Tu sais, plume, mon pire ami
Est aussi mon meilleur ennemi,
Il m’énerve, il m’ennuie,
Quand fiers et dédaigneux,
Nous détournions les yeux,
Aux temps des jours mauvais,
Et des pas cadencés,
En uniforme nous paradions,
Dans les couloirs de nos maisons.
Tu vois, plume, mon meilleur ennemi
Est aussi mon pire ami.
Il m’énerve, il m’ennuie.
Nous nous ressemblons tant,
Lui aussi claque des dents,
Quand il a peur et froid,
Bien sûr, il est comme moi.
Un enfant bien innocent
Des désastres d’antan.
Tu sais, plume, mon pire ami
Est aussi mon meilleur ennemi.
Il m’énerve, il m’ennuie,
Parce que j’envie sa neige
Et qu’il envie mon soleil.
Mais il n’est pas plus émerveillé
Par les Noëls tous illuminées
Que je ne peux l’être, moi,
Dans mon lit les mêmes soirs !
Tu vois comme mon meilleur ennemi
Est aussi mon pire ami.
C’est vrai, il m’ennuie, il m’énerve,
Mais je l’aime quand même,
Parce qu’il a cette même rigueur
A laisser parler son cœur,
Et avec force vouloir effacer,
Les images terribles du passé.
Oui, plume, il est mon meilleur ami,
Comme il fut mon pire ennemi.
Il m’a énervée, il m’a ennuyée,
Mais moi aussi, tu sais, je l’ai fait.
Laissons nos erreurs en arrière,
Bien au-delà de nos frontières.
Nous avons trop pleuré
Nos pères, nos frères, nos aimés,
Nous avons assez prié
Pour que cela n’arrive plus jamais !
Allez, donnons-nous la main,
Et ensemble, partons vers demain…