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Rupture sur Facebook

Publié le 14 mai 2010 par Cochondingue

Prenons le cas de Brandon et Brenda, trentenaires parisiens qui décident de se séparer après 5 ans de vie commune.
Après s'être réparti les meubles, les livres, les cd, l'électroménager et le chat, il restait le point le plus problématique : diviser leurs amis sur Facebook.
- Mais enfin Brandon, tes amis sont devenus aussi mes amis, j'ai quand même le droit de garder contact avec eux sur Facebook.
- Brenda, tu sais bien qu'il y aura toujours des interférences. Tu vas commenter leurs statuts, ils vont commenter tes photos et ces informations s'afficheront sur mon mur. Je ne veux pas continuer à souffrir en permanence, tu comprends Brenda ? Je veux t'oublier.
Mais Brenda elle, ne voulait pas oublier Brandon. Par le biais de leurs amis communs sur Facebook, elle savait qu'elle pouvait espionner la vie de son ex. C'était vil de sa part, mais Brenda était prête à toutes les bassesses.
Le quotidien avait repris son cours. Brenda sortait beaucoup en boîte et avait noyé plus d'une fois son chagrin dans de la vodka orange. Elle s'encanaillait avec des hommes, histoire de prendre quelques photos olé olé, qu'elle postait immédiatement sur Facebook, dans l'espoir secret que Brandon tomberait dessus et en serait vert de rage et de désir.

Quant à Brandon, il était tombé amoureux d'une jeune astrologue qui lui avait prédit beaucoup d'amour (et de sexe torride). Il n'avait pas pu résister.
- Comment ? Ce salaud me trompe au bout de 2 mois de rupture! Avait glapit Brenda, en apprenant la nouvelle sur Facebook. Et en plus, comble de l'abomination, il sort avec une blonde !!!

Évidemment elle s'était ruée sur le profil de la traîtresse, avait disséqué ses informations personnelles, regardé toutes ses photos de vacances, comparé leurs mensurations réciproques, noté son adresse et entrepris des projets de vengeance, voire d'assassinat.
- Rhaaaaa !!!! Avait-elle rugi plus tard, quand toujours par Facebook, elle avait su que Brandon et cette garce de clone d'Elisabeth Teissier avait emménagé ensemble. Cette morue va dormir dans MON lit ! Ce lit que j'avais choisi avec tellement d'amour. Ce lit qui représente tant pour moi... Je me souviens comme si c'était hier... 99€ chez Ikéa, c'était vraiment une affaire !
Peu de temps après l'emménagement, il y avait eu le mariage.
Brenda avait regardé sur Facebook toutes les photos de la célébration et la vidéo de la nuit de noces.
- Pfff, son string est d'une vulgarité ! Avait-elle raillé dans un sanglot étouffé. Puis devenue hystérique à force de se repasser les photos et le film en boucle, elle avait craché sur un portrait sépia des jeunes mariés.

- Putain, c'est un écran tout neuf ! Avait gueulé son directeur. Voyons Brenda, que vous arrive-t'il ?

- Mais monsieur, je cherchais juste à le nettoyer... S'était-elle excusée, toute confuse.
Quand vint la naissance du premier enfant, Brenda en avait fait une syncope.
Puis finalement avec les années, elle avait fini par s'habituer. A la naissance du 5ème gamin, elle avait juste haussé les épaules et soupiré avec une moue blasée :

- Hinhin, maintenant elle a les nichons mous comme des gants de toilettes...
C'était une remarque mesquine mais pardonnable.  Brenda avait mis du temps à se faire une raison mais elle y était enfin arrivé. (on peut penser que sans Facebook, elle y serait parvenu plus tôt mais cet avis est subjectif et n'engage que le narrateur).

Elisabeth Teissier quant à elle, n'a jamais su qu'elle avait évité le pire. Elle aurait pu être ébouillantée, écrasée malencontreusement par un 33 tonnes, découpée en morceaux par un serial killer, brûlée vive dans un incendie de pyromane, bref elle aurait pu mourir un bon millier de fois sous les coups d'une Brenda en colère.
Alors qu'il suffisait qu'elle protège ses données personnelles sur Facebook...

(Je rajoute juste que verrouiller ses paramètres de confidentialité ne suffit pas toujours à protéger sa vie privée et je vous invite à lire cet article très intéressant, mais aussi déprimant, sur l'utilisation par Facebook de vos données personnelles)


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