Magazine Humeur

Déshabiller Paul pour habiller Jacques

Publié le 26 mai 2010 par Dalyna

Déshabiller Paul pour habiller Jacques

Le suspense était à son comble. On en parlait depuis des années et des années sans oser sauter le pas, et puis le « YES HE CAN » frenchy est arrivé et a décidé de taper du poing sur la table. Bon la retraite à 60 piges, c’est fini, dorénavant, avec l’allongement de l’espérance de vie, tous les experts le martèlent, il faut rallonger la durée de cotisation pour nous permettre une retraite décente.

Moi, avec ma profession indépendante, je me suis déjà préparée travailler quasi jusqu’à la fin. Seulement, pour les autres, notamment les salariés en entreprise ou fonctionnaires, cette solution de facilité risque d’être inapplicable, encore une fois.

65 ans. On nous parle de travailler jusqu’à 65 ans. On commencera en douceur à 62 ans paraît-il… Vous imaginez un mec postuler à 62 ans pour finir ses 3 dernières années de cotisation ? Parce que cette Réforme, je crois qu’elle ommet quelques détails macro-économiques au passage. Elle a par exemple complètement zappé l’état de notre marché du travail où à 45 ans, t’es considéré comme un « sénior » par les recruteurs. A 50 t’es un vieux crouton, alors à 60, n’en parlons pas, on frôle le diplodocus. Eh oui, le chômage de masse est passé par là… Un chômage qui ne cesse de durcir les conditions d’accès au sésame du XXIè siècle : le boulot. Dans ce climat, maigres sont les années où l’on peut tirer son épingle du jeu. A 22 ans, on est « stagiaire »,  à 25 ans, on ne nous embauche pas parce qu’on « manque d’expérience ». L’état de grâce commence à 30 ans pour s’achever 10/15 ans plus tard, avant de basculer dans le « vieux crouton ». Ca fait pas beaucoup, on est d’accord. Alors rallonger le travail jusqu’à 65 ans s’annonce déjà comme de la science-fiction.

Ca l’est d’autant plus que le chômage a aussi modifié notre parcours professionnel. Pour avoir une « chance » de travailler jusqu’à 65 ans, encore faudrait-il avoir un emploi durable, comme l’avait nos parents qui passaient 40 ans dans la même boîte, et pour qui un allongement du temps de travail aurait été possible. Avec cette Réforme des retraites, j’ai le sentiment d’un léger anachronique entre une génération qui n’a pas connu le chômage de masse, corporate, où l’on faisait une carrière entière dans la même entreprise, et les générations 2000, pour qui le parcours professionnel est désormais jalonné de reconversions, de formations, et de repositionnements constants face au marché du travail capricieux et exigeant. A 60 ans, nous ? Les files d’attentes du Pôle Emploi ont de beaux jours devant elles… On connaissait déjà le chômage des séniors comme étant explosif, juste après celui des jeunes. Que ceux-ci ne soient pas trop jaloux, cette Réforme risque de rééquilibrer les choses assez rapidement. Pour une mesure censée renflouer les caisses de l’Etat, au final, je ne sais pas si piocher dans les caisses Assedic plutôt que les caisses de retraite change grand chose au schmilblick.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine