Magazine Journal intime

Ah Dodo di donc, Chouyo !

Publié le 11 mai 2010 par Martine6274

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Le Dodo de l'île Maurice a disparu au XVIème siècle après l'arrivée des Hollandais. Il nous en reste aujourd'hui une image d'oiseau idiot, inapte à voler et un tantinet dodu au bec crochu et avec un look tendance dindon.

Il n'en n'a pas toujours été ainsi. En effet le Dodo est un cousin du pigeon ; il en avait à l'origine la taille, l'agilité, ainsi que la finesse de nos colombes et le plumage de nos tourterelles. Il y en avait partout sur toutes les îles de l'Océan Pacifique.

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Les gravures rupestres découvertes dans des grottes de l'île Maurice retracent l'épopée du Dodo et démontrent qu'il avait une intelligence supérieure et qu'il comprenait et parlait la langue Maori, langue des Polynésiens. Qui a gravé ces histoires ? Que racontent-elles vraiment ? Tout n'a pas été déchiffré, mais certaines décrivent la parade amoureuse des Dodos.

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La parade débute sur les plages de l'ouest de l'île pour profiter du soleil couchant ; les femelles sont allongées sous les palmiers et ont lissé leurs longues plumes chatoyantes pour resplendir devant les mâles. Ceux-ci arrivent en planant portés par la brise du soir ; ils tiennent dans leur bec des cannes à sucre en guise de présent. Ils virevoltent en prenant leur temps et choisissent leur future bien-aimée.

Lorsqu'il l'a trouvée, le Dodo mâle se laisse glisser à ses pattes et dépose les cannes à sucre en lui sussurant :

     "kei runga rawa atu koe"                  (c'est du maori ; traduction simultanée : "tu es la plus belle")

la femelle fait une oeillade au mâle et lui répond :

     "taku aroha ki a koe"                       ("je t'aime" en maori)

elle replit les ailes devant elle pour masquer son émoi ; cette action a un effet de stimuler les dernières hormones au repos du Dodo, ce qui lui fait dire :

     "ko koe tonu a runga"                      ("tu es une bombe")

Ses plumes alors arquées comme celles de la queue d'un paon laissent filtrer la douce lumière rouge du soleil qui rase l'horizon et qui fait flamboyer les yeux de la femelle Dodo ; celle-ci lui répond dans un souffle :

     "mahi hua heihei"                            ("faisons un oeuf")

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Le mâle lance son cri très particulier : "Chouyochouyochouyo". De nombreuses interprétations ont été avancées sans succès jusqu'à il y a quelques mois, où ce borborysme est réapparu de façon spontanée dans la blogosphère ; il semblerait qu'il ait bénéficié de fortes influences indiennes ; les recherches sont en cours.

Ils s'envolent alors tous les deux dans un jaillissement des plumes multicolores pour aller s'unir au dessus du Trou aux Cerfs.

Cela a duré des millénaires, l'île n'était que douceur, roucoulades, les petits dodos couraient partout entre les palmiers.

Le bonheur . . .

. . . jusqu'à l'arrivée des Hollandais. Ceux-ci ont conquis l'île et ont cultivé la canne à sucre pour en faire du rhum.

Les Dodos ont du s'adapter ; voyant les hollandais vainqueurs, ils ont changé de langue et appris sur le tas le neerlandais. Vous avez déjà entendu du néerlandais en rut ???

La parade amoureuse est devenu ceci :

Les femelles sont toujours étendues sous les palmiers, etc, etc . . .

Les mâles approchent avec non plus des cannes à sucre, mais un tonnelet de rhum (vu les cultures intensives) ; à cause du poids et des effluves d'alcool, ils arrivent en piquer et s'écrasent aux pattes de la femelle d'une façon lamentable ; beaucoup de mâles se sont cassés le bec (c'est le cas de le dire) d'où les restes qu'on a d'eux aujourd'hui ; beaucoup de femelles ont été embrochées à cette époque et pour se reproduire ce n'était pas top.

Après s'être remis du choc, le mâle déclarait à la femelle :

     "Je bent de mooiste, hic"                         (ça c'est du néerlandais : "tu es la plus belle, hic")

La femelle, un peu vexée, répondait quand même :

     "ik hou van je"                                       ("je t'aime" en hollandais)

Le mâle moyennement emballé lui disait :

     "Je bent een bom"                                  ("tu es une bombe", toujours en hollandais)

et la femelle concluait par le traditionnel :

     "Het is een ei"                                        ("faisons un oeuf" en flamand)

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Et là, cela déprimait le Dodo parce que l'oeuf dodo en Maori, cela se dit Heihei alors que ei, c'est un oeuf de poule. Cela lui coupait tout, si j'ose dire et cela stoppait illico la parade amoureuse. Les Dodos étaient effondrés sur la plage sous les palmiers et les Hollandais en profitaient pour les capturer et les engraisser pour les manger. Les Dodos dépérissaient, s'empiffraient, grossissaient ; leur plumage jadis châtoyant devenait grisâtre.

Par manque de motivation, ils devenaient fous ou idiots. Quand ils ne finirent pas dans des estomacs de marins, ils se laissèrent mourir de désespoir.

Je sais, cela paraît incroyable mais c'est bien ce que racontent les images gravées de l'Île Maurice. Aujourd'hui, on essaie de récupérer de leur ADN et de recréer leur espèce ; si cela réussit, de grâce, parler leur Maori !

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Et si vous remarquez quelques incohérences dans ce conte, c'est peut être à cause du rhum, hic. 

Ceci est ma participation au concours "India Folaïes : le Retour du Dodo" organisé par Chouyo.



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