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Saint Eloi et moi.

Publié le 21 mai 2010 par Elb
Saint Eloi et moi.Une fois n'est pas coutume, je vais tenter aujourd'hui de livrer quelques réflexions sérieuses.
J'ai vu récemment sur internet (je n'ai pas la télévision, Dieu merci) cette émission "Les infiltrés" qui fait tant parler ici, sur la communauté traditionaliste bordelaise de Saint Eloi et les groupuscules gravitant autour.
J'avoue qu'à la vue du démontage médiatique en règle infligé aux paroissiens de Saint Eloi, dont je ne partage pas les convictions mais qui sont si paisibles le dimanche matin lorsque je les croise à la sortie de l'église, j'ai ressenti quelque émoi, et je me suis intéressé au sujet afin de me forger ma propre opinion.
J'ai, par le passé, également rencontré certains membres de la paroisse, et, ou, de l'école mise en question. Je dois reconnaître que la plupart sont des personnes de bonne volonté et que, si ce ne sont pas des enfants de choeur, ce ne sont certainement pas des nazis non plus.
Quant à Dies Irae, je ne connaissais pas son existence, mais je vois très bien de quoi il peut en retourner. Il est bien possible que l'on ait à faire à quelques excités, quoiqu'en général ils soient suffisamment soucieux de leur notabilité pour aller pérorer des idées nationalistes en dehors de leur cave...
Connaissant la partialité des journalistes, et les nécessités de faire de l'audimat au détriment de l'information, j'avoue qu'une fois de plus je suis choqué que le CSA, ou je ne sais quelle autorité chargée de vérifier les programmations, laisse diffuser ce genre de reportage, monté visiblement de bric et de broc, jetant l'opprobre sur une communauté religieuse sans preuves tangibles, voir en détournant vraisemblablement certains propos de leur contexte, ainsi qu'ils sont si habiles pour le faire.
Le pire dans tout cela c'est évidemment que le public prend cela pour du pain béni, si j'ose dire, et que depuis une chasse aux sorcières est organisé par des associations toutes aussi intolérantes que les fachos qu'elles prétendent vouloir éradiquer.
Du coup, j'ai cherché à comprendre pourquoi de telles dissensions existent dans l'église et qu'elles sont les motivations des mouvements traditionalistes ou intégristes.
J'ai donc lu des tas de blogs et autres sites relatifs à ce sujet.
A part quelques débordements politiques ou racistes dans certains commentaires sur lesquels je ne m'apesantirai pas car ils sont sans intérêt, je trouve qu'il y a tout de même un ressenti et un rejet systématique de l'église "classique" qui est un peu gênant, de même que des affirmations dogmatiques un peu trop catégoriques.
Dans la majorité des écrits et réflexions de ces personnes, il est question de combat, de résistance, de croisade, contre, en vrac : la déliquescence du monde moderne, la perte des valeurs traditionnelles de  l'Eglise, la pornographie, l'avortement, etc...Vous connaissez cela aussi bien que moi j'en suis sûr.
Pourquoi pas ? On a tout à fait le droit de ne pas aimer les curés rockeurs ou la zoophilie, chacun son truc...
Mais le langage employé me donne plus l'impression d'avoir à faire à des milices belligérantes qu'à un mouvement religieux...Je pense qu'un peu plus de souplesse dans leurs commentaires serait de bon aloi. Par ailleurs le fait de s'ériger en martyr combattant, et comme seul garant de la vérité, rejoint des conceptions jihadistes qui me gènent, et dessert leur cause plus qu'autre chose.
Beaucoup fustigent également l'implication "sociale" des prêtres qui portent leur attention plus vers l'homme que vers Dieu.Pour ce que j'en sais, il me semble que le Christ avait lui aussi ce genre de préoccupations et que les évangiles ne disent pas de porter son attention plutôt sur l'Un au détriment des autres...J'ai l'impression qu'ils assimilent cette conception humaniste de la religion à une doctrine politique de gauche et que du coup elle apparait comme néfaste, voir sataniste.
Là aussi, je crois qu'il y a erreur : politiser la religion est malvenue et prête à confusion.
La religion est en elle-même politique puisqu'elle organise les rapports des hommes entre eux, par le biais d'une loi d'inspiration divine.Que l'on adhère ou non à ce concept importe peu, car il s'agit d'un acte foi propre à chacun.Afin de garantir justement cette liberté de culte, la France, a pris le parti d'opter pour une démocratie laïque. Cette séparation entre l'Etat et l'Eglise, à mon sens, est primordiale et doit le rester.C'est pourquoi la religion n'a pas besoin d'un quelconque soutien d'une doctrine civile se préoccupant de la lutte du pouvoir entre les hommes à des fins de gouvernance ou d'hégémonie d'une classe économique sur une autre.Par ailleurs, l'action caritative, ou sociale, n'est pas forcément gauchisante.
N'étant pas prophète en mon pays, ma réflexion reste très personnelle, et je sais pertinemment que les mouvements traditionalistes de l'Eglise catholique sont majoritairement d'obédience de droite, voir d'extrême droite.Mais doit-on les fustiger pour cela ? J'estime que chacun est libre d'avoir ses opinions tant qu'il ne les impose pas par la force, et que ses propos ne portent pas atteinte à autrui.
Malheureusement, il existe des excités de tous bords, leur prêter trop d'attention ne fait que valoriser leurs élucubrations, et ne traduisent pas la réflexion générale.
Enfin, ils réclament plus de prêtres, plus de vocations.C'est très bien, mais des prêtres sans ouailles cela ne sert pas à grand chose. Il ne faut pas se voiler la face, l'Eglise a un gros problème d'adaptation aux préoccupations du monde moderne. Durcir leur discours n'est peut-être pas la bonne solution pour amadouer les masses...
Voilà, c'était juste les quelques réflexions rapides qui me viennent à la lecture des leurs.Le dialogue est une des solutions offertes aux hommes afin de vivre en paix. Utilisons le.
A bon entendeur, salut.

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