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L’amour du risque

Publié le 27 mai 2010 par Dalyna

L’amour du risque


Ca a commencé par la carte bleue. Ensuite, il y’a eu le lave-vaisselle. Et puis après, le téléphone portable, l’ordinateur, les billets de train, de vol, et bientôt à l’achat de la baguette de pain, on nous la proposera sans doute : l’assurance.

Pas un achat sans qu’un vendeur, très soucieux de votre confort de vie à venir, ne vous propose une assurance tous risques, qui vous permettra de dormir sur vos deux oreilles la nuit, étendant votre paix intérieure pendant « un an supplémentaire », « deux ans supplémentaires ». Le tarif étant proportionnel à la durée de tranquillité offerte. Oui, si votre micro-ondes lâche, Darty, la Fnac, ou Castorama seront là pour vous ramasser à la petite cuillère.

Le jour J, vous êtes là, tout heureux devant votre nouvel achat, flambant neuf, fraîchement sorti de l’usine. Et puis, le vendeur ne peut s’empêcher de vous parler du moment où il rendra l’âme. Mais… Mais… Il est neuf là non ? , Bégayez-vous. C’est inutile, car pour vous soutirer, 20, 50, 200 euros, le vendeur se transforme tout à coup en Nostradamus du consumérisme. Et si vous avez le malheur de résister, il vous jette un regard grave et vous annonce, qu’après des nuits d’agonie, votre Ipod connaîtra une fin des plus atroces. Le 36 quai des Orfèvres et Scotland Yard seront dans l’obligation d’ouvrir une enquête. Si malgré tout cela, votre coeur (ou votre porte-monnaie) reste impassible,  alors le vendeur renonce, mais en lâchant tout de même  une phrase du genre « C’est vous qui voyez… », Suivie d’un regard affecté et impuissant, signifiant qu’il vous avait prévenu, et soulignant votre cruauté face à l’Ipod. C’est presque de la « non assistance à Ipod en danger ».

Génération Hi-tech par excellence, notre toute première fois, on la vit souvent très jeune. On bave devant un casque Bose ou un beau portable et au moment de l’arrivée en caisse, devant le récit de la disparition dans d’atroces circonstances de notre joujou, on panique. Il nous vendrait une assurance ad vitam aeternam + au-delà, qu’on la prendrait. Et puis, deux ans, trois ans s’écoulent… Et on découvre que l’objet qui nous faisait tant baver ne nous sert quasiment plus, puisqu’un modèle 10 fois meilleur est sorti depuis. Du coup, la garantie « ad vitam aeternam » ne nous sert plus vraiment. Et puis, on se rend compte aussi qu’avec l’argent de cette assurance, on aurait pu se payer ce fameux modèle qui nous attire à présent.

Avec le temps, la pratique s’est généralisée. Incontournable, dorénavant, il ne faut plus compter seulement avec le prix affiché, mais prévoir les 30, 100 euros supplémentaires, qui vous assurent que, oui, si vous êtes mourant la veille du départ en vacances, la compagnie vous remboursera vos 500 euros. Là, on a deux options : soit on n’est pas malade et limite, on est dégoûté, car c’est 50 euros dans la poche de la compagnie pour rien. Soit on est effectivement mourant, mais dans ce cas, je ne suis pas sûre que ce soient vraiment ces 500 euros qui nous remontent le moral.

Le client est roi, dit-on, mais comment les fabricants ont réussi à nous vendre l’idée que les produits qu’ils nous vendent, à des prix souvent élevés, se casseront de toute manière, et pire, que ce n’est pas leur problème, mais le nôtre et qu’on doit donc payer plus cher pour espérer une réparation prise en charge ? N’étant pas d’accord avec ce concept, j’ai donc pour règle d’or de ne jamais prendre d’assurance. Alors oui, mon vieil Ipod, âgé de 5 ans déjà, est en train de mourir dans d’atroces circonstances. Je me baladais dans le métro, et on peut dire que son agonie a commencé car il s’éteint sans raison. Et non, je n’ai pas la garantie « au-delà », mais au final, avec mes années d’économies devant ces arnaques à l’assurance, j’irais tout simplement m’en acheter un autre. Et le pire, c’est que je crois qu’au final, c’est pareil pour les assurés.

L’amour du risque


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