le jour des calendes de mai. Les Chrétiens ensevelirent son corps dans le lieu même où il avait souffert
L'Eglise grecque célèbre les deux Apôtres à des jours différents, qui sont les anniversaires de leur martyre. Nous extrayons les strophes suivantes consacrées à la louange de saint Philippe : 24 octobre. Voici la prière qui lui est consacrée :

Prière à Saint Philippe

Réfléchissant les feux de celui qui est la grande lumière, tu as resplendi, ô Philippe, comme un astre de la plus grande beauté. Tu cherchais le Père des lumières dans son propre Fils, et tu l'y as rencontré. C'est en effet dans la lumière que l'on trouve la lumière, et le Fils est la forme de la substance du Père; il nous révèle que le Père est son archétype. Demande-lui, ô Apôtre, qu'ils soient sauvés, ceux qui ont été marqués de son sang divin.
O prodige admirable l'Apôtre Philippe, envoyé de Dieu comme un agneau au milieu des loups, se promène sans crainte parmi ces animaux meurtriers; par la foi il en a fait des agneaux, il a transformé divinement le monde. O œuvre de la foi ! ô puissance admirable !
Toi qui seul es miséricordieux, laisse-toi fléchir par ses prières, et daigne sauver nos âmes.
O prodige admirable ! l'Apôtre Philippe a paru dans le monde comme un puits d'eaux vives où l'on puise la sagesse ; de ce puits dérivaient les enseignements sacrés ; dans ses ruisseaux nous avons bu une eau miraculeuse. Ouvrier divin, que de merveilles tu as opérées ! Aussi vénérons-nous ta mémoire avec foi.
Tu as abandonné tout ce qui est de la terre, afin de suivre le Christ; l'Esprit Saint t'a rempli de ses inspirations, ô Philippe ! Il t'a envoyé vers les nations perdues, pour amener les hommes à la lumière de la connaissance divine. Le combat que tu désirais avec ardeur, tu l'as rencontré dans les supplices divers auxquels tu as été soumis, et tu as rendu ton âme à Dieu : demande-lui , ô bienheureux, qu'il daigne nous accorder sa grande miséricorde.
Mettant en fuite les démons, apparaissant comme un astre aux yeux de ceux qui étaient plongés élans les ténèbres, tu leur as montré le Soleil éblouissant qui est sorti de la Vierge, tu as renversé les temples des idoles, et rassemblé les Eglises pour la gloire de notre Dieu; c'est pourquoi nous te vénérons, et célébrant avec transport ta divine mémoire, nous crions vers toi d'une voix unanime : Apôtre Philippe, prie le Christ Dieu de nous accorder la rémission de nos péchés, à nous qui célébrons avec ardeur ta sainte mémoire.
Tu as paru aux hommes sur la terre comme une nuée spirituelle, contenant une pluie abondante destinée à arroser mystiquement les sillons de nos âmes. Ta parole a fait le tour du monde, et ta rosée est tombée sur lui comme un parfum qui l'embaume. Tu as insufflé dans les cœurs des infidèles la divine senteur du Saint-Esprit, et tu as répandu en eux les trésors célestes. Apôtre Philippe, prie le Christ Dieu de nous accorder la rémission de nos péchés, à nous qui célébrons avec transport ta sainte mémoire.
Votre dévouement pour lui ô Philippe, se montra dès les premiers jours de votre vocation. A peine aviez-vous connu ce divin Messie, que vous couriez tout aussitôt l'annoncer à Nathanaël votre ami. Jésus vous laissait approcher de sa personne avec une douce familiarité. Au moment d’opérer le grand miracle de la multiplication des pains, c'est à vous qu'il s'adressait, et qu'il disait avec une adorable bonté : « Où achèterons-nous des pains pour nourrir tout ce monde ? »
Peu de jours avant la Passion de votre Maître, des hommes de la gentilité ayant désiré voir de leurs veux ce grand prophète dont on racontait tant de merveilles, ce fut à vous qu'ils s'adressèrent pour les conduire vers lui. Avec quelle ardeur, à la Dernière Cène, vous demandiez à Jésus qu'il vous fît connaître le Père céleste ! Votre âme aspirait à la lumière divine; et quand les feux de l'Esprit-Saint la retirent embrasée, rien ne fut au-dessus de votre courage. Pour récompense de vos labeurs, Jésus vous fit partager les honneurs de sa croix. Demandez, ô saint Apôtre, que nous imitions votre recherche empressée auprès de notre commun Maître, et que sa croix nous soit douce quand il lui plaît de la partager avec nous.
Prière aux deux Saints Apôtres Philippe et Jacques
Saints Apôtres, vous avez vu notre Divin Ressuscité dans toute sa gloire ; il vous a dit au soir de la Pâque : « La paix soit avec vous ! » et durant ces quarante jours il vous a apparu, afin de vous rendre certains de sa résurrection. Votre joie fut grande de revoir ce Maître chéri qui avait daigné vous choisir pour ses confidents les plus intimes, et votre amour pour lui devint plus ardent que jamais. Nous nous adressons à vous comme aux initiateurs des fidèles au divin mystère de la Pâque ; vous êtes aussi nos intercesseurs spéciaux en ce saint temps. Faites-nous connaître et aimer Jésus ressuscité. Dilatez nos cœurs dans l'allégresse pascale, et ne permettez pas que nous perdions jamais la vie que nous avons recouvrée avec Jésus
Nous vous réunissons dans une prière commune, ô saints Apôtres, et nous vous demandons d'avoir pitié des Eglises de l'Orient que vous avez évangélisées. Priez pour Jérusalem que profanent le schisme et l'hérésie, que l'infidèle retient encore sous son joug. Obtenez que nos yeux la voient bientôt purifiée et affranchie, que ses Lieux saints cessent d'être souillés chaque jour par le sacrilège. Suscitez chez les chrétiens de l'Asie-Mineure le désir de rentrer dans l'unité du bercail que gouverne le souverain Pasteur. Enfin, ô saints Apôtres, priez pour Rome, votre seconde patrie. C'est dans son sein que vous attendez la résurrection glorieuse ; pour prix de la religieuse hospitalité qu'elle vous donne depuis tant de siècles, couvrez-la de votre protection, et ne permettez pas que la cité de Pierre, votre auguste Chef, voie plus longtemps dans ses murs l'abaissement de la Chaire apostolique.


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