Magazine Humeur

L'attente du Saint-Esprit avec Marie (9)

Publié le 22 mai 2010 par Hermas

Les dons du Saint-Esprit (Dom Guéranger)

9). le don de crainte de dieu

L’obstacle au bien en nous est l’orgueil. C’est l’orgueil qui nous porte à résister à Dieu, à mettre notre fin en nous-mêmes, en un mot à nous perdre. L’humilité seule peut nous sauver d’un si grand péril. Qui nous donnera l’humilité ? l’Esprit-Saint, en répandant en nous le Don de la Crainte de Dieu.

Ce sentiment repose sur l’idée que la foi nous donne de la majesté de Dieu, en présence duquel nous ne sommes que néant, de sa sainteté infinie, devant laquelle nous ne sommes qu’indignité et souillure, du jugement souverainement équitable qu’il doit exercer sur nous au sortir de cette vie, et du danger d’une chute toujours possible, si nous manquons à la grâce qui ne nous manque jamais, mais à laquelle nous pouvons résister.

Le salut de l’homme s’opère donc « dans la crainte et le tremblement », comme l’enseigne l’Apôtre [Philippiens, II, 12] ; mais cette crainte, qui est un don de l’Esprit-Saint, n’est pas un sentiment grossier qui se bornerait à nous jeter dans l’épouvante à la pensée des châtiments éternels. Elle nous maintient dans la componction du cœur, quand bien même nos péchés seraient depuis longtemps pardonnes ; elle nous empêche d’oublier que nous sommes pécheurs, que nous devons tout à la miséricorde divine, et que nous ne sommes encore sauvés qu’en espérance [Romains VIII, 24].

Cette crainte de Dieu n’est donc pas une crainte servile ; elle devient au contraire la source des sentiments les plus délicats. Elle peut s’allier avec l’amour, n’étant plus qu’un sentiment filial qui redoute le péché à cause de l’outrage qu’il fait à Dieu. Inspirée par le respect de la majesté divine, par le sentiment de la sainteté infinie, elle met la créature à sa vraie place, et saint Paul nous enseigne qu’ainsi épurée, elle contribue à « l’achèvement de la sanctification » [II Corinthiens VII, 1]. Aussi entendons-nous ce grand Apôtre, qui avait été ravi jusqu’au troisième ciel, confesser qu’il est rigoureux envers lui-même « afin de n’être pas réprouvé » [I Corinthiens IX, 27].

L’esprit d’indépendance et de fausse liberté qui règne aujourd’hui contribue à rendre plus rare la crainte de Dieu, et c’est là une des plaies de notre temps. La familiarité avec Dieu tient trop souvent la place de cette disposition fondamentale de la vie chrétienne, et dès lors tout progrès s’arrête, l’illusion s’introduit dans l’âme, et les divins Sacrements, qui au moment d’un retour à Dieu avaient opéré avec tant de puissance, deviennent à peu près stériles. C’est que le Don de Crainte a été étouffé sous la vaine complaisance de l’âme en elle-même. L’humilité s’est éteinte ; un orgueil secret et universel est venu paralyser les mouvements de cette âme. Elle arrive, sans s’en douter, à ne plus connaître Dieu, par cela même qu’elle ne tremble plus devant lui.

Conservez donc en nous, ô divin Esprit, le Don de la Crainte de Dieu que vous avez répandu en nous dans notre Baptême. Cette crainte salutaire assurera notre persévérance dans le bien, en arrêtant les progrès de l’esprit d’orgueil. Qu’elle soit donc comme un trait qui traverse notre âme de part en part, et qu’elle y reste toujours fixée comme notre sauvegarde. Qu’elle abaisse nos hauteurs, qu’elle nous arrache à la mollesse, en nous révélant sans cesse la grandeur et la sainteté de celui qui nous a créés et qui doit nous juger.

Nous savons, ô Divin Esprit, que cette heureuse crainte n’étouffe pas l’amour ; loin de là, elle enlève les obstacles qui l’arrêteraient dans son développement. Les Puissances célestes voient et aiment avec ardeur le souverain Bien, elles en sont enivrées pour l’éternité ; cependant elles tremblent devant sa majesté redoutable, tremunt Potestates. Et nous, couverts des cicatrices du péché, remplis d’imperfections, exposés à mille pièges, obligés de lutter contre tant d’ennemis, nous ne sentirions pas qu’il nous faut stimuler par une crainte forte, et en même temps filiale, notre volonté qui s’endort si aisément, notre esprit que tant de ténèbres assiègent ! Veillez sur votre œuvre, ô Divin Esprit ! Préservez en nous le précieux don que vous avez daigné nous faire ; apprenez-nous à concilier la paix et la joie du cœur avec la crainte de Dieu, selon cet avertissement du Psalmiste : « Servez le Seigneur avec crainte, et tressaillez de bonheur en tremblant devant lui » [Psaume. II, 11].

La Colombe du Saint-Esprit

Saint-Pierre de Rome

Pour nous préparer à  la Journée Solennelle de demain, la Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, nous voulons terminer cette journée, et cette neuvaine de prière en récitant une Séquence d’Adam de Saint Victor (12° siècle) sur le Mystère de la Pentecôte : cette séquence est une prière sublime et ardente adressée au Paraclet que Jésus nous a promis et dont nous attendons la venue : aspirons comme lui à la descente du Consolateur qui vient renouveler la face de la terre et habiter en nous.

SÉQUENCE.

O toi qui procèdes du Père et du Fils, divin Paraclet, par ta flamme féconde, viens rendre éloquente notre voix, et embraser nos cœurs de tes feux.

Amour du Père et du Fils, l'égal des deux et leur semblable en essence, tu remplis tout, tu donnes la vie à tout; dans ton repos, tu conduis les astres, tu règles le mouvement des cieux.

Lumière éblouissante et chérie, tu dissipes nos ténèbres intérieures ; ceux qui sont purs, tu les rends plus purs encore; c'est toi qui tais disparaître le péché et la rouille qu'il apporte avec lui

Tu manifestes la vérité, tu montres la voie de la paix et celle de la justice ; tu fuis les cœurs pervers, et tu combles des trésors de ta science ceux qui sont droits.

Si tu enseignes, rien ne demeure obscur ; si tu es présent à l'âme, rien ne reste impur en elle ; tu lui apportes la joie et l’allégresse, et la conscience que tu as purifiée goûte enfin le bonheur.

Ton pouvoir transforme les éléments; par toi les sacrements obtiennent leur efficacité; tu fais obstacle à la puissance mauvaise, tu repousses les embûches de nos ennemis.

A ta venue, nos cœurs sont dans le calme ; à ton entrée, le sombre nuage se dissipe; feu sacré, tu embrases le cœur sans le consumer, et ta visite l'affranchit de ses angoisses.

Des âmes jusqu'alors ignorantes, engourdies et insensibles, tu les instruis et les ranimes. Inspirée par toi, la langue fait entendre des accents que tu lui donnes; la charité que tu apportes avec toi dispose le cœur à tout bien.

Secours des opprimés, consolation des malheureux, refuge des pauvres, donne-nous de mépriser les objets terrestres ; entraîne notre désir à l'amour des choses célestes.

Tu consoles et tu affermis les cœurs humbles ; tu les habites et tu les aimes; expulse tout mal, efface toute souillure, rétablis la concorde entre ceux qui sont divises et apporte-nous ton secours.

Tu visitas un jour les disciples timides: par toi ils furent instruits et fortifiés; daigne nous visiter aussi et répandre ta consolation sur nous et sur le peuple fidèle.

Egale est la majesté des divines personnes , égale leur puissance ; commune aux trois est la divinité; tu procèdes des deux premières, semblable à l'une et à l'autre, et rien d'inférieur n'est en toi.

Aussi grand que l'est le Père lui-même, souffre que tes humbles serviteurs rendent à ce Dieu-Père, au Fils rédempteur et à toi-même la louange qui vous est due.

Amen.


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